Les festivals et la crise

Dès les premiers jours de juillet, la programmation musicale dans les grandes villes se réduit comme peau de chagrin: à Paris, l'Opéra, le théâtre du Chatelet, la Maison de la Radio terminent leur saison; et si l'on trouve encore dans quelques églises des concerts pour les touristes, les occasions de se réjouir l'oreille se font plus rares pour les parisiens qui n'ont pas la chance de quitter la capitale et sa chaleur rapidement étouffante. Si l'on veut écouter de belles choses, mieux vaut prendre le large, se mettre au vert, chausser les sandales ou prendre son bâton de pèlerin (choisissez le cliché que vous préférez). Les plus chanceux iront à Glyndebourne, Salzbourg ou Aix-en-Provence; mais à vrai dire il n'est pas toujours nécessaire d'aller très loin ni de dépenser beaucoup pour trouver de vraies merveilles. Mais il est parfois nécessaire de fouiller un peu car les festivals sont maintenant si nombreux que les guides édités par la presse spécialisée sont devenus indispensables pour s'y retrouver. Grâce à la programmation audacieuse de certains festivals, qui cherchent des correspondances entre tous les styles de musiques on peut d'ailleurs saisir cette chance pour écouter ce qu'on ne connaît pas trop, voire qu'on n'aime pas trop a priori: jazz, contemporain, médiéval, improvisation, électro, musiques du monde... le plaisir est aussi celui de la découverte.

Les festivals vont-il souffrir de la crise comme à peu près tout le reste de l'économie ? Oui et non. La fréquentation ne semble pas baisser significativement. La folle journée de Nantes en janvier dernier semble avoir connu une affluence record. Il semble bien qu'un désir accru de se distraire ou de se détendre en ces temps difficiles compense au moins partiellement les effets de la baisse du pouvoir d'achat. En revanche, les organisateurs de festivals auront cette année encore plus de difficulté que d'habitude à boucler leur budget. Les sponsors et mécènes se font plus rares, ou plus radins, quand ils n'abandonnent pas tout simplement leur poste comme UBS l'a fait avec le très prestigieux festival de Verbier; les collectivités locales se font parfois tirer l'oreille pour apporter leur soutien (ce qui n'est pas très rationel car les retombées indirectes d'un festival, comme l'hôtellerie ou la restauration, sont en général dix fois plus importantes que le budget du festival lui-même); enfin les specateurs vont plutôt plébisciter les places à petit prix. D'un autre côté, on murmure ici et là que certaines stars du classique ont revu leurs demandes de cachets à la baisse.

N'attendez pas d'ailleurs du Journal de Papageno qu'il se transforme cet été en Journal des Festivals: ayant beaucoup de travail pour préparer la rentrée, en alto comme en composition, il me restera fort peu d'occasions de faire la cigale et dépenser l'argent que je n'ai plus depuis que je suis redevenu étudiant. Ni d'ailleurs pour alimenter ce journal, qui risque de se tarir comme un ruisseau au moins d'août. Ce qui ne m'empêchera pas de souhaiter un excellent été à tous les lecteurs et lectrices de ce journal, et tout spécialement à ceux et celles qui ne pourront pas prendre de vacances.

Commentaires

1. Le dimanche 5 juillet 2009, 12:00 par zvezdo

Bonnes vacances à toi! et bon courage si tu as du pain sur la planche.
Pour les festivals, je me demande si ce n'est pas enfin une bonne occasion de faire le ménage. J'ai l'impression qu'il y a eu une inflation de festivals plus inutiles les uns que les autres.... quand je pense à la Roque d'Anthéron... quelle calamité ! on n'entend rien.... il faut le dire une bonne fois pour toute, la musique, c'est incompatible avec le plein air. Non vraiment, je crois que tu ne vas rien rater (sauf Bayreuth peut-être, mais là il faut habiter sur une autre planète pour avoir des places).

2. Le lundi 6 juillet 2009, 15:24 par Shanna

Lorsque vient le temps et l'impact de la crise ne touchera pas toutes les activités et les intérêts des personnes. Je tiens à continuer à vivre une vie pleine.