Le journal de papageno - Mot-clé - Nicolas BacriLe Journal de Papageno est un blog francophone consacré à la musique classique et contemporaine.2023-08-18T08:55:10+02:00Patrick Loiseleururn:md5:e3d6f6e2ebef7c45d0c5e125b87d9f0aDotclearEscaich, Bacri, Dvorak, Beethoven par le Quatuor Voceurn:md5:ce737de0743a61df07b111d23dcff5ee2019-06-24T12:39:00+02:002019-06-24T16:49:48+02:00Patrick LoiseleurConcertsAntonín DvořákcréationFestival des forêtsNicolas BacripianoQuatuor Vocequatuor à cordesThierry Escaich<p>C'est un fort beau programme que le Festival des Forêts nous proposait dimanche à Pierrefonds, avec la création du 10e quatuor à cordes de Nicolas Bacri, le quintette avec piano de Thierry Escaich, et deux pièces de Dvorak et Beethoven, le tout par le quatuor Voce.</p> <p style="text-align: justify;">En prélude à ce concert, nous avons pu participer à une causerie avec les deux compositeurs qui se connaissent de longue date. </p>
<p style="text-align: justify;"><a href="https://www.journaldepapageno.fr/index.php/tag/Thierry%20Escaich">Thierry Escaich</a> nous parle de sa <strong>Ronde</strong> pour piano et quatuor à cordes, écrite en 2000, inspirée par la pièce éponyme d'Arthur Schnitzler (et plus encore, par l'adaptation au cinéma de cette pièce par Max Ophuls). La forme musicale reprend la forme théâtrale de cette pièce: 2 personnes dialoguent, une troisième entre, la première s'en va, et ainsi de suite jusqu'au retour du premier personnage. Cet espèce de Carrousel musical pourrait être vu comme un Rondo, à cela près que les transitions entre les différents épisodes contrastés sont traitées à la manière d'un fondu enchaîné: un nouvel élément musical fait son apparition, superposé à d'autres, puis il devient prédominant. Thierry Escaich, qui a fait beaucoup de ciné-concerts en tant qu'improvisateur, parle de son goût pour le cinéma, et du caractère cinématographique de sa musique. Il ajoute cependant qu'elle ne pourrait sans doute pas être utilisée en tant que musique pour l'image, en raison de la densité des évènements musicaux qui réclament toute l'attention de l'auditeur.</p>
<p style="text-align: justify;"><a href="https://www.journaldepapageno.fr/index.php/tag/Nicolas%20Bacri">Nicolas Bacri</a><strong> </strong>nous raconte la genèse de son <strong>10e quatuor à cordes</strong>. Il a repris certains matériaux d'une pièce pour 4 clarinettes. Puis la mort de <a href="https://www.journaldepapageno.fr/index.php/tag/Pierre%20Boulez">Pierre Boulez</a>, compositeur qu'il a adoré détester, qu'il admire tout en ne partageant pas ses choix esthétiques, a imposé un deuxième thème de facture sérielle. Par contraste le 2e mouvement est assez romantique, un peu dans la lignée de Gerald Finzi. Le troisième mouvement tente l'impossible tâche de composer "ces deux extrêmes de mon langage", par le biais du contrepoint et le recours à la rigueur d'une forme sonate. Bacri nous explique que la forme est très importante pour lui, en prenant une comparaison avec les cathédrales. Si vous entrez dans une cathédrale, vous ressentirez une certaine émotion, même sans rien connaître à l'architecture, par la contemplation de la symétrie, de l'harmonie de l'édifice. Et si vous étudiez les secrets des maîtres bâtisseurs, l'émotion ne disparaît pas mais s'approfondit et s'élargit. Ces réflexions me font penser <a