Pour ou contre la Philarmponie de Paris ?

C'est un vieux serpent de mer de la vie musicale parisienne: voilà plus de 20 ans maintenant qu'on parlait de la création d'une grande salle de 2500 places dédiée principalement aux concerts symphoniques.

De fait l'emplacement existe, puisqu'un espace vide avait été réservé pour cette salle lors de la construction de la Cité de la Musique à la Villette.

Le projet est maintenant lancé et financé par la Mairie et le Ministère de la Culture, il s'appellera Philharmonie de Paris. L'architecte principal, Jean Nouvel a posté sur YouTube une vision de l'avant-projet:

(avec un court extrait de La Mer de Claude Debussy, j'ignore quel orchestre joue, et même si les droits ont été payés !). Visiblement les spectateurs vont entourer l'orchestre de toutes parts, sur le modèle de la Philarmonie de Berlin.

Est-ce que cette nouvelle salle menace l'équilibre des salles existantes (Pleyel, Gaveau, Théâtre du Châtelet) ? Ceux qui l'affirment sont dans la même logique que les chauffeurs de taxis qui refusent l'augmentation du nombre de licences: une économie de la rareté et de la pénurie, ce qui signifie des recettes assurées pour les producteurs de spectacles, mais pour nous autres des spectacles rares et chers, difficiles d'accès (il faut réserver longtemps à l'avance) et des conditions pas toujours optimales: strapontins inconfortables, places aveugle, acoustique médiocre, etc.

Si on ajoute un autre auditorium de 1500 places qui doit arriver lui aussi en 2012 à la maison de Radio France, cet article sur le site Evene évalue l'offre totale de spectacles en concert symphonique dans la capitale à 6500 places chaque jour, ce qui fait craindre des salles à moitié vides (et des investissements difficiles à rentabiliser pour les salles privées).

Toutes ces craintes sont parfaitement infondées si on se base sur l'exemple espagnol. En Espagne, une politique culturelle ambitieuse a conduit depuis les années 1980 à la création de magnifiques Auditoriums dans toutes les villes grandes et moyennes. Citons par exemple le Palacio Euskalduna a Bilbao, une salle de 2200 places pour une ville de seulement 350.000 habitants (900.000 avec l'agglomération). Cette politique de l'offre a tout simplement créé un public là ou il n'y en avait pas, un public nombreux et fidèle.

Un autre exemple: en doublant la capacité de l'Opéra de Paris avec la création de l'Opéra Bastille, on n'a pas fait fuir le public, bien au contraire. Pourquoi ce qui est vrai pour la musique lyrique ne serait pas vrai pour la musique symphonique ?

Il n'y a donc aucune inquiétude à avoir: vive la Philharmonie de Paris ! Souhaitons qu'elle arrive un jour à la même célébrité que celles de Vienne ou Berlin.