Cette censure qui me révulse...

Trouvé sur le 'plus' du nouvelobs (essentiellement une plateforme de blogs), un article assez stupide intitulé "cette grosse qui me révulse" à propos d'une pub pour un site de vêtements féminins 'à partir du 42'. Lu aussi, la réponse de la co-fondatrice du site qui fait simplement remarquer que les "grosses" ou les "rondes" ou appelez-les comme vous voulez, c'est un tiers des femmes aujourd'hui, et qu'on ne voit pas pourquoi ces femmes n'auraient pas le droit de s'habiller chic, de danser, d'afficher leur sensualité, de tourner des pubs pour des fringues voire même d'être heureuses, pourquoi pas ?

Pourquoi j'en parle sur ce blog ? Pas pour débattre de ce passionnant sujet de société ni même pour exposer mes convictions personnelles en la matière mais à cause d'une ligne des responsables du site qui me fais bondir et même hurler: 

Nous avons fait une erreur en publiant un billet intitulé "Cette grosse qui remue me révulse...". Billet rapidement retiré, mais vite remarqué.

Rapidement retiré... d'abord c'est une bêtise car c'est ignorer le fonctionnement d'Internet que de croire qu'il suffit de mettre un article hors ligne pour qu'il cesse d'exister. Et puis moi c'est la censure qui me révulse ! On peut admettre que l'article original comportait une dose de bêtise et de violence (et qu'il témoigne aussi d'un véritable lavage de cerveau dont sont victimes les femmes aujourd'hui et qui perturbe le rapport à leur propre corps). Mais le censurer c'est encore dix fois plus bête et cent fois plus violent.  

On trouvera toujours mille et une bonnes raisons de censurer; tout récemment c'est notre parlement qui a voté une loi stupide et liberticide visant à pénaliser la négation du génocide arménien. A force de s'interdire tout article pouvant heurter la sensibilité d'une minorité, est-ce qu'on ne va pas s'interdire de penser ? La liberté d'expression ne doit-elle pas inclure celle de dire des bêtises ou des méchancetés ? La laïcité inclut le droit de dire des choses que certains pratiquants de telle ou telle religion considéreront comme un blasphème. Si j'ai le droit d'écrire par exemple "Dieu n'existe pas, arrêtez de m'emmerder avec vos conneries et de vous battre entre Israéliens et Palestiniens", pourquoi ne pourrais-je pas également écrire "je déteste les naines" ou "les travelos du Bois de Boulogne me dégoûtent" ?

En admettant que Marie Sigaud (qui ironiquement faisait déjà allusion à une censure possible en commençant son billet par "En ces temps aseptisés, il convient d'aimer tout le monde et de respecter les différences") ait eu tort, la meilleure 'punition' n'aurait-elle pas consisté à laisser l'article en ligne pour que toutes les grosses de la Terre puissent l'insulter ou la sermonner librement ?

Pour ma part, et pour revenir à la musique, les lecteurs de ce journal peuvent compter sur ma détermination à dire librement "je déteste cette musique" quand c'est le cas. Quitte à changer d'avis quelques années plus tard. Et nonobstant le fait que je préfère dépenser mon temps à défendre la musique que j'aime plutôt qu'à attaquer celle que je n'aime pas, que ce journal est celui d'un musicien et non d'un critique ou d'un musicologue. Le journal de papageno comporte zéro pub, je paye l'hébergement de ma poche et n'en tire aucune rémunération directe ou indirecte: c'est le prix à payer pour une indépendance absolue à laquelle je reste attaché.

Quant à vous, mesdames, je vous laisse méditer sur ce vieux dicton de bistrot: "les hommes préfèrent sortir avec les maigres et coucher avec les grosses".

Commentaires

1. Le jeudi 2 février 2012, 16:54 par AlmaSoror

Ce dicton de bistrot soulève le problème plus qu'il ne le résout : une grande partie des femmes souhaitent sortir avec des hommes, mais coucher le moins possible avec eux !

2. Le jeudi 2 février 2012, 21:58 par Papageno

Certes... mais vous en connaissez beaucoup des dictons de bistrot qui résolvent des problèmes ?

3. Le vendredi 3 février 2012, 16:19 par AlmaSoror

Quelques uns. "Tel père tel fils", pour savoir qui est le vrai père d'un enfant.
"Quand on voit ce qu'on voit et quand on sait ce qu'on sait, on a bien raison de penser ce qu'on pense", pour dire pour qui on vote sans prononcer le nom infâme.
"Qui vole un œuf vole un bœuf" pour condamner un voleur d’œuf à la place de celui qui a volé un bœuf.
"Horizon pas net, reste à la buvette" pour rester plus longtemps au bistrot.
"Travailler plus pour gagner plus" pour être élu par les Français.

4. Le vendredi 3 février 2012, 21:29 par Papageno

En matière de proverbes, j'ai une préférence pour les dictons cochons. "Il ne faut pas voler le bien qui est au truies", "qui vivra verrat", "si goret su, goret pas venu", "God save the couenne", "la critique est aisée mais le lard est difficile", "tel porc tel fils" ... la sagesse cochonne est pleine d'enseignements, car elle vient de la graisse antique.

5. Le samedi 4 février 2012, 22:10 par AlmaSoror

Magnifique ! Merci pour ce bouquet de dictons porcins. Vive la Graisse antique !

6. Le dimanche 5 février 2012, 14:36 par phc

A propos de choses porcines, j'avais entendu une chose similaire dans la pièce "Vlan !" d'Elie Pressmann, où le héros disait : "L'art est à l'homme ce que l'omelette est au lard !" :-)

7. Le mercredi 22 février 2012, 14:58 par eva de Vengohechea

si nous étions un peu moins coincées et hypocrites, nous avouerions que nous adorons sortir avec des hommes ET coucher avec eux....Il n'y a qu'à fréquenter (quand on ne peut guère faire autrement...) les frustrées pour s'en convaincre!....