Le Concert de Radu Mihaileanu

Il ne faut guère compter sur le journal de Papageno en ce moment pour parler des sorties cinéma de la semaine: Le Concert de Radu Mihaileanu, sorti en novembre 2009, entame sa carrière en DVD. Mieux vaut tard que jamais, voici quelques impressions.

Le pitch ? un grand chef d'orchestre russe, privé de baguette il y a 30 ans par Brejnev pour avoir défendu les musiciens juifs du BolChoï, tente un come-back avec de vieux amis, et constitue un orchestre de fortune qu'il va tenter de se faire passer pour le vrai BolchoÏ. Une trame très simple pour cette comédie, dans laquelle se tissent les destins de nombreux personnages, car il y en faut du monde pour constituer un orchestre symphonique ! Un violoncelliste-ambulancier, un manager ex-KGB, une violoniste orpheline, des oligarques russes, des juifs, des tziganes...

Si on peut trouver parfois que les ficelles sont un peu grosses et les clichés un peu trop clichés, le film ne manque pas de rythme, on le regarde avec plaisir de bout en bout, portés par des acteurs très attachants. C'est très russe, très passionné, très cœur-sur-la-main, mais on s'y laisse prendre.

La musique est bien sûr le premier acteur du film: la grande musique, celle des salles de concerts chic, représentée  par le concerto pour violon de Tchaïkovski, mais aussi celle des tziganes ou des rockers, celle qu'on joue dans le métro, dans les bars, au marché. Le soin maniaque avec lequel la séquence finale - un large extrait du concerto de Tchaïkovski - a été réalisée prouve suffisamment que le réalisateur est un véritable amoureux de la musique. Le making of nous apprend que des effets spéciaux numériques ont été utilisés pour remplacer la main gauche et parfois l'archet de l'actrice Mélanie Laurent par ceux sa doublure, Mathilde Borsarello. Le résultat frise la perfection, et les plans sur l'orchestre sont eux aussi des plus soignés. Saluons au passage le travail de l'artiste qui comme Emmanuelle Béart pour le très bon Un cœur en hiver il y a quelques années, a courageusement pris six mois de cours de violon pour être plus convaincante. Et c'était nécessaire dans la mesure où tout le reste du film ne vise qu'à faire monter le suspense et l'excitation dans l'attente de ce moment magique qu'est un beau concert.