Le journal de papageno - Mot-clé - improvisationLe Journal de Papageno est un blog francophone consacré à la musique classique et contemporaine.2023-08-18T08:55:10+02:00Patrick Loiseleururn:md5:e3d6f6e2ebef7c45d0c5e125b87d9f0aDotclearUne semaine en musiqueurn:md5:08de87922745a8b2153cd4ed2d63a7212017-02-04T17:26:00+01:002017-02-05T14:01:18+01:00Patrick LoiseleurConcertsAntonín DvořákconcertDaniel HardingimprovisationJohannes BrahmsLilia Boyadjevalori freedmanmarc ducretOrchestre de ParisPhilharmonieRaphaël MerlinRavelvincent royer<p>Chères lectrices, vous vous garderiez bien de m'en faire reproche, dans votre fidélité exemplaire, mais je ne le sens que trop bien que je vous néglige un peu ces derniers temps. Ce n'est pas que je n'ai pas assez à vous raconter: c'est plutôt qu'il y en a trop pour pouvoir les rapporter dignement dans ce journal. Essayons tout de même de résumer les concerts de la semaine dernière.</p> <p>Samedi nous avons commencé par un récital de la pianiste bulgare <strong>Lilia Boyadjeva</strong> qui donnait l'intégralité des <strong>Variations Goldberg</strong> de Jean-Sébastien Bach. C'était au <a href="http://www.ccbulgarie.com/" hreflang="fr">Centre culturel bulgare</a> dans le très chic 8e arrondissement de Paris. Peu de pianistes donnent les Variations Goldberg en concert car c'est une oeuvre terriblement exigeante: ces 30 variations résument tout l'art du clavier de Bach en alternant les variations contrapuntiques (dont les deux voix supérieures sont en canon à l'unisson, à la seconde, à la tierce, et ainsi de suite jusqu'à la neuvième) avec des variations de pure virtuosité claveciniste. Lorsqu'on les joue au piano, certaines variations écrites pour un instrument à deux claviers se révèlent particulièrement acrobatiques et nécessitent des croisements de mains et des superpositions diaboliques.</p>
<p><a href="https://www.journaldepapageno.fr/public/musiciens/lilia_boyadjeva_20170128.jpg"><img src="https://www.journaldepapageno.fr/public/musiciens/.lilia_boyadjeva_20170128_s.jpg" alt="" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Lilia Boyadjeva nous a livré une version énergique et vivante de ces variations. En assumant totalement le fait qu'elle les joue sur un piano moderne, elle n'hésite pas à donner une puissance et une ampleur toute symphoniques à certaines variations, ce qui est plutôt une bonne idée. La virtuose bulgare avale sans broncher les rafales de triples croches de certaines variations, mais c'est dans les variations lentes, en sol mineur, toutes en délicatesse, que son jeu me séduit le plus. Ce qui se glisse alors entre les notes ne peut s'expliquer avec des mots, mais ce n'est pas sans doute sans rapport avec la perte de sa fille Nathalie. On ne peut qu'être ému et admiratif devant la façon dont cette pianiste a décidé de transcender son deuil <a href="http://www.association-nathalie.com/index.php/fr/">en créant l'association "Nathalie"</a> qui fait vivre la mémoire de sa fille en organisant des évènements musicaux, des concerts et un concours international "de Bach au Jazz". C'est la réaction d'une artiste généreuse et pleine de vitalité devant un destin injuste.</p>
<p>Le même jour, on enchaîne avec de la musique de chambre au temple du Luxembourg: le <strong>quintette avec piano de Dvorak</strong> suivi du <strong>quatuor à cordes de Ravel</strong>. Joué par des amis, qui sont tous musiciens amateurs, ou plutôt passionnés car le terme "amateur" n'est pas assez fort pour qualifier leur travail non rémunéré. Le plaisir qu'ils ont à jouer ensemble, leur engagement sur chaque note, la complicité, la beauté du son, tout concourt à faire de ce récital un pur moment de bonheur.</p>
