Stravinsky: Elegie pour alto seul (1944)

Pour continuer notre parcours dans la musique pour alto seul du vingtième siècle, après la Sonate Op 25 No 1 de Paul Hindemith, voici l'élégie d'Igor Stravinski.

Composée en 1944, elle était dédiée à la mémoire d'Alphonse Onnou (fondateur du quatuor Pro Arte) et destinée à Germain Prévost, altiste du quatuor Pro Arte.

Cette pièce très dépouillée, qui commence dans le registre grave de l'alto avec sourdine, fait entendre une belle polyphonie à deux voix. Voici les premières mesure de cette élégie, enregistrée par l'auteur de ce journal:

Bien que je n'aie pas du tout pensé à Stravinski en l'écrivant l'an dernier, je me rends compte aujourd'hui que mon élégie pour alto seul (avril 2006) est au fond assez proche de cette esthétique (quoique beaucoup moins raffinée dans l'écriture harmonique).

Après une section centrale un peu plus animée, le thème initial reviendra quasiment inchangé (forme ABA toute classique donc).

Il existe une version pour violon seul de cette élégie, que Stravinski a probablement réalisée uniquement sous la pression amicale de son éditeur. Le timbre de l'alto convient infiniment mieux à cette élégie que celui du violon: ce qui n'implique pas que les violonistes doivent s'interdire de jouer cette pièce !

On l'entend peu au concert car ce morceau intime et dépouillé ne convient pas aux grandes salles ni aux interprètes soucieux de faire briller leur virtuosité. Pour entendre cette élégie au disque, on peut se procurer la version de Nobuko Imaï, qui a enregistré il y a quelques années déjà un disque de musique russe (Rubinstein, Glinka, Chostakovitch) avec Roland Pöntinen. Comme tout ce qu'a enregistré Nobuko Imaï, c'est excellent.

Nobuko Imai: The russian viola

Disque également disponible en téléchargement, chez eClassical par exemple.

Bientôt dans ce journal: la Sequenza VI de Berio pour alto seul.