Le journal de papageno - Mot-clé - monopoleLe Journal de Papageno est un blog francophone consacré à la musique classique et contemporaine.2023-08-18T08:55:10+02:00Patrick Loiseleururn:md5:e3d6f6e2ebef7c45d0c5e125b87d9f0aDotclearLe nouveau site de Tamino Productions est en ligneurn:md5:bfbd2b4dd2c240b11e1661a8ba4323c52016-10-23T10:23:00+02:002016-10-23T13:17:37+02:00Patrick LoiseleurÉditioninternetmonopolepartitionTamino Productionsédition<p>Chères lectrices, vous l'attendiez depuis des années, il est enfin arrivé ! Quoi ? Le nouveau site des éditions <a href="https://tamino-productions.com/" hreflang="en" title="Tamino Productions">Tamino Productions</a>.</p>
<p><a href="https://tamino-productions.com/"><img alt="Tamino_logo_horizontal.png" class="media" src="https://www.journaldepapageno.fr/public/tamino/Tamino_logo_horizontal.png" /></a></p> <p>Il y a longtemps déjà <a class="ref-post" href="https://www.journaldepapageno.fr/index.php/post/2011/09/14/SibeliusMusic-devient-ScoreExchange">je vous avais fait part de mon projet</a> pour mieux éditer les partitions, les miennes et celles des autres compositeurs. En effet, le modèle traditionnel de l'édition touche ses limites à l'âge de l'internet.</p>
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<li>Le format papier tend à disparaître au profit du PDF, de nombreux musiciens utilisant désormais des tablettes en guise de pupitre électronique (le <a class="ref-post" href="https://www.journaldepapageno.fr/index.php/post/2008/06/07/229-le-pupitre-electronique">pupitre électronique</a> qu'on attendait il y a quelques années existe en fait déjà: n'importe quelle tablette 10 ou 12 pouces remplit très bien cette fonction grâce à des applications dédiées).</li>
<li>Le monopole excessif concédé par un législateur trop complaisant (70 ans après la mort du compositeur !!) n'encourage pas les éditeurs à faire des efforts pour promouvoir la musique des 20 dernières années; ils vont plutôt se battre pour prolonger leur monopole ou obtenir des subsides publics au titre de la copie privée.</li>
<li>Comme tous les monopoles, celui des éditeurs a comme conséquence des prix élevés et un service médiocre. Essayer de louer le matériel d'orchestre pour jouer le concerto de Ligeti pour piano et orchestre, et vous m'en donnerez des nouvelles. Pas étonnant que beaucoup de chefs ou de pianistes joueront plutôt les concertos de Chopin. Un chef d'orchstre Belge spécialisé dan le contemporain m'a confié lorsqu'on veut défendre la musique d'aujourd'hui, les éditeurs font partie des obstacles et non des aides.</li>
<li>Même si on a l'argent, il reste compliqué de commander des partitions sur Internet, beaucoup d'éditeurs n'ayant pas de site de vente en ligne.</li>
<li>De nombreuses partitions sont orphelines c'est à dire épuisées et non rééditées. Tout en restant verrouillées au niveau des droits, on ne les trouve guère qu'en bibliothèque, si on a de la chance</li>
<li>Les stocks papier coûtent cher aux éditeurs qui mettent régulièrement des bibliothèques entières au pilon. Les technologies modernes, qui permettent d'imprimer à la demande et à l'unité, pour un surcoût modeste comparé à l'impression classique, sont peu utilisées</li>
</ul>
<p>En réaction à ces problèmes bien connus, <a href="https://tamino-productions.com/" hreflang="en">Tamino Productions</a> vise à être un éditeur pour les compositeurs et les interprètes du XXIe siècle:</p>
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<li>Tout le catalogue accessible en ligne dans le monde entier</li>
<li>Des partitions vendues au format électronique (en PDF) ou bien imprimées à la demande</li>
<li>Un contrat d'édition non exclusif, plus équitable avec les compositeurs </li>
<li>Une meilleure rémunération pour les compositeurs et arrangeurs</li>
<li>Une structure de coûts légère qui permet à l'éditeur et au compositeur de gagner de l'argent dès le premier exemplaire vendu</li>
<li>Des clients respectés dans leur droit à la copie privée, grâce aux fichiers PDF non verrouillés par les DRM</li>
</ul>
