Wikiplagiat

C'est l'encyclopédie la plus ouverte du monde. Elle est tellement ouverte qu'on n'a même pas besoin de s'identifier par un pseudonyme pour modifier les pages, ce qui lui a valu le surnom de Whackypedia, ce qu'on pourrait traduire par merdictionnaire. De nombreuses histoires ont défrayé la chroniques: grandes entreprises payant des consultants pour arranger les articles les concernant, employés du Pentagone modifiant les pages sur le conflit en Irak, fausses informations sur les pages des stars du grand ou du petit écran. Plus proche de nous, un grand nombre de profs ont trouvé des collages d'articles de Wikipédia en guise de devoir à la maison.

Alors que certains se posent carrément la question du boycott, que doit-on faire de Wikipédia ? Y contribuer activement ? La consulter de temps en temps ? Voici mon expérience personnelle de la chose. Grand utilisateur des outils de type Wiki dans l'entreprise ou je travaille, j'ai déjà consulté souvent et contribué occasionnellement à l'encyclopédie collaborative. Après avoir écrit une série de billets sur la Quatrième Symphonie de Sibelius, je regarde par curiosité la page Wikipédia sur le sujet. Voilà que j'y trouve un copier-coller du guide de la musique symphonique de Tranchefort (sans citer la source naturellement), qui a été fait par un auteur anonyme, sans doute un ado (ou une grand-mère) bien intentionné mais pas renseigné sur le droit d'auteur. J'ai arrangé l'article comme j'ai pu, sans reprendre le contenu de mes propres articles notamment car ils ont un ton assez personnel et ne prétendent à aucune objectivité musicologique ou scientifique.

Que trouve-t-on sur Wikipédia ? En théorie aucun article au contenu original, uniquement un résumé des connaissances disponibles par ailleurs, une présentation ordonnée de tout ce qu'on pourrait savoir sur tout, pourvu qu'on ait envie de creuser un sujet. (mais pour creuser un sujet, il faut lire de vrais livre, rencontrer des spécialistes, bref aller bien au-delà de ce qu'on peut trouver dans une encyclopédie quelle qu'elle soit). En pratique, c'est très variable, et le fait qu'un article donné ne soit jamais considéré comme définitif, toujours sujet à révision n'accroit pas le sentiment de sécurité du lecteur, même si tous reconnaissent que Wikipédia est infiniment supérieure aux encyclopédies classiques en ce qui concerne la rapidité des mises à jour.

Il existe plusieurs livres sur le phénomène Wikipédia, celui de Marc Foglia Wikipédia, média de la connaissance démocratique, chez FYP, étant sans doute le plus profond dans l'analyse. Il évoque le modèle philosophique des fondateurs, mélange inattendu et détonnant d'utilitarisme, de positivisme, de libéralisme et de collectivisme; le modèle économique de cette fondation sans moyens et presque sans budget qui met en péril des maisons aussi prestigieuses que Larousse, Brockaus et Britannica; les questions liées à l'éducation, au vandalisme, à la culture de l'immédiateté et de la gratuité, au paradigme mode de travail qui remet en cause la notion même d'éditeur, d'auteur et de lecteur. En forgeant certains concepts comme la "flat knowledge", il explique assez clairement la nature du bouleversement en cours, sans chercher à le décrire complètement ou définitivement, ce qui serait vain. Et dans un esprit conforme Wiki, l'auteur au ouvert son livre à une demi-douzaine de spécialistes qui apportent leurs points de vue complémentaires et parfois divergents au endroits qu'ils ont eux-même choisis. Un livre tout à fait Web 2.0 en somme.

Commentaires

1. Le jeudi 30 octobre 2008, 15:28 par PierreB

Je viens de découvrir ton blog, et, de m'apercevoir que j'utilise le même terme que toi, Wikiplagiat, pour parler de cette encyclopédie.

2. Le jeudi 30 octobre 2008, 22:50 par Papageno

Apparemment nous utilisisons aussi le même outil (dotclear 2.0 avec le thème par défaut) !

La notion de 'plagiat' est complexe dès lors qu'on ne parle pas de copie mot par mot, car le travail d'une encyclopédie est précisément d'organiser les connaissances déjà disponibles, de les résumer, de les relier entre elles, et non de publier des choses inédites.