Le journal de papageno - Mot-clé - Alfred BrendelLe Journal de Papageno est un blog francophone consacré à la musique classique et contemporaine.2023-08-18T08:55:10+02:00Patrick Loiseleururn:md5:e3d6f6e2ebef7c45d0c5e125b87d9f0aDotclearAu revoir, monsieur Brendelurn:md5:1ea989a3fb470da48cb28051ce6d0b8d2008-12-18T18:04:00+01:002017-05-19T08:41:07+02:00Patrick LoiseleurGénéralAlfred Brendeldisquelivrepiano<p>Avec un ultime concert à Vienne, le pianiste Alfred Brendel met aujourd'hui fin à 60 ans de carrière. De nombreux commentateurs, musicologues, journalistes, musiciens, et des plus qualifiés que moi, ont déjà embouché leurs trompettes pour lui préparer un beau concert d'éloges, fort mérité il est vrai. Un musicien largement autodidacte, un intellectuel autant qu'un artiste, qui nous laisse une discographie abondante (toutes les sonates de Beethoven, mais aussi toutes celles de Mozart de Schubert et une bonne tranche de Liszt).</p> <p>Une remarque revient très souvent lorsqu'on parle de Brendel: s'il joue une sonate de Schubert, on croirait entendre la musique de Schubert elle-même, et non une <em>interprétation</em> de celle-ci. La distinction est capitale. Beaucoup de musiciens (et spécialement les pianistes) cherchent avant tout à exprimer leur personnalité, à livrer leur version de telle sonate ou tel concerto célèbre. En exagérant un peu on pourrait dire que comme pour les divas du bel canto, les oeuvres du répertoire ne sont que des prétextes pour exhiber leur virtuosité, leur sensibilité artistique, et entrer en contact avec le public. C'est visible jusque sur les pochettes de disque qui annoncent: "X plays Chopin" ou "Y joue Liszt" et nous proposent des récitals centrés sur l'interprète et non sur la musique elle-même . Or ce que nous apprend Monsieur Brendel c'est que l'interprète doit avant tout:</p>
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<li>analyser et comprendre la musique qu'il joue</li>
<li>la restituer au plus proche des intentions du compositeur</li>
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<p>Une belle leçon d'humilité ! Quant à la personnalité d'un interprète, quoi qu'il fasse, elle transparait à travers tous ses actes, il n'y a pas lieu de chercher consciemment à l'exprimer. En revanche, si le travail d'analyse de la partition et de restitution dans un certain contexte culturel n'est pas fait, on risque le décalage stylistique voire le contre-sens complet. Comme le déclarait un peu sèchement Maurice Ravel: <q>je n'ai pas besoin qu'on <em>interprète</em> ma musique. Il me suffit qu'on la joue</q>.</p>
<p>Ainsi l'interprète idéal, comme un acteur pouvant endosser tous les rôles, doit être Mozart lorsqu'il joue Mozart et Prokofiev lorsqu'il joue Prokofiev. Cela ne l'empêche pas d'être créatif, bien au contraire. Rien n'empêche de jouer ses propres cadences lors qu'on donne un concerto. Ou d'exécuter une série de variations de Beethoven, puis d'en improviser d'autres sur le même thème...</p>
<p>A lire aussi: <a href="http://lucierenaud.blogspot.com/2008/12/auf-wiedersehen-herr-brendel.html" hreflang="fr">Auf Wiedersehen, Herr Brendel</a> de Lucie Renaud.</p>