Le journal de papageno - Mot-clé - Gérard GriseyLe Journal de Papageno est un blog francophone consacré à la musique classique et contemporaine.2023-08-18T08:55:10+02:00Patrick Loiseleururn:md5:e3d6f6e2ebef7c45d0c5e125b87d9f0aDotclearConcert Gérard Grisey par l'itinéraire le 25 novembre 2008 à Parisurn:md5:6cf6c743e48ba2b897d8c268886858102008-11-20T22:18:00+01:002017-05-19T08:23:02+02:00Patrick LoiseleurConcertsaltoensemble itinéraireGérard Griseymusique contemporainepercussion <p>L'ensemble <a href="http://www.ensembleitineraire.org" hreflang="fr">itinéraire</a>, avec en soliste Emmanuel Haratyk (alto), donnera en concert le mardi 25 novembre 2008 à l'auditorium St Germain <a href="http://www.ensembleitineraire.org/saisons/25novembre.html" hreflang="fr">un portrait de Gérard Grisey</a> où l'on pourra entendre:</p>
<ul>
<li>Vortex temporum</li>
</ul>
<p>Flûte, clarinette, violon, alto, violoncelle et piano</p>
<ul>
<li>Stèle</li>
</ul>
<p>Deux percussions</p>
<ul>
<li><a href="https://www.journaldepapageno.fr/index.php/post/2008/03/29/190-prologue-pour-alto-seul-de-gerard-grisey-1978" hreflang="fr">Prologue</a></li>
</ul>
<p>Alto - version avec résonateur</p>
<p><a href="https://www.journaldepapageno.fr/public/pdf/FLYER-25-10-08-1.pdf">(version imprimable de l'affiche)</a></p>
<hr />
<p>Compte-rendu express après le concert:</p>
<ul>
<li>le Prologue de Grisey existe dans deux versions, une pour alto tout seul, une pour alto avec un ensemble de <q>résonateurs</q> acoustiques et électro-acoustiques. La version donnée ce soir comportait des<q>résonateurs virtualisés</q> c'est à dire en clair qu'un micro était posé l'alto d'Emmanuel Haratyk, le son retraité par ordinateur et les résonances ainsi obtenues diffusées par cinq haut-parleurs situés sur scène derrière l'altiste. L'ensemble sonne plutôt bien compte tenu de l'acoustique extrêmement sèche de l'auditorium Saint Germain. Le son des résonateurs fait surtout penser à des instruments de percussion métalliques dans hauteur déterminé: gong, enclume, triangle, <em>steeldrum</em> (plus précisément, au son de ces instruments après l'impact, lorsqu'on les laisse vibrer). S'il faut saluer la performance remarquable d'Emmanuel Haratyk (il y a peu de virtuoses capable de jouer cette pièce très exigeante), je la trouve un tout petit peu trop sage et raisonnable. Le côté fou, complètement déjanté de ce Prologue pourrait être davantage mis en avant, mais c'est plus une question de goût personnel qu'un jugement de valeur de ma part !</li>
</ul>
<ul>
<li><em>Stèle</em> pour deux grosses caisses est vraiment le type de pièce qu'il faut écouter au concert et non au disque. Dans un grand crescendo savamment mené, tous les modes de jeux sont exploités: avec les mains, avec une brosse, avec des baguettes, avec le bois des baguettes, avec des fouets, sur le bord, au centre du tambour. Les lumières suivent cette progression: on démarre dans une quasi-pénombre pour finir dans un rouge éclatant.</li>
</ul>
<ul>
<li>Quant à <em>Vortex Temporum</em>, le plat de résistance de ce concert, c'est comme son nom l'indique un véritable tourbillon qui nous entraîne de manière irrésistible durant quarante-cinq minutes. Quatre cordes du piano sont (dés)accordées d'un quart de ton, ce qui permet des harmonies étranges et très riches. Ces harmonies sont très largement statiques, mais c'est là vraiment un trait caractéristique de la musique <q>spectrale</q>. Les autres instruments jouent d'ailleurs largement dans la résonance du piano, qui s'offre une spectaculaire cadence. Bien que formellement divisé en trois mouvements, c'est vraiment d'un seul souffle et d'un seul tenant que l'itinéraire a donné cette pièce qui est un des piliers de son répertoire et sans doute en passe de devenir un classique.</li>
</ul>La musique des étoilesurn:md5:f12a59d37dbb56b8c75489bf721dd8062008-10-27T23:39:00+01:002017-05-14T12:11:49+02:00Patrick LoiseleurRépertoireastronomieGérard Griseymusique spectrale<p>Lu dans <a href="http://news.bbc.co.uk/2/hi/science/nature/7687286.stm" hreflang="fr">BBC News</a>, un article sur le son produit par les étoiles, enregistré par le radio-télescope COROT, envoyé dans l'espace il y a dix-huit mois. Vous pouvez consulter le site de l'<a href="http://www.lesia.obspm.fr/astro/sismo/pages/savoirplus.html#outil" hreflang="fr">observatoire de Paris pour plus de détails</a>, mais en gros, COROT permet de mesurer les ondes acoustiques ou gravitationnelles émises par les étoiles et d'en tracer le spectre. En ayant pris soin de recaler les fréquences dans la zone où notre oreille est sensible, on peut ainsi <q>écouter</q> les étoiles.</p> <p><img src="https://www.journaldepapageno.fr/public/images/nuit_etoilee.jpg" alt="nuit_etoilee.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Nuit étoilée Van Gogh" /></p>
<p>A quoi ressemble le son d'une étoile ? à une composition de Gérard Grisey: un son complexe, inharmonique, à la fois immobile et animé de battements. Comme le bruit de la mer ou du vent ou d'une cascade, c'est apparemment répétitif mais si on écoute bien en détail on perçoit beaucoup de micro-mouvements qui font que le son, bien qu'uniforme en apparence, ne lasse pas l'oreille. En bref c'est encore plus fascinant qu'un aquarium rempli de poisson rouges ou qu'une soirée de variétés sur TF1: le son des étoiles, ce vide rempli de petits rien, a quelque chose de profondément addictif.</p>
