La Vestale (Le roman de Pauline Viardot), par Arièle Butaux

La Vestale, publié en 2001 est le premier roman d'Arièle Butaux (laquelle est surtout connue pour ses émissions sur France Musique). 

ariele_butaux_la_vestale.jpgÉcrit à la première personne, ce récit de la vie de Pauline Viardot nous promène dans un dix-neuvième siècle des artistes très glamour, très people. Imaginez: le père de Pauline Viardot fut Manuel Garcia, ténor célèbre, le premier ayant chanté Don Giovanni en Amérique. La célèbre Malibran, disparue trop jeune, était sa grande soeur, et l'a initié à la scène. George Sand la considérait quasiment comme sa fille et la poussa à épouser Louis Viardot pour assurer sa carrière. Franz Liszt lui enseigna le piano et la composition, Chopin improvisait dans son salon, Ary Sheffer l'aurait fait poser pour un tableau célèbre aujourd'hui conservé au Musée du Louvre, et qui illustre l'édition poche de ce roman.

A vingt-cinq ans, j'ai consacré chaque jour de mon existence à la musique au détriment de ma vie de jeune femme et de mère. Ainsi se décrit la Vestale au début du roman. La suite nous apprend pourtant qu'elle eut un amant quasi officiel, Ivan Tougueniev, qu'elle subit également les tendresses fort ambigües de Georges Sand, ainsi que la cour effrénée d'Hector Berlioz. Quand aux amourettes avec Franz Liszt ou Charles Gounod, ça ne compte pas, c'est pour le plaisir seulement. Au total, notre Vestale a tout de même l'air de ne pas trop s'ennuyer !

Ce qui fait le charme de cette biographie romancée, c'est la plongée dans la vie d'une artiste avec ses moments sublimes et ses cruelles déceptions, ses personnages souvent célèbres (le portrait du jeune Gounod est assez croquignolet) dont on se rappelle soudain qu'ils ont un jour été des hommes et des femmes, qu'ils pouvaient se connaître, s'écrire, se détester, pourquoi pas coucher ensemble, en bref qu'ils furent vivant avant de devenir de simples noms dans les histoires de l'art ou sur les partitions. C'est aussi l'empathie assez forte qu'Arièle Butaux éprouve pour son sujet, au point d'avoir choisi de dire je pour raconter son histoire.

Ce qui a un peu moins de charme, c'est le style fluide mais sans grande originalité, qui ne nous épargne pas les clichés ou les pléonasmes ("un sacrifice douloureux", "surmonter une montagne de difficultés", etc). Et une légère tendance à la mièvrerie dont on peut se demander si c'était un trait de caractère de la véritable Pauline Viardot.

Au final les 350 pages de cette auto-fiction historique se lisent sans peine et non sans plaisir. Une véritable gourmandise pour lecteurs tant soit peu mélomanes ou cultivés.