Une sonate de Beethoven oubliée mais pas inoubliable

Trouvé dans le magazine anglais Gramophone, l'histoire d'une sonate pour piano inédite de Beethoven. Reconstruite par un pianiste néerlandais du nom de Cees Nieuwenhuizen à partir de brouillons, elle serait antérieure à la sonate n°1 en Fa mineur opus 2. Je ne peux pas vraiment juger à quel point la reconstruction est fidèle au texte, mais l'extrait publié sur ioutioube me fait davantage penser à un pastiche d'un goût douteux, pas très bien joué de surcroît. Mon impression est que s'il avait jugé ce brouillon digne d'intérêt, Ludwig van n'aurait pas manqué de le remettre au propre pour le proposer à un éditeur. Les pièces pour clavier seul étaint déjà à l'époque l'activité la plus rentable pour un éditeur, car peu chères à éditer et plus facile à vendre que des quatuors ou des symphonies.

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Quoi qu'il en soit, nous disposons déjà 32 sonates publiés et corrigées par Beethoven lui-même, et quelques douceurs supplémentaires comme les variations Diabelli ou les réductions des symphonies par Liszt. C'est plus que suffisant pour faire le tour du bonhomme et de son talent sans avoir besoin d'exhumer de vieux brouillons sans grand intérêt. Le plus célèbre sourd de l'histoire de la musique aurait été bien inspiré de détruire lui-même tous ses brouillons, comme l'a fait un certain Johannes Brahms un demi-siècle plus tard !

Commentaires

1. Le dimanche 4 novembre 2012, 23:16 par Jean-Brieux

Il est évidemment plus confortable et plus rentable de faire la promotion d'une sous-composition de Beethoven que de promouvoir la musique valable de tel ou tel compositeur méconnu. Comme toujours l'emballage est plus facile à vendre que le contenu.

2. Le lundi 5 novembre 2012, 01:39 par DavidLeMarrec

Bonsoir !

Effectivement, ça ressemble étonnamment à un pastiche, on y entend des formules très typiques, sans que se dégage forcément une unité et un caractère particulièrement prégnants. Soit à cause de la réécriture, soit précisément parce que ces brouillons ont été (mieux) réutilisés ailleurs...

C'est aussi le cas de la restitution de la Dixième par Cooper, c'est assez amusant : un quart d'heure de beaux thèmes beethoveniens orchestrés, développés et articulés comme du Schubert !
Or on peut raisonnablement douter que Beethoven eusse écrit une sous-Neuvième de Schubert après sa propre Neuvième...

Mais il existe des cas très intéressants de restitution, par exemple la "Septième" de Schubert par Weingartner et les trois Symphonies du même, assemblées, complétées et orchestrées par Gulke. Ce sont des oeuvres extrêmement convaincantes, sensiblement du niveau des autres - alors, qu'elles soient authentiques ou pas, je les écoute volontiers, de même qu'on lit avec plaisir une excellente traduction, quelle que soit la personne dont provienne le plaisir.

Enfin, je ne jetterai pas la pierre aux programmateurs : il est tellement difficile de faire venir le public pour entendre des raretés... Et on ne peut même pas blâmer le public, c'est légitime : les gens dont ce n'est pas le métier (et même ceux dont c'est le métier !) ne passent pas leurs journées à épuiser le fonds discographique, et vont entendre au concert ce qu'ils aiment.

Je n'ai pas de solution, à part d'essayer de susciter la curiosité de ceux qui le veulent, comme vous le faites ici même.

3. Le lundi 5 novembre 2012, 15:05 par Jean-Brieux

Les gens vont au concert entendre ce qu'ils aiment parmi le choix qui leur est imposé par le milieu professionnel musical.

Quant à passer ses journées à épuiser le fonds discographique, il faudrait déjà que l'oeuvre rare soit enregistrée.

Je ne vois pas en quoi il serait difficile de faire entendre des raretés à un public : la soif d'inédit et de nouveauté est pourtant dans l'air du temps. Reste à savoir proposer un programme articulant raretés et grands classiques.

4. Le jeudi 8 novembre 2012, 21:39 par Marie-Céline

Si elle était oubliée, il y avait peut-être des raisons ?