<p>Lundi, je suis fort triste car une répétition de quatuor est annulée pour cas de force majeure. Mais à quelque chose malheur est bon, car cela me donne la possibilité d'aller à la maison de la radio écouter mon ami <strong><a href="http://vincent-royer.com/">Vincent Royer</a></strong> en duo avec la clarinettiste québécoise <strong><a href="http://www.lorifreedman.com/">Lori Freedman</a></strong> dans <strong><a href="https://www.francemusique.fr/emissions/a-l-improviste">l'émission "À l'improviste" d'Anne Montaron</a></strong>. Pendant plus de trois quart d'heure les deux virtuoses travailleur le son avec tendresse et avec fureur. Ils explorent joyeusement toutes les possibilités sonores de l'alto et de la clarinette (une basse et une si bémol), y compris celles qui sont tellement folles qu'aucun compositeur n'a encore trouvé le moyen de les noter ou de les utiliser dans une pièce. Il y a vraiment une belle circulation d'énergie entre ces deux artistes. Deux ou trois spectateurs visiblement déconcertés par des sonorités aussi radicales quittent la salle, mais ceux qui restent écoutent avec une grande attention. Les ingénieurs de Radio France ont discrètement et très efficacement amplifié les deux instruments, ce qui se justifie compte tenu de la taille du studio et de leur propension à explorer des effets très subtils dans des nuances forcément pianissimo. En deuxième partie, c'est l'excellent <strong><a href="http://www.marcducret.com/">Marc Ducret</a></strong> en solo qui nous épate avec ses guitares électriques. En l'entendant je comprends que les guitariste de rock (y compris ceux du hard rock) n'utilisent que 10% de leur instrument. La diversité incroyable des sonorités qu'il fabrique en jouant sur toutes les caractéristiques de l'instrument est incroyable. Je me dis aussi que la voie de l'avenir pour les musiciens est à chercher sans doute davantage du côté de la lutherie électrique et électronique que du côté des instruments classiques dont les possibilités ont été explorées en long, en large et en travers.</p>
<p><a href="https://www.journaldepapageno.fr/public/musiciens/vincent_royer_lori_freedman_2017_01_30.jpg" title="vincent_royer_lori_freedman_2017_01_30.jpg"><img src="https://www.journaldepapageno.fr/public/musiciens/.vincent_royer_lori_freedman_2017_01_30_m.jpg" alt="vincent_royer_lori_freedman_2017_01_30.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></a></p>
<p>Mercredi nous travaillons le <strong>concerto pour violoncelle et orchestre de Dvorak</strong> avec <strong>Raphaël Merlin</strong> (violoncelliste du quatuor Ébène, entre autres) et l'orchestre <a href="http://www.ut5.fr/">Ut Cinquième</a>. En l'absence du chef d'orchestre, nous travaillons directement avec le soliste qui s'installe face à l'orchestre et nous dirige depuis son violoncelle. Personnellement, je ne suis pas un énorme fan de Dvorak, mais cela ne m'empêche pas de jouer de bon coeur ce concerto, et de profiter pleinement de l'énergie et l'enthousiasme communicatifs de Raphaël Merlin. Un pur bonheur !! Concerts prévus les 16, 18 et 19 mars prochains à Paris.</p>
<p><a href="https://www.journaldepapageno.fr/public/ut5/ut5_2017_03_en_preparation.jpg" title="ut5_2017_03_en_preparation.jpg"><img src="https://www.journaldepapageno.fr/public/ut5/.ut5_2017_03_en_preparation_m.jpg" alt="ut5_2017_03_en_preparation.jpg" title="ut5_2017_03_en_preparation.jpg, fév. 2017" style="margin: 0 auto; display: block;" /></a></p>
