Concert du 4 novembre: Intégrale Sibelius par le Philarmonique de Los Angeles

Ce concert salle Pleyel est le premier d'une série de quatre consacrée à l'intégrale des symphonies de Sibelius, sous la direction d'Esa-Pekka Salonen.

Au programme, dans l'ordre:

  • La fille de Pohjola (op 54, 1900). Dès le solo de violoncelle des premières mesures, le ton est donné: sonorités profondes, mélodies typiquement sibéliennes, grands crescendos débouchant sur des ruptures soudaines, conclusion sur un très beau pianissimo.
  • Troisième Symphonie: Contrebasson, clarinette basse, tuba et cor anglais sortent ainsi qu'une partie des violons, pour laisser place à une formation plus resserrée. Rigueur, concision et perfection formelle dans cette symphonie exempte de tout romantisme. L'interprétation d'Esa-Pekka Salonen épouse si bien la philosophie l'oeuvre que le tout est un peu austère, malgré les belles couleurs des bois et le timbre somptueux des cors et trombones.
  • Première Symphonie: Retour à la grande formation orchestrale pour cette symphonie aux accents épiques et romantiques. La vision d'Esa-Pekka Salonen est pourtant plus analytique que romantique, ce dont on ne saurait ce plaindre. On peut donc se plonger dans le détail du langage si caractéristique de Sibelius: concision du discours, économie des moyens, pâte sonore basée sur la répétition obsessionnelle de motifs courts notamment aux cordes, longues progressions, coupures abruptes. Dans les toutes dernières mesures, on croit à une coda traditionnelle (tout l'orchestre fortissimo, roulement de timbales et appels des cuivres) mais ce sont finalement deux pizzicati des violons, dans la nuance piano, qui tombent comme un couperet.

Quant au Philarmonique de Los Angeles, outre la technique irréprochable, j'ai apprécié l'engagement collectif des artistes, leur adhésion sans réserve au projet d'Esa-Pekka Salonen. Le public qui est globalement plus jeune et moins bruyant que celui du théâtre du Châtelet, a généreusement applaudi cette belle prestation, qui s'est conclu par un très comique scherzo de Ligeti en bis.

Je regrette un peu de ne pouvoir assister aux quatre concerts de l'Intégrale (mais j'irai peut-être jeudi écouter les Quatrième et Septième jeudi prochain). Notez que celui du lundi 5 novembre sera diffusé sur Radio Classique. Si vous avez assisté à l'un de ces concerts, n'hésitez pas à partager vos impressions avec les lecteurs de ce journal.