href="https://www.journaldepapageno.fr/index.php/post/2009/05/16/L-introduction-a-Jean-Sebastien-Bach-enfin-reeditee">à la notion de "connaissance érotique" de l'oeuvre de Boris de Schloezer</a> (mais ça c'est moi qui l'ajoute). Il dit aussi qu'être compositeur est très difficile aujourd'hui, qu'il faut se tenir "sur le fil" entre l'innovation (qui peut mener à l'absurde, à l'abîme du "contemporain" pur et dur), et la tradition (qui peut facilement nous cantonner au pastiche). Mais aussi qu'il y a beaucoup de compositeurs en activité aujourd'hui, et que paradoxalement leur musique est peu jouée en raison du conservatisme des musiciens et programmateurs de concerts. Il se définit comme un "optimiste tragique" qui a placé cette citation de Dimitri Chostakovitch en exergue de <a href="http://www.nicolasbacri.net/" hreflang="fr">son site internet</a>: <em>"Je souhaite que mon art puisse vous aider à vivre plus facilement, à travailler plus joyeusement, à aimer plus profondément".</em></p>
<p><img src="https://www.journaldepapageno.fr/public/architecture/PIerrefonds_Chateau_20190623.jpg" alt="PIerrefonds_Chateau_20190623.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p><em>(Admirez au passage, le château de Pierrefonds, faux moyenâgeux et vrai romantique construit par Violet le Duc)<br /></em></p>
<p style="text-align: justify;">Une fois installés dans l'église de Pierrefonds, nous écoutons pour commencer une pièce des <em>Cyprès</em> d'<a href="https://www.journaldepapageno.fr/index.php/tag/Anton%C3%ADn%20Dvo%C5%99%C3%A1k">Antonín Dvořák</a>. Ce sont en fait des mélodies de jeunesse, écrite à 24 ans par un jeune altiste amoureux (oui, Dvorak lui aussi jouait de l'alto ! C'est le point commun entre <a href="https://www.journaldepapageno.fr/index.php/post/2019/05/03/L-alto-de-l-empereur">l'empereur du japon</a>, lui et moi). Son amour n'ayant pas été payé de retour, il enterra ses textes pendant 20 ans avant de les sortir du tiroir, notamment pour <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Cypresses_quartet_(Dvo%C5%99%C3%A1k)">les adapter au quatuor à cordes</a>. Nous écoutons la première pièce, très douce, en ré bémol majeur, avec la mélodie confiée à l'alto. Le quatuor Voce nous régale d'un son très pur dans cette douce bluette mélancolique.</p>
<p style="text-align: justify;">Puis Thierry Escaich s'installe au piano pour son quintette <em>La Ronde</em>, en un seul mouvement, dont nous venons de parler. Contrairement à beaucoup d'autres (Schumann, Franck, Fauré, Brahms), ce quintette n'est pas un mini-concerto pour piano avec accompagnement de quatuor à cordes. Le piano est traité comme un 5e instrument qui vient apporter de nouvelles couleurs à la texture (notamment dans l'extrême aigu ou le grave). Conséquence de cette écriture aussi bien que du délicat jeu de chambriste de Thierry Escaich, l'équilibre entre les quintettistes est parfait. C'est une belle pièce, magnifiquement harmonisée et orchestrée, avec des couleurs assez sombres et parfois un peu fantomatiques aux cordes (sourdine, harmonique, tenues longues), qui contrastent avec des passages rythmiques très énergiques. La boucle est bouclée lorsque les éléments thématiques entendus au début refont leur apparition.</p>