<p>Jeudi c'est à la Philharmonie de Paris que ça se passe avec un concert de l'<strong>Orchestre de Paris</strong>, dirigé par <strong>Daniel Harding</strong>. En première partie nous écoutons les <strong>Dances de la Terre (<em>Earth Dances</em>) d'Harrison Birtwistle</strong>. Cette grande fresque orchestrale a été parfois comparée au Sacre du Printemps, elle en a l'énergie rythmique. C'est du beau travail vraiment (je parle de la composition), avec une superposition complexe de plans sonores contrastés (une phrase mélodique très étirée dans une nuance piano peut être superposée avec deux ou trois autres beaucoup plus rapides et rythmiques). C'est atonal mais pas plus dissonant que n'importe quelle pièce de Bartok, Varèse ou Strawinwky justement. Bref c'est un classique du XXe siècle. Mais il y a un énorme problème avec les musiciens. Mis à part les cinq percussionnistes (huit si on compte le piano et les harpes) qui s'amusent comme des petits fous et profitent de leur rôle proéminent, les musiciens de l'orchestre de Paris sont d'une passivité et d'une mollesse incroyables. Ils jouent les notes, vu qu'ils sont sur scène et payés pour ça, mais rien de plus. Ils restent au fond de leur chaise, le nez dans la partition, attentifs au notes mais indifférents au reste de l'orchestre. Bien sûr, avec aussi peu d'engagement (et peut-être même une certaine hostilité sourde ?) le résultat sonore ne peut être que profondément ennuyeux, et il l'est. Mais n'importe quelle pièce le serait quand elle est jouée sans énergie, sans présence dans chaque note, chaque phrase mélodique ou rythmique. Même la Symphonie Fantastique ou l'Oiseau de Feu deviendraient un passeport pour l'ennui si elles étaient aussi mal jouées. Coincés dans une attitude passive-agressive et peut-être dans leurs préjugés sur la musique "moderne" ou "contemporaine", l'immense majorité des musiciens de l'orchestre de Paris semblent grincer des dents en attendant que le temps passe, et le public aussi pour le coup. Quel stupide gâchis ! Si c'est pour jouer comme ça, ils auraient mieux fait de rester chez eux, et nous aussi.</p>
<p>Après l'entracte, nous avons droit au premier concerto de <strong>Brahms</strong>, avec le pianiste <strong>Paul Lewis</strong> en soliste. L'interprétation est beaucoup plus convaincante. Les corps bougent avec la musique, accompagnant les gestes mélodiques et harmoniques, et les violonistes, même lorsqu'ils n'ont que deux notes à jouer, y mettent du coeur. De très belles couleurs à l'orchestre, notamment dans les nuances piano et pianissimo. Paul Lewis semble surmonter sans trop de mal les difficultés d'une partie virtuose et même athlétique par moments, tout en nous offrant beaucoup de délicatesse dans les passages plus calmes. Quant à Daniel Harding, très impliqué et énergique (davantage que dans le Birtwistle), il dirige les cordes notamment avec doigté et finesse, en restant attentif aux nombreux solo des instruments à vent (cor, hautbois, flûte). Une deuxième mi-temps tout à fait honorable et plaisante, mais qui ne m'empêchera pas de réclamer le remboursement de la moitié de mon billet pour la scandaleuse première partie.</p>Nouvel album du quatuor B.R.A.C.urn:md5:bae4c9c38a120d459b19eec2216987232014-12-14T10:44:00+01:002014-12-14T14:26:06+01:00Patrick LoiseleurDisquesaltocontrebassedisqueimprovisationmusique contemporainequatuorVincent Royerviolonvioloncelle<p>Vincent Royer m'écrit: </p>
