Boulez: "un certain parcours" en vidéo

Le double concert "Un certain parcours" que Pierre Boulez s'était vu offrir en juin dernier pour son anniversaire Salle Pleyel est encore pour quelques jours écoutable (et regardable) gratuitement sur la page VOD du site de la Cité de la musique.

La qualité et la diversité des oeuvres proposées, ainsi que l'impeccable prestation de l'Intercontemporain et de l'Orchestre de Paris sous la direction froide mais très précise efficace de Pierre Boulez, justifient amplement qu'on recommande ce concert à nos lecteurs. Certes l'écrasement de toute la richesse sonore et spatiale d'un grand orchestre sur deux canaux stéréo (et compressés en plus) retire quelque chose au plaisir, mais n'est-ce pas le cas de tout concert en vidéo ? Parmi mes coups de coeur au rayon "découvertes":

  • Donatoni (Tema pour 12 instruments) dont la volubilité toute italienne fait bien sûr penser à Berio en moins agressif
  • Helen Grimes (Virgo pour grand orchestre) dont je découvre la musique, très personnelle et riche en émotions
J'étais moins enthousiaste en ce qui concerne la pièce de Dalbavie qui clôture le second concert (c'est ennuyeux, ça se répète, on dirait du Mantovani...). Après ré-écoute, la description que Palpatine donnait de Notations II de Boulez (imaginez qu'une armée de nain mette le zouc dans votre cuisine, et tape sur les casseroles) est assez juste, si l'on ajoute que ledit zouc ne dure pas longtemps, reste très maîtrisé (la logique implacable des séries) et peut être très réjouissant à entendre si on a l'esprit tordu comme moi.

Côté réserves, notons que les changements de plateau sont effectivement assez nombreux (on peut les zapper en vidéo, mais on comprend que cela ait agacé certains critiques et blogueurs) et le côté "best of" de la programmation (aucune pièce ne dépasse les 6 minutes) qui nous prive du plaisir d'entendre les oeuvres en entier. Le choix s'étant plutôt porté sur les mouvements rapides et virtuoses dans les cycles comme le Kammerkonzert de Ligeti ou Quatre Dédicaces de Berio, on peut également comprendre les réactions négatives de ceux qui n'aiment pas trop le contemporain.

Quoi qu'il en soit, à 85 ans, Pierre Boulez reste fidèle à lui-même, exigeant avec les musiciens et avec le public, refusant toute forme de facilité. Quant à savoir ce que cache ce masque impénétrable lorsqu'il dirige, c'est une toute autre histoire...

Commentaires

1. Le samedi 25 septembre 2010, 14:07 par DavidLeMarrec

Je dois avoir l'esprit bien droit (raide ?) alors, vu le ravissement dans lequel me plongent les Notations, particulièrement en version orchestrée. :-)

La page des rediffusions de la Cité de la Musique est de toute façon, au même titre qu'Arte LiveWeb, une fréquentation régulièreme indispensable !