<p style="text-align: justify;">Ensuite viennent les 3 mouvements du 10e Quatuor à cordes de Bacri, dont c'était la toute première audition publique. Des couleurs assez sombres, nous l'avons dit, mais quelle maîtrise dans le contrepoint, la conduite des lignes et la création de couleurs harmoniques à la fois familières et étranges ! Et cet hommage paradoxal à Pierre Boulez qui sonne bien en lui-même mais est surtout remarquable par son insertion en tant qu'élément contrastant dans la forme d'ensemble qui lui donne toute sa signification. Bien que ce quatuor ne soit pas particulièrement facile à jouer (on mesure bien la tension des Voce qui l'interprètent pour la première fois), il ne contient rien d'extravagant sur le plan instrumental, et ne fait appel qu'aux ressources les plus nobles des instruments à cordes. Ce dixième quatuor une belle réussite, une oeuvre de la pleine maturité qui ne cède en rien à la facilité (y compris à la facilité d'écriture que représente paradoxalement le recours à une virtuosité instrumentale excessive et sans nécessité). On attend avec impatience le onzième, qui est d'ores et déjà programmé en 2020, toujours avec l'excellent <a href="https://www.journaldepapageno.fr/index.php/tag/Quatuor%20Voce">Quatuor Voce</a>.</p>
<p style="text-align: justify;">Après un entracte, c'est le 10e Quatuor de Beethoven (parfois surnommé "Les Harpes" en raison de l'abondant recours au pizzicati dans le 1er mouvement). Là encore, une oeuvre de la pleine maturité, où la maîtrise de Beethoven est éclatante, et presque écrasante. C'est un de mes favoris (en fait non, je les aime tous), car il déborde d'énergie et de vitalité. La musique de Beethoven est assurée, conquérante, autoritaire même, même dans le très délicat Adagio en la bémol (sous-dominante de la tonalité principale, cela a son importance dans la forme d'ensemble, en marquant une sorte de détente, de relâchement). Dans cette oeuvre comme dans les autres, les Voce font un travail admirable de précision, et c'est un véritable bonheur de les voir respirer ensemble ou échanger des coups d'oeil complices même au milieu des passages les plus virtuoses comme le trio du Scherzo, dont les cascades de triolets à toute blinde (et souvent doublés à l'octave par un 2e instrument) sont assez redoutables.</p>
<p style="text-align: justify;">Après ces grands moments, c'est la traditionnelle photo de famille (Bacri à gauche, Escaich au centre) sous une pluie d'applaudissements plus que mérités:</p>
<p><img src="https://www.journaldepapageno.fr/public/concerts/Festival_des_Forets_20190623.jpg" alt="" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>Cantus Formus: Belaubre, Bacri, Shamo, Bass, Tchesnokovurn:md5:6a4fbc1f3da986c060d2668ecf95c6752019-01-15T22:08:00+01:002019-02-05T12:25:24+01:00Patrick LoiseleurConcertsCantus FormusDimitri TchesnokovNicolas BacriOrlando BassPatricia PetibonPhilippa Neuteboompianotrombone<p>Lundi soir (14 janvier 2019) au CRR de Paris nous avons pu assister au premier concert de la série Cantus Formus (littéralement: <em>les chants d'avant</em>) proposée par Nicolas Bacri.</p> <p>Au menu il y avait:</p>
<p>En guise d'amuse-gueule, 6 pièces extraites de la Poétique du Piano de <strong>Louis-Noël Belaubre: </strong><em>Élegie, Bagatelle, Lydienne, Ariette, Choral profane, Caprice. </em>Une musique douce et délicate, qui s'écoute avec grand plaisir et s'oublie presque aussitôt.</p>