<p>Si j'ai cité Gérard Grisey ça n'est pas tout à fait par hasard car dans <em>Le noir de l'étoile</em>, une de ses dernières oeuvres, le compositeur français a utilisé le son d'un pulsar, dans une pièce pour 6 percussionnistes dédiée aux Percussion de Strasbourg. Il est même prévu, dans la version de concert, qui comporte une véritable scénographie, que le son du pulsar soit capté en direct par un radiotélescope, et non simplement re-joué d'après un enregistrement. Ce qui fait du pulsar P 0359-54 un véritable interprète ! Imaginons un instant que l'étoile morte fasse des siennes, qu'une collision cosmique inattendue cause un couac retentissant...</p>Prologue, pour alto seul de Gérard Grisey (1976)urn:md5:0c986c1099e9d749714b00f62a0aac6c2008-03-29T16:44:00+00:002017-05-05T14:08:49+00:00Patrick LoiseleurRépertoirealtoGérard GriseyXXe siècle<p>Poursuivant notre parcours de la musique pour alto seul au XXe siècle, après <a href="https://www.journaldepapageno.fr/index.php/post/2008/02/25/167-tristan-murail-c-est-mon-jardin-secret" hreflang="fr">c'est mon jardin secret...</a> de Tristan Murail, je vous propose de nous intéresser au <em>Prologue</em> de Gérard Grisey, écrit la même année (1976).</p> <p>Comme son nom l'indique, cette pièce forme le début d'un ensemble plus vaste, appelé <em>Les Espaces Acoustiques</em>, une grande structure en arche qui court sur près de deux heures et utilise des effectifs allant de l'instrument seul au grand orchestre.</p>
<p>Voici ce qu'écrivait Gérard Grisey à propos de son oeuvre:</p>
<blockquote><p><em>Les Espaces Accoustiques m'apparaissent aujourd'hui comme un grand laboratoire où les techniques spectrales sont appliquées à diverses situations, du solo au grand orchestre. Certaines pièces ont même un aspect démonstratif, quasi didactique, comme si je m'étais appliqué, dans l'euphorie de la découverte, à faire saisir au mieux les caractéristiques du langage que j'inventais peu à peu.</em></p></blockquote>
<p>Le do grave de l'alto est accordé un demi-ton plus bas (sur un si bécarre). C'est tout à fait logique car ce prologue (et même l'ensemble <em>espaces acoustiques</em>) est organisée autour des harmoniques naturels de mi: on explore ainsi les résonances d'un hypothétique mi grave qui serait situé une quinte et une octave plus bas que la note la plus grave de l'alto (et qui correspondrai au mi grave de la contrebasse).</p>
<p>Le début de la pièce, joué avec sourdine, présente un caractère libre et improvisé. On y distingue deux éléments:</p>
<ul>
<li>Des arpèges ascendants, au départ centré sur les harmoniques naturels du mi, comme je l'ai déjà dit, et qui vont progressivement se déformer et gagner un registre de plus en plus aigu:</li>
<li>Un ostinato sur la corde grave, qui fait penser à des battements de coeur:</li>
</ul>
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<p>Ces éléments sont repris de manière obsessionnelle, développés et amplifiés jusqu'à parvenir à un moment de délire complet (je ne vois pas comment l'appeler autrement) où l'archet, au lieu de caresser les cordes pour les faire vibrer, les accroche et les fait grincer comme les câbles des bateau trois mâts dans un film hollywoodien:</p>
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<p>C'est complètement psychédélique, complètement déjanté et assez réjouissant à entendre. Je me souviens d'un concert à la cité universitaire à Paris avec Gérard Caussé (le dédicataire de cette pièce, et aussi un altiste génial qui a inspiré toute une génération de jeunes virtuoses). Parvenu à peu près cet endroit, une corde s'est cassée net, ce qui a également cassé l'élan de Gérard Caussé. Avec la bonhommie et la chaleur communicative qui lui sont propre, Gérard Caussé s'est excusé, puis avec beaucoup d'humour il a émis l'hypothèse que le fantôme de l'autre Gérard (disparu en 1998) n'était certainement pas étranger à cet incident. Il était à peu près impossible de reprendre la pièce où il l'avait laissé, aussi sommes-nous passé à la suite du programme, après qu'il eût monté une corde neuve.</p>
<p>Heureusement pour nous l'ensemble des Espaces Acoustiques ont été enregistrés en studio pour un double disque chez Accord/Universal, un double disque qu'on peut écouter, qu'on peut même aimer et recommander à ses amis:</p>
<p><img src="https://www.journaldepapageno.fr/images/grisey.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p>Voici avant de se quitter autre extrait des Espaces Acoustiques, où l'on perçoit clairement le travail qui est fait à partir des harmoniques naturel du mi grave d'un trombone (qui sert de point de départ à une pièce riche et complexe que je ne décrirai pas en détail dans ce billet):</p>
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<p>Bientôt dans ce journal, et dans la même série: la <a href="https://www.journaldepapageno.fr/index.php/post/2008/07/08/252-philippe-hersant-pavane-pour-alto-seul-1987">Pavane de Philippe Hersant (1987)</a>.</p>