<blockquote><p>Le <a href="http://benoit.cancoin.free.fr/quatuorbrac.htm">Quatuor Brac</a> est très heureux de vous annoncer la sortie de son second disque « Hall des Chars » chez <a href="http://brac.blumlein.net/BRAC_fr.html">blumlein records</a> (disque également disponible chez <a href="http://www.metamkine.com/?monlabelrec=1750">Metamkine</a>).</p>
<p>Ce CD est l’enregistrement de notre concert donné à Strasbourg, Hall des Chars le 13 mai 2014. </p>
<p>Andrew Levine a reçu à Cologne le vendredi 21 novembre 2014 le « <a href="http://mobile.blumlein.net/goldenerBobby_fr.html">Goldener Bobby </a>» pour cet enregistrement, premier prix de la catégorie « Classical / instrumental ».</p>
</blockquote> <p>J'avais déjà dit <a href="https://www.journaldepapageno.fr/index.php/post/2014/05/15/Le-quatuor-B.R.A.C.-%C3%A0-l-improviste">dans ce Journal</a> tout le bien que que pensais de ces quatres musiciens et de leur travail, alors n'hésitez pas: pour Noël, offrez à Tata Germaine du son qui défrise un peu plutôt qu'une n-ième version de l'oratorio de Noël de JSB (oeuvre magnifique s'il en est, mais qu'elle possède déjà en triple exemplaire). Ou bien mettez l'ambiance au réveillon de l'Amicale des Mélomanes Bisontins en disant: "je vais vous passez la première plage d'un disque, et je donne 10.000€ et un bon pour un câlin gratuit à celui qui devine le nom du compositeur".</p>La porte ouverte: musique et poésie le 20 septembre à l'église des Billettesurn:md5:20d2b66a5c8b3e8e9d8b3cfbe3fe93b42014-09-19T11:35:00+02:002014-09-19T10:48:45+02:00Patrick LoiseleurConcertsartclarinettecompositionconcertcréationimprovisationinstallationlittératuremusique contemporainemusique électroniquepoésievioloncellevoix<p>L'Ensemble Regards et l'association Musique et Poésie vous convient à <strong>La porte ouverte</strong>, le <strong>samedi 20 septembre à 18h30</strong> en l'église des Billettes (24 rue des Archives à Paris). Au programme, quatre créations qui associent un compositeur et un poète, et pour trois d'entre elles instruments acoustiques et musique électronique. Si j'avoue bien volontiers que je ne connais aucun des artistes impliqués dans ce projet, ce sera l'occasion de les découvrir justement.</p> <p><a href="https://www.journaldepapageno.fr/public/concerts/la_porte_ouverte_20_septembre_2014.jpg" title="la_porte_ouverte_20_septembre_2014.jpg"><img src="https://www.journaldepapageno.fr/public/concerts/.la_porte_ouverte_20_septembre_2014_m.jpg" alt="la_porte_ouverte_20_septembre_2014.jpg" title="la_porte_ouverte_20_septembre_2014.jpg, sept. 2014" style="margin: 0 auto; display: block;" /></a></p>
<p>Voici le détail du programme:</p>
<ul><li>Vincent Trollet / Gabrielle Althen : <em>Revival</em> (soprano, clarinette et violoncelle)</li>
<li>Carlos de Castellarnau / Etel Adnan : <em>Tamalpais</em> (soprano, clarinette et violoncelle et électronique)</li>
<li>Grégoire Lorieux /Lionel Jung-Allégret : <em>L'autre côté du ciel</em> (quatuor vocal et électronique)</li>
<li>Keita Matsumiya : <em>Les flots s'élèvent</em> (électroacoustique) improvisations avec Irène Lecoq, violon et le poète Zéno Bianu.</li>
</ul>
<p>Avec les instrumentistes et chanteurs de l'Ensemble Regards (direction : Julien Bénéteau). L'entrée est libre, et des installations sonores sont prévues à partir de 11h dans le cloître. Le tout est programmé dans le cadres des journées européennes du patrimoine. Voilà, vous savez tout ! Venez nombreux.</p>Le quatuor B.R.A.C. à l'improvisteurn:md5:25fbbe715c03d975aea674dcb1cab29d2014-05-15T22:32:00+02:002014-05-15T21:35:11+02:00Patrick LoiseleurConcertsaltocontrebasseimprovisationradioVincent Royerviolonvioloncelle<p>Entendu hier à la maison de la Radio, le <a href="http://benoit.cancoin.perso.neuf.fr/quatuorbrac.html" hreflang="fr">quatuor B.R.A.C.