<p>Ensuite ce sont les <em>Mélodias de la Melancolia </em>de <span><strong>Nicolas Bacri</strong>. Écrites il y a une dizaines d'années pour la soprano Patricia Petibon qui les a enregistrées avec orchestre, présentées ici dans une réduction pour voix et piano. </span><span style="Segoe UI", Roboto, Oxygen-Sans, Ubuntu, Cantarell, "Helvetica Neue", sans-serif; ">Avec ces mélodies de langue espagnole à la tonalité très sombre (un peu dans le genre "dors bien mon joli bébé ton papa est mort à la guerre et je vais mourir de chagrin")</span><span style="Segoe UI", Roboto, Oxygen-Sans, Ubuntu, Cantarell, "Helvetica Neue", sans-serif; ">, </span><span style="Segoe UI", Roboto, Oxygen-Sans, Ubuntu, Cantarell, "Helvetica Neue", sans-serif; ">Bacri a composé une musique assez douce, élégiaque, qui a beaucoup de charme. </span><span style="Segoe UI", Roboto, Oxygen-Sans, Ubuntu, Cantarell, "Helvetica Neue", sans-serif; ">Si la voix de Kumi Sakamoto ne m'a pas séduit complètement, appliquée mais sans grand éclat, le piano de Philippa Neuteboom (que j'ai entendu avec grand plaisir dans la musique de <strong>Michel Merlet</strong>, mon maître, il y a quelques années).</span></p>
<p>Viennent ensuite 12 Préludes d'<strong>Igor Shamo</strong>, compositeur ukrainien dont j'ignorais tout jusqu'à présent. C'est une révélation ! Musique magnifique, pleine de couleurs et de vie, de force et d'énergie, qui évoque selon les moments le meilleur de Debussy, Bartok, Chostakovitch ou Rachmaninoff. Assurément l'oeuvre d'un grand compositeur ! Dimitri Tchesnokov, qui vient de terminer une intégrale de l'oeuvre pour piano d'Igor Shamo qui lui a demandé des années de travail (ne serait-ce que pour arriver à trouver des partitions non éditées dont même la veuve du compositeur n'avait plus de copie), partage le clavier avec un jeune et brillant pianiste, Orlando Bass.</p>
<p>Si vous ne me croyez pas sur parole lorsque je vous dis, chères lectrices, que la musique d'Igor Shamo est supérieurement écrite, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=VBPwIAEDVBQ" hreflang="en" title="Igor Shamo Prelude">écoutez ce prélude</a> ou bien achetez <a href="https://www.youtube.com/watch?v=erxfSOd03_w&index=24&list=OLAK5uy_kYABOWTuXb3ZwXYyveOZW9ysJdk8eXEno">l'album de D. Tchesnokov</a>: vous ne serez pas déçues.</p>
<p>Ensuite c'est <strong>Orlando Bass</strong> qui présente un Prélude et Fugue de sa composition. Ce tout jeune artiste de 24 ans a fait là une de ses premières tentatives, et c'est assez bluffant. Le prélude commence par un thème atonal et dissonant, mais assez doux, qui va se trouver amplifié par plusieurs variations jusqu'à la catastrophe, représentée par une cascade de clusters (un pour chaque main, dans l'extrême grave et l'extrême aigu) qui débouche sur un retour apaisé du thème initial. Ensuite vient une fugue de Bach qui a été passé à la moulinette, ce qui est plutôt réjouissant à entendre, une sorte d'hommage grinçant et décalé.</p>
<p>Orlando Bass a signé chez Indésens un album regroupant des préludes et fugues d'Amy Beach, Igor Shamo, Szymanovski, Alfred Schnittke, Michel Merlet, Serguei Taneyev, Dimitri Mitropoulos et ... Orlando Bass. J'y reviendrai lorsque j'aurai pu l'écouter ! Ce projet me fait penser au bel album A<a href="https://www.amazon.fr/Boyadjieva-Lilia-Around-Fugue/dp/B002WW14S6/">round the Fugue de Lilia Boyadjieva</a>.</p>