<p>Concernant le site internet lui-même, il a été conçu avec les technologies récentes (HTML5, CSS, Fully responsive, je vous épargne le jargon habituel), avec une maquette assez dépouillée en blanc et bleu pour une navigation fluide sur les ordinateurs aussi bien que sur les tablettes et smartphones. Il permet d'ajouter des extraits audio et vidéo pour mettre en valeur les partitions proposées, et chaque client dispose d'une page lui permettant de re-télécharger les partitions qu'il a achetées.</p>
<p>Le <a href="https://tamino-productions.com/">nouveau site internet</a> a été lancé cette semaine avec une quinzaine de partitions, nombre qui devrait monter à 200 d'ici à la fin de l'année. De plus, une fois que le comité éditorial sera en place, un appel à compositeurs sera lancé prochainement pour enrichir le catalogue dans les années à venir. Aventure à suivre...</p>Philharmonie: le coup de gueule de Jean Nouvelurn:md5:5a399c239a7cb8b59826b376f26f6eab2015-01-14T17:48:00+01:002015-01-23T14:56:24+01:00Patrick LoiseleurGénéralarchitectureconcertmonopolemusique classiqueParispolitique<p>A lire dans le Monde du 14 janvier, <q><a href="http://www.lemonde.fr/architecture/article/2015/01/14/jean-nouvel-pourquoi-je-n-irai-pas-a-l-inauguration-de-la-philharmonie_4555902_1809550.html" hreflang="fr" title="Pourquoi je n'irai pas à l'inauguration de la Philharmonie">Pourquoi je n'irai pas à l'inauguration de la Philharmonie</a> </q> par l'architecte Jean Nouve, publiée à quelques heures du premier concert du Gala d'ouverture.</p> <p>Je n'ai aucun commentaire personnel à ajouter, sinon que ce type de couacs entre architecte aux vues grandioses et maître d'ouvrage soucieux de tenir son budget est relativement fréquent dans les grands projets culturels. Je note aussi que Jean Nouvel adresse des reproches contradictoires à Laurent Bayle, directeur de la cité de la musique, puisqu'il l'accuse à la fois d'être radin et de gaspiller l'argent public. J'invite plutôt nos lecteurs à écouter ou regarder <a href="http://concert.arte.tv/fr/collections/inauguration-de-la-philharmonie-de-paris" hreflang="fr">le concert d'inauguration sur Arte</a> qui honore la musique française avec notamment une création de Thierry Escaich. Place à la musique !</p>La pétition que je ne signerai pasurn:md5:6ee8d19d35dd1af60615e2f2b36bc9e22014-01-30T11:56:00+01:002014-01-30T19:50:45+01:00Patrick LoiseleurHumeurdroit d auteurmonopole<p>Dire "oui à la culture en Europe avec les créateurs", personne ne saurait s'y opposer, n'est-ce pas ? C'est ce que prétend faire la soi-disant pétition orchestrée par les sociétés de droit d'auteur sur le site CreatorsForEurope. Et moi qui suis un créateur et un Européen convaincu et passionné, je vous dis: ne signez pas cette pétition. Au contraire, réclamez à vos députés européens un allègement du droit d'auteur !</p> <p>Suis-je donc masochiste et opposé à mon propre intérêt ? Point ! Simplement lucide. Les lois actuelles sur le droit d'auteur sont excessives, elles favorisent les rentes de situation et nullement la création. Il faut le dire haut et fort: <strong>il y en a assez de tous ces parasites, éditeurs, ayant-droit, producteurs et autres qui vivent de rentes sur le dos d'artistes morts et enterrés depuis longtemps</strong>. Comment se fait-il que la musique de Rachmaninoff, disparu en 1945, ne soit pas encore dans le domaine public ? Trouvez-vous normal que plus de 80 ans après la mort du compositeur, le Boléro de Ravel continuait de générait <a href="http://www.theguardian.com/education/2001/apr/25/arts.highereducation" hreflang="en">plusieurs millions d'euros par an qui disparaissaient dans des paradis fiscaux, au profit d'un ancien directeur de la SACEM</a> ? N'est-ce pas une honte que les Préludes composés par Olivier Messiaen dans les années 1930 soient le monopole d'un seul éditeur jusqu'en 2060 au moins ?</p>