</a> pour <a href="http://www.francemusique.fr/agenda/l-improviste-avec-le-quatuor-b-r-c-tiziana-bertoncini-vincent-royer-martine-altenburger-et-benoit">l'émission "À l'improviste" d'Anne Montaron</a>. Les quatre musiciens (Tiziana Bertoncini, violon, Vincent Royer, alto, Martine Altenburger, violoncelle et Benoît Cancoin, contrebasse) se connaissent bien et travaillent ensemble depuis plusieurs années déjà. Il nous ont offert une très belle improvisation de 50 minutes, toute en couleurs et en contrastes. Une belle énergie circule entre ces musiciens intensément connectés entre eux tout en gardant chacun son style et sa personnalité</p> <p>Le travail sur le son est très poussé et pourrait faire penser à du Lachenmann, en moins austère. Parce que je connais un peu son énergie, j'étais peut-être le seul à ne pas sursauter lorsque, les quatre musiciens étant quasiment parvenus à l'incandescence, Vincent Royer poussa un grand cri en tapant du pied, apportant une franche coupure qui introduisit un passage pianissimo où j'entendis une grande tristesse qui me mit les larmes aux yeux. Vérification faite en bavardant avec les musiciens après l'enregistrement, ce geste spectaculaire était... improvisé, comme tout le reste, mais la façon dont il a été acueilli par les camarades de Vincent Royer montre beaucoup un certain respect, une qualité d'écoute et d'ouverture qui fait tout le sel d'une bonne impro. Un grand Bravo aux B.R.A.C !</p>
<p>
<a href="https://www.journaldepapageno.fr/public/impros/2014-05-12_19.32.51.jpg" title="brac_12mai2014"><img src="https://www.journaldepapageno.fr/public/impros/.2014-05-12_19.32.51_m.jpg" alt="brac_12mai2014" style="margin: 0 auto; display: block;" title="brac_12mai2014, mai 2014" /></a></p>
<p>Après l'enregistrement, outre le plaisir de serrer la pince à Anne Montaron,
dont j'avais souvent entendu la voix à la radio (elle présente A l'improviste
mais aussi Alla breve sur France Musique), j'eus celui de bavarder avec l'ami
Vincent. Il m'a dit notamment que ce projet de concert d'altos à Cologne (avec
notamment une improvisation préparée par ses soins et ma pièce pour 13 altos)
lui a permis de se rapprocher de ses collègues du Gürzenich Orchester Köln, et
de réunir ses deux activités, celle de musicien d'orchestre et celle d'altiste
soliste spécialisé dans le contemporain et l'improvisation.</p>
<p>L'improvisation nourrit l'imagination et le désir du compositeur: on voit
parfois la musique écrite comme un parcours à sens unique qui descend du
compositeur à l'interprète et de l'interprète au public. En réalité, l'énergie,
la passion, l'inspiration circulent en tous sens entre ceux qui jouent, ceux qui
écoutent, et ceux qui écrivent. Et peut-être le XXIe siècle verra-t-il revivre
l'époque bénie que Glenn Gould voyait dans le XVIIIe siècle viennois sous
Frédéric II, à l'époque de Haydn et Mozart, lorsque la plupart des aristocrates
étaient mélomanes, interprètes, improvisateurs et compositeurs. Quant à moi,
après quelques tentatives plutôt réussies de passages semi-improvisé dans des
pièces comme la Victoire de Guernica, j'ai bien l'intention de récidiver et
d'utiliser davantage l'improvisation dans mes partitions futures. Quitte à
fournir suffisamment d'instructions et explications pour encourager les
interprètes qui diraient "je ne sais pas improviser", phrase devenue banale tant
le système éducatif de la musique classique produit d'inhibitions. Une seule
consigne pour ces musiciens qui ne croient pas en eux: Osez !