<p>En guise de dessert, nous avons droit à cinq <em>Chants du Goulag</em> de <strong>Dimitri Tchesnokov</strong>, pour 3 trombones (2 ténor, un trombone basse) et piano. Vous savez, chères lectrices, combien j'aime le trombone, instrument noble et fier s'il en est, pour lequel j'ai écrit plusieurs pièces comme ce <a href="https://www.journaldepapageno.fr/index.php/post/2012/05/11/La-libert%C3%A9-ou-la-mort-%21" hreflang="fr" title="La liberté ou la mort !">quatuor de trombones avec électronique</a> jouée à Liège en 2011. Le compositeur fait grand usage des capacités de du trombone dans le fortissimo (objet de nombreuses blagues parmi les musiciens d'orchestre, et parfois cause de surdité précoce), accompagné de tonitruantes percussions du piano.<span style="font-family: -apple-system, BlinkMacSystemFont, "Segoe UI", Roboto, Oxygen-Sans, Ubuntu, Cantarell, "Helvetica Neue", sans-serif; font-size: 1.4rem;"> Je dois avouer que je n'ai pas été complètement séduit, car il ne suffit pas de jouer fort pour exprimer des émotions fortes. C'est un peu plus compliqué que ça ! C</span><span style="font-family: -apple-system, BlinkMacSystemFont, "Segoe UI", Roboto, Oxygen-Sans, Ubuntu, Cantarell, "Helvetica Neue", sans-serif; font-size: 1.4rem;">'est par la cinquième pièce, intitulé </span><em style="font-family: -apple-system, BlinkMacSystemFont, "Segoe UI", Roboto, Oxygen-Sans, Ubuntu, Cantarell, "Helvetica Neue", sans-serif; font-size: 1.4rem;">Silence</em><span style="font-family: -apple-system, BlinkMacSystemFont, "Segoe UI", Roboto, Oxygen-Sans, Ubuntu, Cantarell, "Helvetica Neue", sans-serif; font-size: 1.4rem;">, où les trombones prennent la sourdine et se mettent à trembler de façon incertaine, que j'ai finalement été le plus touché. Saluons la belle performance du trio de trombones Blajevitch (Christophe Gervais, Benoît Coutris, Lucas Perruchon), accompagné au piano par le compositeur. Bravo à tous les quatre !</span></p>
<p><span style="Segoe UI", Roboto, Oxygen-Sans, Ubuntu, Cantarell, "Helvetica Neue", sans-serif; "><a href="https://www.journaldepapageno.fr/public/concerts/cantus_formus_20190114.jpg"><img src="https://www.journaldepapageno.fr/public/concerts/.cantus_formus_20190114_m.jpg" alt="" style="margin: 0 auto; display: block;" /></a><br /><br /><br /></span></p>Concert Bacri à la maison de la radio le 27 avrilurn:md5:0b582850fb8a1e31f48c0c84edaf703b2017-03-10T09:17:00+01:002017-03-10T15:22:54+01:00Patrick LoiseleurConcertsMaison de la radiomusique contemporainemusique françaiseNicolas BacriPascal Dusapinsymphonie<p>La maison de la radio propose un concert symphonique en forme de portrait de <strong>Nicolas Bacri </strong>le 27 avril prochain, avec l'orchestre philharmonique de Radio France dirigé par Elena Schwartz, et les pianistes Eliane Reyes et Jean-Claude Van den Eyden.</p> <p>Voici comment le compositeur français présente lui-même ce programme:</p>
<blockquote><p><em>Ce concert vous donnera l'occasion d'entendre quatre oeuvres écrites entre 1984 et 2015 c'est à dire sur trente années de travail. C'est dire qu'il y aura une oeuvre qui ressort de la modernité orthodoxe avec ma première symphonie dédiée à Elliott Carter jusqu'au romantisme intemporel de ma Cantate No. 7 en passant par une Symphonie concertante pour deux pianos et cordes qui frôle l'esthétique postmoderne et ma Symphonie No. 5, oeuvre la plus typique de son auteur dans ce concert.
