Concert Ut Cinquième

Hier soir au concert de l'orchestre Ut Cinquième à Sainte-Croix des Arméniens:

affiche

  • une magnifique version du Double Concerto de Brahms. Les solistes, Sarah Nemtanu au violon et Cyrille Lacrouts au violoncelle, sont solistes à L'Opéra et au National respectivement. C'est manifestement l'occasion de jouer ensemble qui les motivait tout autant que celle de se produire en solite (et la motivation est importante, car les solistes comme les chefs ne sont pas rémunérés lorsqu'ils travaillent Ut Cinquième, la seule formation 100% amateur que je connaisse, ayant ce niveau du moins). C'était très brahmsien, très romantique, le finale magnifiquement enlevé. Il y a quelques années j'avais joué cette partition (comme altiste) dans ce même orchestre, et comme souvent avec Brahms, c'est une écriture dense, complexe rythmiquement. J'ai la nette impression que l'orchestre a progressé: en précision des attaques, en intonation aussi (souvent le point faible des formations d'amateurs)
  • en deuxième partie, les tableaux d'une exposition (Moussorgski orchestré par Ravel). Je suis un grand fan de Moussorgski en général, c'est certainement le musicien le plus brillant, le plus original, le plus inspiré de la "bande des cinq". Dans cette débauche de couleurs orchestrales (l'orchestre utilisé pour le concerto de Brahms s'enrichit d'autres instruments: tuba, contrebasson, clarinette basse, saxophone, et percussions au grand complet: tubes, gong, crécelle, fouet, grosse caisse, timbale, xyklophone), l'orchestre donne toute sa mesure, la direction d'Aurélien Azan-Zelinski semble avoir gagné non en énergie (je l'ai toujours connue très énergique) mais en précision, en finesse. On ne boude pas son plaisir devant cette succession de tableaux si vivement colorés, si contrastés. Et c'est une "grande porte de Kiev" véritablement triomphale, comme il se doit, qui conclut le concert. Dans cette pièce où le compositeur a ré-écrit fff soit fortississimo toutes les deux mesures, j'ai admiré la façon dont Aurélien Azan-Zelinski a gérer les nuances pour obtenir l'effet désiré (grandeur, exaltation romantique et patriotique) en évitant de fatiguer les musiciens.

Le public, comme moi, n'a pas boudé son plaisir et fait un triomphe aux musiciens, qui sont repartis sous un déluge d'applaudissements. Bravo !