</p>Can you smile ? Yes we can !urn:md5:786dd12b9629b2f800b7008f96cf85ee2013-12-13T11:46:00+01:002013-12-13T13:20:25+01:00Patrick LoiseleurConcertscontrebassecréationdisqueguitareimprovisationmusique contemporaineviolonvioloncelle<p>Entendu mardi dernier à la <a href="http://www.banlieuesbleues.org/" hreflang="fr">Dynamo des banlieues bleues</a> (une petite salle de Pantin), un très réjouissant concert d'improvisation proposé par le <span style="font-size: 12px;"><a href="http://www.tricollectif.fr/theo-ceccaldi-trio/" hreflang="fr" title="Théo Ceccaldi trio">Théo Ceccaldi trio</a> </span>(constitué des frères Ceccaldi aux Violon/Alto et Violoncelle et de Guillaume Aknine à la guitare électrique) et l'excellente <a href="http://www.joelle-leandre.com/" hreflang="fr" title="Joëlle Léandre">Joëlle Léandre</a> (Contrebasse).</p> <p>Ce quatuor vient de sortir un album <a href="http://www.ayler.com/theo-ceccaldi-trio-joelle-leandre-can-you-smile.html" hreflang="fr" title="Can you smile ? Ceccaldi Leandre">"Can you smile ?"</a> dont il nous présentait une sélection. "Improvisation" ne signifie pas que les musiciens n'ont rien péparé, cela désigne plutôt une composition collective fixée uniquement dans la mémoire des musiciens et non sur papier.</p>
<p>Pour résumer mes impressions: que du plaisir ! Le jeu des cordes est inventif, le travail sur le son est très fouillé et très énergique. La fougue, l'énergie virtuose, le rayonnement de Joëlle Léandre entre en résonnance avec le jeu un peu moins abouti mais très engagé du trio Ceccaldi. Cela ressemble davantage à du Lachenmann où à du Grisey qu'à du Nicolas Bacri, même si on trouve des moments plus calmes et des lignes mélodiques aussi par moments. L'espace sonoere ouvert par ce quatuor est d'une richesse quasi orchestrale. L'engagement des musiciens, la qualité d'écoute et la circulation d'énergie entre eux fait vraiment plaisir à entendre et à voir.</p>
<p><a href="http://www.ayler.com/theo-ceccaldi-trio-joelle-leandre-can-you-smile.html" hreflang="fr" title="Can you smile Leandre Ceccaldi"><img src="https://www.journaldepapageno.fr/public/disques/aylcd-136-can-you-smile.jpg" alt="aylcd-136-can-you-smile.jpg" title="aylcd-136-can-you-smile.jpg, déc. 2013" style="margin: 0 auto; display: block;" /></a></p>
<p>A-t-on envie de sourire en écoutant cela ? Certainement, surtout dans le dernier morceau où Joëlle Léandre nous offre ses talents de vocaliste. Elle parle et chante, produisant un flot désordonné mais musicalement cohérent de syllables et d'onomatopées d'où émergent quelques fragments étranges comme "Sonate", "Beethoven" ou "Mi bémol"...</p>
<p>En deuxième partie nous avons entendu le contrebassiste américan John Hébert en trio avec le batteur Gerald Cleaver et le pianiste Benoît Delbecq. C'était du jazz plus traditionnel et à dire vrai je me suis pluitôt ennuyé.</p>L'art de l'improvisation par Jean-François Zygelurn:md5:292db9383f19a2702013b5e260dfe4bc2008-08-07T18:20:00+00:002017-05-14T09:49:20+00:00Patrick LoiseleurHumeurimprovisationJean-François ZygelMusicalp<p>Le journal de Papageno prend de l'altitude cette semaine (1850 mètres) car son auteur suit un stage de musique à Courchevel. Parmi les rencontres et les découvertes de cette semaine: Karine Lethiec, altiste et chambriste exceptionelle, Krystof Maratka, son mari, compositeur, mais également Jean-François Zygel, un pianiste qui s'est fait connaître surtout pour ses émissions pédagogiques à la radio et à la télé. Il donnait cette après-midi un cours d'improvisation public qui s'est avéré tout à fait stimulant.</p> <p>D'abord quelques remarques générales: Bach, Mozart, Liszt, Chopin et Beethoven improvisaient autant qu'ils composaient; l'improvisation est la chose la plus naturelle au monde (mettez un enfant devant n'importe quel instrument, il commencera à improviser); enfin les interprètes de musique "classique", par leur éducation, ne savent rien jouer qui ne soit pas écrit sur une partition.</p>