</em></p>
</blockquote>
<p>
Un peu comme Philippe Hersant, qui est de la même génération, Nicolas Bacri a appris le style sériel pur et dur au Conservatoire de Paris dans les années 1980, puis il a été amené à chercher d'autres voies que cette "modernité orthodoxe", qui fut révolutionnaire dans les années 1950 et qui trente ans plus tard était déjà une sorte de nouvel académisme dont il était fort malvenu de s'écarter si l'on voulait gagner des concours et avoir des commandes publiques. Il lui fallut donc un certain courage pour s'écarter d'un style qu'il ne connaissait que trop bien pour l'avoir pratiqué pendant des années, et qui ne correspondait plus à sa sensibilité. Pour autant, Nicolas Bacri n'a pas renié ces oeuvres de jeunesse qui font partie d'un tout. La première symphonie notamment divise l'orchestre en plusieurs groupes pour spatialiser le son: je me demande bien comment la maison de la radio va pouvoir arranger le plateau de son grand Auditorium pour réaliser une telle chose. La plupart des oeuvres spatialisées se sont heurtées à la même difficulté: il n'existe que très peu de salles de concert réellement modulables où l'on pourrait placer les musiciens où l'on veut.</p>
<p>Les vrais musiciens et mélomanes le savent bien, au milieu de l'éternelle guerre des anciens et des modernes, seule la qualité prime en fin de compte. C'est bien pour cela qu'on écoute autant la musique de Liszt l'audacieux que celle de Brahms le conservateur de nos jours. C'est également pourquoi certains compositeurs, et non des moindres, ont été classés dans l'avant-garde avant d'évoluer non vers la tradition, mais vers un autre rapport moins conflictuel à la tradition (Strawinsky, Hindemith, Penderecki par exemple). Et les qualités d'écriture de Nicolas Bacri ne sont plus à démontrer, tant il est reconnu par la critique et le public de nos jours. Nous invitons donc celles de nos lectrices qui se seraient un jour posé la question: "y a-t-il une musique après la musique contemporaine ?" à venir en juger elles-mêmes à la maison de la Radio le 17 avril prochain.</p>Roselyne Martel à Paris le 26 avril et Angoulême le 28 avrilurn:md5:a69415ee5539a50a7471b37f8d9bb5342016-04-16T19:17:00+02:002016-04-16T18:18:37+02:00Patrick LoiseleurConcertschant lyriquecréationmusique françaisemélodie françaiseNicolas Bacripianosoprano<p>Oyez, oyez ! La soprano <strong>Roselyne Martel-Bonnal </strong>me signale qu'elle assurera la création du cycle "Mon coeur qui s'oublie" de <strong>David Maw</strong> à Paris le mardi 26 avril<strong> </strong>(c'est à 18h à l'auditorium du Conservatoire à Rayonnement de Régional de Paris, rue de Madrid dans le cadre de la série <em>Cantus Formus</em> proposée par Nicolas Bacri). Et le jeudi 28 avril elle sera à Angoulême, accompagnée par la pianiste <strong>Stéphanie Humeau</strong>, pour une soiré lyrique (Mozart, Puccini, Verdi, Offenbach) au Moulin du Logis (189 rue de la Tourgarnier à Angoulême).</p>
<p> </p> <figure style="margin: 0 auto; display: table;"><a class="media-link" href="https://www.journaldepapageno.fr/public/affiches/recital_roselyne_bonnal.jpg"><img alt="recital_roselyne_bonnal.jpg" class="media" src="https://www.journaldepapageno.fr/public/affiches/.recital_roselyne_bonnal_m.jpg" /></a>
<figcaption> </figcaption>
</figure>
<p>Voici le détail du programme du concert <em>Cantus Formus </em>du mardi 26 avril:</p>
<ul>
<li>Gerard SCHURMANN - <em>Sonatine</em> pour flûte et piano (Patricia NAGLE, Aya OKUYAMA)</li>
<li>Michel LYSIGHT - <em>Hikari</em> pour flûte et Piano (Patricia NAGLE, Eliane REYES)</li>
