Lutoslawski par Zimerman

Entendu salle Pleyel vendredi dernier, le concerto pour piano de Witold Lutosławski par l'interprète pour qui ce concerto a été écrit: Krystian Zimerman. Pour résumer mes impressions: que du bonheur, vraiment. Quelle richesse de couleurs et de timbres dans cette partition ! Une partition exigeante certes, qui laisse bien souvent les pupitres de l'orcheste de Paris à découvert, mais quel bonheur pour l'auditeur ! Et j'ai trouvé assez touchant de voir le grand Zimmerman laisser de côté la posture du pianiste romantique pour suivre le chef (Paavo Järvi), compter ses mesures, tourner ses pages et prendre ses départs comme n'importe quel musicien de l'orchestre. Accepter de prendre sa place dans cette belle vision symphonique dont il est la clé de voûte mais pas la diva. Quand l'humilité et l'enthousiame se conjugent avec l'excellence, le résultat musical est à la hauteur, et le public de la salle Pleyel devait penser comme moi car il a rappelé le pianiste pas moins de cinq fois avec force bravos (sans pour autant obtenir de bis, ce que l'on peut aisément pardonner au pianiste polonais eu égard à la difficulté du concerto). On trouve plusieurs versions potables de ce concerto de Lutosławski sur ioutioube, je ne saurais trop recommander à nos lecteurs curieux d'y jeter un coup d'oreille.

En deuxième partie c'est une Symphonie Pastorale de Beethoven sans grande surprise mais sans aucun déplaisir. L'orchestre connaît si bien cette partition (et nous aussi du reste) qu'un chef d'orchestre n'est gère indispensable à vrai dire. Paavo Järvi peut donc se concentrer sur les gestes expressifs, ce qu'il fait plutôt bien même s'il cabotine un peu par moments, et les musiciens le suivent avec un enthousiasme non dissimulé et communicatif. On s'ennuie bien un peu dans le deuxième mouvement, andante molto moto, mais la responsabilité en revient surtout à ce cher Ludwig qui a un peu trop allongé la sauce ou plutôt la sieste au bord du ruisseau. On se réveille lors du scherzo et de sa danse paysanne. On se réjouit comme à chaque fois de voir les contrebassistes s'agiter comme des fous dans l'orage qui est une véritable leçon d'orchestration (pas mal pour quelqu'un qui était déjà au trois quarts sourd lorsqu'il a rédigé cette partition). Et le chant de triomphe qui suit l'orage me donne tout simplement les larmes aux yeux.

Commentaires

1. Le mercredi 30 janvier 2013, 16:16 par klari

Tiens j'y étais aussi !

Tu devrais écrire plus souvent des chroniquettes de concert, c'est un régal de retrouver ses impressions aussi joliment formulées !

2. Le jeudi 31 janvier 2013, 11:55 par Papageno

Merci klari.

Je néglige un peu ce blog c'est vrai. Et je n'ai pas été tellement au concert ces derniers mois. Quelques soucis perso...