<p>Après ces prolégomènes, place aux travaux pratiques: six pianistes (dont votre serviteur, usurpant au passage le titre de "pianiste" mais pratiquant régulièrement l'improvisation) sont invités à improviser. Jean-François Zygel fait quelques remarques assez frappantes sur les points communs entre les 6 apprentis improvisateurs:</p>
<ul>
<li>une structure rythmique très lâche</li>
<li>l'abus de la pédale</li>
<li>peu de dynamique (on est autour du mezzo-piano tout le temps)</li>
<li>des mélodies surtout conjointes, c'est à dire basées sur des petits bouts de gamme ascendantes ou descendantes</li>
<li>une main gauche peu active</li>
<li>des harmonies essentiellement tonales (sauf pour l'un des six, je vous laisse deviner lequel)</li>
</ul>
<p>Puis les élèves sont invités à improviser à nouveau, en travaillant tel ou tel aspect: le rythme, l'usage des dissonances, la transition entre un motif ou un autre, la main gauche, la dynamique. Le meilleur moment étant un quatre mains avec Monsieur Zygel aux basses et les élèves se relayant dans l'aigu. On peut alors échanger des motifs, se synchroniser ou se dé-synchroniser, brouiller ou simplifier les harmonies: le tout est aussi réjouissant à jouer qu'à entendre.</p>
<p>Mais il n'y a pas que des pianistes dans l'académie MusicAlp: aussi violonistes, clarinettistes, violoncellistes montent sur scène. Une hautboïste a apporté un duduk, sorte de hautbois traditionnel au son discret mais enchanteur; son camarade prend le hautbois d'amour (à peine plus grand qu'un hautbois avec un son beaucoup plus rond qui fait presque penser au cor anglais). Après des débuts un peu laborieux, chacun des 25 musiciens jouant sans écouter les autres, l'orchestre improvisé commence à prendre forme, et avec un chef d'orchestre qui donne des directions (ou reprend des idées) depuis le piano, finit par une pièce tout à fait roborative et étonnante.</p>
<p>Même si l'improvisation semble revenir en grâce ces dernières années dans le milieu du "classique" (avec des improvisateurs comme Thierry Escaich, Karol Beffa, Jean-François Zygel ou Gabriela Montero), cette pratique reste largement sous-développée et étrangement absente des conservatoires. Même si improviser en public en arrivant à intéresser le public plus de 3 minutes demande pas mal de travail et de pratique, des connaissances en harmonie et en composition, et qu'on ne saurait demander à tous les musiciens d'improviser de la sorte, une petite cure d'improvisation est à recommander d'urgence à tous les instrumentistes qui souffriraient d'une coincite aigüe (maladie qui se manifeste notamment par le trac et la raideur lorsqu'on joue devant le public). Le gros avantage de l'improvisation est qu'elle replace l'oreille au centre de la pratique musicale. Si on ne joue que des notes écrites, l'oeil peut prendre le pas sur l'oreille, et la musique devient alors comme le latin: une langue morte.</p>Requiem improviséurn:md5:d3daa3f6acaf4650144d1b14a7a73a402008-05-11T19:02:00+00:002017-05-13T15:42:51+00:00Patrick LoiseleurHumeurimprovisationpianoélégie<p>Lu dans le Parisien, rubrique Fait divers: une cycliste renversé par un bus à Paris, place Franz Liszt. Puis dans <a href="http://www.lemondedelamusique.fr/a-chaud/articles/article//mort-de-la-violoniste-francoise-couvert.html" hreflang="fr">le Monde de la musique</a>: la victime était une violoniste ayant mon âge ou presque, qui travaillait dans des orchestres comme l'Orchestre de la Grande Écurie ou la Chambre du Roy.</p> <p>Ainsi va notre vie: nous faisons quelques ronds dans l'eau, quelques pas de danse; nous jouons quelques notes avec nos amis, légères comme des bulles de savon; puis un bus oublie de freiner et hop, tout s'arrête.</p>
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