<li>Marcelle de MANZIARLY - <em>Sonate</em> pour deux pianos (Ariane JACOB, François HENRY)</li>
<li>Maxence GRIMBERT-BARRÉ - <em>Quatre miniatures</em></li>
<li>David MAW - "Mon coeur qui s'oublie"</li>
<li>Gerald FINZI - "To Joy" (Roselyne MARTEL BONNAL, David MAW)</li>
</ul>
<p> </p>
<p> </p>Bacri au festival des forêts de Compiègneurn:md5:a91ca28148656744bfcbf4bde4068f9c2012-07-04T23:23:00+02:002019-12-11T12:41:36+01:00Patrick LoiseleurConcertsFestival des forêtsNicolas Bacriquatuor à cordes <p>Nicolas Bacri me signale plusieurs concerts à Compiègne, par des interprètes tout à fait passionnants dont j'ai déjà eu l'occasion de parler dans ce journal (quatuor Danel, Eliane Reyes, Sébastien Van Kuijk). Voici l'invitation telle quelle:</p>
<blockquote>
<p>12 juillet 2012 20h :</p>
<p><em>Quatuor à cordes n°5 op. 57</em></p>
<p>Quatuor Danel </p>
<p>Festival des Forêts, Compiègne</p>
<p>13 juillet 2012 20h</p>
<p><em>Trio n°3 op. 54 (Sonata <span class="GRcorrect" grtype="null" id="GRmark_f8dc7f56f4ce717335a61ace2bc77f9578f81b89_notturna:0" grphrase="f8dc7f56f4ce717335a61ace2bc77f9578f81b89">notturna</span>) pour piano, violon et violoncelle</em></p>
<p>Trio <span class="GRcorrect" id="GRmark_236dc25dfc511978b4377d848a870f73fd203efc_Sonnetto:0" grphrase="236dc25dfc511978b4377d848a870f73fd203efc" grtype="null">Sonnetto</span> </p>
<p>Festival des Forêts, Compiègne</p>
<p>14 <span class="GRcorrect" id="GRmark_2e3e4211ec26631bb5f93a56769c8ff0c3170772_juillet:0" grphrase="2e3e4211ec26631bb5f93a56769c8ff0c3170772" grtype="null">juillet</span> 2012 11h :</p>
<p>Deuxième audition <span class="GRcorrect" id="GRmark_16ee8be8339893ed20dcd198740eaebc956d5f7b_de:0" grphrase="16ee8be8339893ed20dcd198740eaebc956d5f7b" grtype="null">de</span> la Suite n° 6 pour violoncelle seul op. 88 </p>
<p><em>Suite n°3 op. 31 "Vita et Mors", pour violoncelle seul</em></p>
<p>Sébastien Van Kuijk</p>
<p>Festival des Forêts, Compiègne</p>
<p>14 juillet 2012 18h :</p>
<p>Création <span class="GRcorrect" id="GRmark_86e99248f984830dca31f846051c5275031d15db_mondiale:0" grphrase="86e99248f984830dca31f846051c5275031d15db" grtype="null">mondiale</span> <span class="GRcorrect" id="GRmark_86e99248f984830dca31f846051c5275031d15db_de:1" grphrase="86e99248f984830dca31f846051c5275031d15db" grtype="null">de</span> <em>Saisons (Quatre intermezzi pour piano op. 123)</em> </p>
<p>Eliane Reyes </p>
<p>Festival des Forêts, </p>
<p>Tout est à Compiègne, à une heure de Paris en train depuis la Gare du Nord. Navette prévues après les concerts pour les parisiens qui souhaitent rentrer chez eux. Venez nombreux !</p>
</blockquote>
<p> Il ne reste à ajouter qu'un lien vers <a href="http://www.festivaldesforets.fr/" hreflang="fr">le site du festival</a> dont la programmation comporte des classiques aussi bien que du répertoire plus rare. </p>Nicolas Bacri: sonata variata op 70 pour alto seul (2001)urn:md5:95ce4711fc8cc8fa9ca53bbe358fcbac2009-06-14T18:18:00+02:002017-06-12T10:38:17+02:00Patrick LoiseleurRépertoirealtocompositeurNicolas BacriXXIe siècle <p>Pour reprendre ma série de billets sur le répertoire pour alto seul au vingtième siècle, après <a href="https://www.journaldepapageno.fr/index.php/post/2008/11/18/Brice-Pauset%3A-Deux-Chaconnes-pour-alto-seul">Brice Pauset</a>, voici une oeuvre qui d'ailleurs est à cheval sur le vingt-et-unième siècle car elle a été composée en 2000 et 2001. Il s'agit de la <em>Sonata Variata op 70</em> de Nicolas Bacri pour alto seul. En trois mouvements (<em>Preludio e Danza; Toccaca Rustica; Metamorphosi</em>) elle comporte une unité formelle plus évidente que la <em>Sonate </em>de Ligeti (dont je reparlerai en détail) dans la mesure où l'on retrouve des éléments thématiques ou rythmiques communs dans ces trois mouvements. Comme suggéré par le titre, c'est la forme thème et variation qui explique donc le mieux la structure de l'oeuvre, aussi bien pour chaque mouvement que pour la sonate dans son ensemble.</p>
