Le dernier album de Barbara Hendricks en MP3

Comme on a pu l'apprendre par exemple sur le site Classique News, la soprano américaine Barbara Hendricks a mis en ligne sur le site de son label Arte Verum son dernier album, consacré à Haendel et Purcell. En suivant un exemple déjà donné par plusieurs groupes de musique populaire, elle laisse les internautes libres de fixer le prix.

L'exemple de cet artiste est particulièrement intéressant, car il raconte tout ce qu'il faut faire (et que les grands labels n'ont pas fait) pour prendre le virage du numérique. Cet album est proposé:

  • au format le plus répandu (MP3)
  • dans la meilleure qualité (320kb par seconde)
  • sans verrou anti-copie (les fameux DRM).
  • à un prix raisonnable
  • avec la possibilité d'acheter le CD audio (pour écouter sur une chaîne hi-fi c'est tout de même préférable)

Barbara Hendricks: Endless Pleasure

Sur la plupart des plateformes de téléchargement, les albums sont proposés:

  • dans des formats qui ne pas compatibles avec tous les baladeurs (WMA, AAC, etc)
  • avec une qualité médiocre (128 ou 192kb par seconde)
  • avec des verrou anti-copie aussi contraignants qu'inefficaces
  • trop cher (10 euros pour un album sans même avoir une jaquette à imprimer!)
  • sans possibilité d'obtenir le CD audio (il faut le graver soi-même)

Dernier point, et non des moindres: Barbara Hendricks ayant créé son propre label, elle reçoit probablement une rémunération décente sur chaque album vendu. C'est très important car les grands labels se comportent avec les artistes comme la grande distribution avec les producteurs de choux-fleurs: ils utilisent leur taille, leur puissance financière et osons le mot, leur monopole, pour compresser les prix.

Faut-il rappeler que pour un CD audio vendu à 15 euros, les interprètes touchent entre 80 et 90 centimes, alors que pour un album vendu 10 euros sur iTunes ou FnacMusic, ils ne touchent que 40 centimes ? Au lieu de profiter des économies créées par la disparition du support physique pour augmenter la rémunération des artistes, les majors ont essayé de faire l'inverse. Dans ces conditions, et compte tenu de la piètre qualité de l'offre légale, on ne doit pas s'étonner du développement massif du piratage.

Finalement ce sont les artistes eux-mêmes qui sont en train de reprendre les choses en main et de définir un nouveau modèle de distribution: moins cher, moins contraignant pour les clients et mieux payé pour les artistes. La fin des majors ? Peut-être. La fin de leur monopole, certainement.

Et vous, chers lecteurs de ce journal, combien êtes-vous prêts à payer pour télécharger un album qui vous plaît ?