Le bal des hypocrites

Entendu à la radio, deux ténors de la gauche caviar au meilleur de leur forme. D'abord c'est Pierre Bergé qui a entamé un solo sur le thème Moi, je suis prêt à offrir ces têtes en bronze au gouvernement chinois, tout de suite. Il leur suffit de déclarer qu'ils vont appliquer les droits de l'homme, rendre la liberté aux Tibétains et accepter le dalaï-lama sur leur territoire. Inutile de rappeler à M. Bergé qu'il a défilé avec des portraits de Mao Zedong et Ho Chi Minh en 68 comme tous ses camarades, alors que le Tibet était déjà occupé par la Chine. A son âge, la mémoire ne fonctionne plus très bien.

En parlant de droits de l'homme, on pourrait suggérer à M. Bergé de s'intéresser à l'application des droits de l'homme en France, en particulier dans les prisons, dont on débat actuellement au parlement.

Quoi qu'il en soit cette affaire est le prétexte idéal pour les autorités chinoises de relancer le boycott de produits français, le genre d'action qui ne coûte pas bien cher et permet de détourner habilement le mécontentement de la population, en évitant qu'il se dirige contre son propre gouvernement.

Fondu enchaîné sur Jack Lang, de retour tout bronzé de Cuba, qui parle surtout de lui-même, de ses convictions socialistes qui ne l'empêchent pas de "servir son pays", de ses liens anciens avec l'Amérique du Sud. Dans les trente dernières secondes il évoque nécessité de mettre fin à l'embargo. Curieusement, il ne parle pas du tout des droits de l'homme à Cuba, un pays qu'il connaît bien car il y a séjourné et il a accueilli Fidel Castro lors de sa visite à Paris en 1995. Décidément, nos fringants ex-soixante-huitards ont la mémoire sélective,