Sonates pour piano de Schubert par Sodi Braide

Entendu hier à l'ENS, le pianiste Sodi Braide dans un programme tout Schubert.

  • D'abord la sonate en mi bémol majeur D568 (1817). Écrite par un jeune homme de vingt ans (mais Schubert a-t-il jamais été autre chose qu'un jeune homme ?), avec quelques maladresses charmantes dans un esprit déjà très schubertien. Joué par Sodi Braide avec simplicité et délicatesse, en utilisant très peu la pédale forte du piano (et  beaucoup plus souvent la pédale una corda). Un mouvement lent très chantant, dont on a un peu de mal à suivre les sinueux développements.
  • Ensuite la sonate en ut mineur D958 (1828). Une oeuvre de la maturité, et même de la fin. D'une force et d'une ampleur toutes beethovéniennes, cette sonate me fait penser au 15e quatuor. Plus engagée, plus physique, plus rapide aussi que dans l'autre sonate, l'interprétation de Sodi Braide garde une grande clarté. On pourrait bien sûr discuter de détails techniques ou de choix d'interprétation mais tout ce qu'il joue est profondément et intensément ressenti, et c'est bien là l'essentiel. Dans de telles conditions, les divines longueurs schubertiennes sont moins longues et plus divines que jamais.
Les sonates de Schubert nous sont à la fois familières et peu connues, un peu comme un cousin proche qu'on aimerait beaucoup mais qu'aurait un peu perdu de vue. Moins souvent jouées en concert que les pièces courtes du même Schubert (Impromptus, Moments Musicaux) ou que les sonates de Beethoven, elles gagneraient à être mieux connues, surtout celles de la maturité.

Les Parisiens auront la possibilité d'entendre à nouveau Sodi Braide, qui participe à l'intégrale des sonates Schubert donnée à l'Archipel à partir du 18 mai 2009, en compagnie d'autres pianistes tout à fait recommandables: Hélène Couvert, Christie Julien, Alexandre Léger, Ferenc Vizi et Rebecca Chaillot.