<p>Le droit d'auteur est un monopole accordé par l'Etat à un éditeur (ne parlons pas de l'auteur, qui ne touche que des miettes le plus souvent): celui de reproduire et de diffuser une oeuvre d'art. Pour être compatible avec l'intérêt général, ce monopole doit être limité dans le temps. A titre de comparaison, le monopole sur les nouveaux médicaments est limité à 20 ans. Compte tenu des 10 à 12 ans que prend la mise sur le marché d'un médicament, c'est 8 à 10 ans seulement dont les "Big Pharma" disposent pour rentabiliser leurs investissements avant que les "génériques" soient autorisés, ce qui fait baisser bien sûr les prix. La durée du monopole concédé pour la musique (au moins 100 ans en pratique pour un jeune compositeur) fait davantage penser à celle d'un bail emphytéotique. Et si vous n'avez jamais entendu parler d'un bail emphytéotique, sachez seulement que c'est un genre d'arnaque légale qui permet à un petit nombre de familles au Royaume-Uni de "vendre" ou plutôt de monétiser leur biens fonciers tout en gardant la propriété sur le long terme, avec des baux de 99 ans payables d'avance...</p>
<p>L'excès de droit d'auteur fait du mal à la création et aux créateurs. Il m'empêche par exemple si je réalisais une adaptation ou orchestration d'une pièce de Rachmaninoff, de la publier sans l'accord de l'éditeur. Et ce n'est pas un point de détail ! Est-ce que la musique de Bach, Beethoven ou Schubert serait aussi bien servie si on n'avait pas la liberté de l'arranger, de la retranscrire, ou même de la re-mixer, de l'utiliser comme un matériau parmi d'autres dans un travail de création ? L'excès de droit d'auteur fait du mal à la musique contemporaine. Le monopole ne poussant pas les éditeurs à faire des efforts, la location de matériel d'orchestre pour une pièce de Ligeti ou Berio est excessivement chère, et le service est souvent médiocre. C'est un grand chef d'orchestre belge qui me l'a confié il y a quelque temps: lorsqu'on aime la musique d'aujourd'hui, on rencontre de nombreux obstacles pour la faire connaître et apprécier du public; mais les éditeurs font aujourd'hui partie des obstacles, et ne jouent aucunement le rôle moteur qu'on attendrait d'eux.</p>
<p>Si un droit d'auteur aussi rigoureux avait été en vigueur à l'époque de Mozart, il n'aurait pas pu écrire ses adaptations de fugues de Bach (avec des préludes de sa main) pour trio à cordes. Ou peut-être s'il l'avait fait aurait-il été poursuivi pour contrefaçon par l'éditeur... Franz Liszt n'aurait pas pu faire figurer des vers de Lamartine sur sa partition des <em>Harmonies poétiques et religieuses</em>. Beethoen n'aurait pas pu écrire de variations sur l'air de <em>La ci darem la mano</em> (tiré de l'opéra Don Giovanni d'un certain Mozart). On pourrait multiplier les exemples à l'infini.</p>
<p>Si on réduisait la durée du droit monopolistique des éditeurs de façon plus raisonnable (par exemple le maximum entre 20 ans après le dépôt de l'oeuvre et la date de décès de l'auteur), les éditeurs feraient davantage d'efforts, ou plutôt ils commenceraient à faire des efforts pour valoriser le travail des musiciens d'aujourd'hui. Actuellement leurs seuls efforts sont concentrés sur le lobbying à Bruxelles pour augmenter la duré de la rente monopolistique sur le catalogue existant.</p>
<p>Et moi je vous dis: libérez la musique des compositeurs morts ! Pour le plus grand bien de la culture et de la création, arrêtez de la verouiller au profit d'une poignée de rentiers ! Laissez-nous autres musiciens pratiquer la musique comme nous le faisons depuis l'aube des temps, en s'inspirant du travail des autres, en le copiant, en le relisantt de façon créative, en l'arrangeant, en l'intégrant à notre travail. Mettez fin à la dictature des "ayant droit" et au monopole excessif des éditeurs ! Laissez-nous distribuer le résultat de notre travail sous des licences permissives comme les Creative Commons, dans une logique de l'abondance, du partage et de l'effervescence artistique plutôt qu'une logique de la rareté et du profit comptable. Et surtout, jamais ô grand jamais, messieurs les éditeurs, ne prétendez jamais que vous représentez les artistes ni que votre lobbying leur est profitable. Car c'est là le plus gros de vos mensonges.</p>