<p>Les musicologues auront sans doute bien du mal à qualifier le style de cette Sonate: post-néo-classique ? rétro-spectrale ? crypto-tonale ? laissons là ces considérations techniques et écoutons le début du Prélude:</p>
<div style="text-align: center;"><object type="application/x-shockwave-flash" data="https://www.journaldepapageno.fr/index.php/?pf=player_mp3.swf" width="200" height="20">
<param name="movie" value="/index.php/?pf=player_mp3.swf" />
<param name="wmode" value="transparent" />
<param name="FlashVars" value="showvolume=1&loadingcolor=ff9900&bgcolor1=eeeeee&bgcolor2=cccccc&buttoncolor=0066cc&buttonovercolor=ff9900&slidercolor1=cccccc&slidercolor2=999999&sliderovercolor=0066cc&mp3=/public/sons/bacri_extrait1.mp3&width=200&height=20" />
</object>
</div>
<p>Comme vous pouvez l'entendre, cette sonate, outre le fait d'être relativement jouable (comparée au très fascinant et grisant mais injouable <a href="https://www.journaldepapageno.fr/index.php/post/2008/03/29/190-prologue-pour-alto-seul-de-gerard-grisey-1978">Prologue </a>de Grisey, ou encore à la <a href="https://www.journaldepapageno.fr/index.php/post/2008/01/12/134-luciano-berio-sequenza-viii-pour-alto-seul-1967">Sequenza </a>de Berio), offre à l'interprète de nombreuses occasions de s'exprimer en utilisant les ressources les plus nobles de l'instrument. Point de <em>col legno, sul ponticello</em> et autres <em>bisbigliando</em> dans cette pièce. Notez que je n'ai rien contre ses effets bruitistes et que je les utilise dans ma propre musique. C'est le choix de Nicolas Bacri de ne pas les utiliser, un choix qui se défend tout à fait. Si elle permet à l'alto de chanter, cette sonate utilise également le côté rugueux, grinçant voire comique de l'alto, comme ici dans la <em>Toccata Rustica:</em></p>
<div style="text-align: center;"><object type="application/x-shockwave-flash" data="https://www.journaldepapageno.fr/index.php/?pf=player_mp3.swf" width="200" height="20">
<param name="movie" value="/index.php/?pf=player_mp3.swf" />
<param name="wmode" value="transparent" />
<param name="FlashVars" value="showvolume=1&loadingcolor=ff9900&bgcolor1=eeeeee&bgcolor2=cccccc&buttoncolor=0066cc&buttonovercolor=ff9900&slidercolor1=cccccc&slidercolor2=999999&sliderovercolor=0066cc&mp3=/public/sons/bacri_extrait2.mp3&width=200&height=20" />
</object>
</div>
<p>La noblesse naturelle du violon, la paisible gravité du violoncelle ne leur permettraient sans doute pas de rendre un tel passage avec un son qui se rapproche de celui de l'altiste forçant sur sa corde de do. On doit donc savoir gré à M. Bacri d'avoir pris en compte non seulement les possibilités techniques de l'instrument mais aussi sa fine et délicate psychologie qui se dissimule habilement sous une apparence rustique. Et aussi d'avoir écrit une sonate qui est un vrai plaisir à jouer et à travailler (à entendre c'est autre chose: c'est un peu spécial, il faut aimer l'alto, pour commencer ...)
</p>
<p>Prochain billets à prévoir dans la même série; la Sonate de Ligeti et celle de Zimmerman, la Cadenza de Penderecki et bien d'autres encore</p>