Mais qu'est-ce qu'ils lui trouvent ?

Encore un article dans la presse sur Hélène Grimaud, farci de commentaires dithyrambiques... cette fois-ci dans Rue89. cette toute jeune fille au visage d'ange qui joue comme une diablesse ... et on a encore droit aux loups et à la pub pour son dernier bouquin et son dernier disque. Ras le bol des loups et du récit de son enfance !

Hélène Grimaud est une très bonne pianiste, son disque avec les Klavierstücke op 118 et 119 de Brahms par exemple est très bien mais il y a beaucoup de très bons pianistes aujourd’hui… j’imagine que le système fabrique des stars et que c’en est une. Le nombre de sites internet que des fans lui ont consacré est assez impressionnant. Grand bien lui fasse !

Pour ma part Je ne la mettrai pas sur le même plan que des pianistes de légende comme Cziffra, Gould, Rachmaninov qui étaient également compositeurs (et qu'on reconnaît assez facilement à l'oreille, ce qui n'est pas le cas d'Hélène Grimaud dont le jeu est souvent qualifié de froid ou neutre). Et j’ai plus d’estime pour les pianistes qui défendent un répertoire original ou méconnu, qui se battent pour faire connaître et apprécier la musique contemporaine par exemple, que pour ceux et celles qui se contentent des tubes du répertoire 100 fois explorés dans le tous les sens.

Des exemples de pianistes originaux pour qui j'ai une admiration sans réserve ? Laurent Boffard (voir son site sur les Klavierstücke de Stockhausen), Dana Ciocarlie (et son disque Debussy en miroirs chez Triton), Pierre-Laurent Aymard défendant la musique de Messiaen. Il y en a beaucoup d'autres, je ne cite que ceux-là qui me viennent spontanément à l'esprit.

Commentaires

1. Le jeudi 23 octobre 2008, 02:21 par DavidLeMarrec

Cziffra... je comprends pourquoi on n'aime pas le piano. :-)

Plus sérieusement, non seulement Grimaud a un toucher assez spécifique, mais de surcroît elle ose publier pour des récitals grand public chez DG des choses audacieuses (pièces pour piano de Corigliano, lieder de Clara Wieck-Schumann, musique de chambre...).

Et je ne lui connais pas beaucoup de rivaux sérieux dans Brahms, mais ça, c'est du goût personnel.

C'est une mauvaise cible, à mon avis - même si je comprends bien que la débauche de commentaires un peu superficiels puisse agacer.

Dana Ciocarlie ne m'a jusqu'à présent jamais ébloui par une présence ou une esthétique spécifiques, par exemple.

2. Le jeudi 23 octobre 2008, 23:31 par Jean-Brieux

Ah bon ? La top model Hélène Grimaud joue aussi du piano ?

Elle cache vraiment bien son jeu...

"Et j’ai plus d’estime pour les pianistes qui défendent un répertoire original ou méconnu"

Merci c'est trop flatteur.

"Il y en a beaucoup d'autres, je ne cite que ceux-là qui me viennent spontanément à l'esprit."

Par exemple Leslie Howard qui a enregistré l'intégrale de Liszt (certaines compositions sont moins connues que la Campanella) ou Philip Martin pour celle de Gottschalk, et d'autres pianistes bien moins célèbres encore évidemment...

3. Le lundi 27 octobre 2008, 23:06 par Papageno

Merci, chers lecteurs, pour ces points de vue contrastés... je n'en attendais pas moins de vous !

Mon goût personnel doit s'accorder avec celui de David: comme je l'ai écrit, Hélène Grimand joue Brahms très bien. Son disque avec les op 116-119 est tout à fait recommandable, les lignes sont très claires, la partition est bien analysée et bien servie.

Quant à l'audace ... on trouve certes des lieder de Clara Wieck-Schumann dans sa discographie, en complément du concerto pour piano de son mari. Et en cherchant bien, on trouve même deux compositeurs vivants: Pärt et Corigliano. Qui se classeraient plutôt chez les néo-classiques que chez les avant-gardistes, même si je n'aime guère les étiquettes de ce genre. En un mot, la discographie d'Hèlène Grimaud a énormément de qualités mais ça n'est pas un modèle d'audace en matière de programmation.

4. Le mercredi 29 octobre 2008, 15:54 par DavidLeMarrec

Les pièces de Corigliano en question ne sont pas spécialement néo.

Quant à mettre de la musique de chambre dans un programme solo grand public, fût-ce du Brahms (dans le même volume que les lieder), je trouve ça assez courageux, oui.

Audace, c'est excessif, et il est qu'en concert son répertoire reste relativement limité, mais si on veut absolument battre les pianistes au répertoire étriqué, il y a Nicolaï Lugansky pour ça. :-)

... et on attend toujours, mais c'est valable pour TOUS les pianistes (à l'exception d'une poignée de spécialistes), qu'on nous mette autre chose que de la musique allemande (parfois Ravel, exceptionnellement Debussy) au programme, d'autres façon d'envisager le piano.
En particulier chez les Français, on trouve des choses singulièrement passionnantes (Decaux, Koechlin, Dupont, Fauré, Delage, Vierne... et peut-être bien Tournemire) ; ou bien chez les Russes (Roslavets, Mosolov, et je n'ose imaginer ce qu'on pu produire Zhivotov ou Tichtchenko...)..

Et si on veut absolument du spectaculaire, pourquoi pas l'extraordinaire sonate de Barber, un truc bien fait, avec quatre parties, bien allemand de ce côté-là, mais qui changerait un peu...