Joyeux anniversaire

J'ai 32 ans aujourd'hui. C'est à la fois peu et beaucoup. Schubert par exemple n'a pas atteint sa trente-deuxième année. Mozart, Mendelssohn, et Bizet sont tous trois décédés avant quarante ans. D'un autre côté, c'est à 42 ans que Bruckner compose sa première symphonie et c'est à quatre-vingts ans passés que Richard Strauss écrivit ses extraordinaires Métamorphoses, grandiose élégie qui célèbre la fin de la musique occidentale...
gateau

32 ans et aucune partition importante à mon actif. Il est temps que ça change. Les conditions sont réunies, le temps des études, des tâtonnements et des essais touche à sa fin. Place à la musique, la grande, la vraie. Celle qu'on aime au point de lui consacrer sa vie. D'ici à mon prochain anniversaire, j'aurai livré plusieurs partitions majeures. Cet engagement m'en rappelle un autre, dix ans plus tôt: pour mes 21 ans j'avais promis à mes amis qu' aussi vrai que je m'appelle Papageno, j'aurai trouvé ma Papagena avant un an. Un an plus tard, jour pour jour, le 30 mars 1997, Aurélie et moi nous célébrions nos fiançailles. C'était un choix impulsif, de part et d'autre, mais je 'n'ai jamais rien eu à regretter.

Qui a besoin de compositeurs aujourd'hui ? Personne. A part peut-être les producteurs de films hollywoodiens, qui exigent des produits bien formatés, sans saveur. Le public, les interprètes et les organisateurs de concert sont très conservateurs et s'accommodent très bien de la musique écrite il y a 100 ans et plus. Quant aux compositeurs, ils ne s'intéressent bien souvent qu'à leur propre musique. Il ne faut pas viser le succès lorsqu'on écrit de la musique aujourd'hui. On peut se contenter d'objectifs plus modestes: la satisfaction d'une impérieuse nécessité intérieure, et l'estime de quelques amis. C'est déjà beaucoup...