Pourquoi il faut continuer à boycotter les DRM

Le site Yahoo! Music a annoncé a ses clients qu'il met la clé sous la porte à partir de septembre 2008 (à lire sur Slashdot ou Ars Technica). Surtout, les serveurs de licences DRM fermeront eux aussi.

DRM Quelques explications pour les novices: lorsqu'on achète de la musique avec verrou anti-copie (ou DRM pour Digital Rights Management) on télécharge une version cryptée de la musique, ainsi que la clé de décryptage (oui, la clé de décryptage est sur votre disque, sinon il ne serait pas possible d'écouter la musique !). Et si on veut transférer la musique sur un autre ordinateur, il faut passer par le serveur de licence DRM qui donnera une autre clé. Du coup, les utilisateurs de Yahoo ! Music, qui ont payé pour acheter des albums, ne pourront plus changer d'ordinateur ou même remplacer le disque dur lorsqu'il tombera en panne, sans perdre leurs albums. En bref, ils sont victimes de l'informatique déloyale que dénoncent des associations comme l'APRIL.

Naturellement il existe plusieurs solutions: on peut par exemple graver un CD audio puis le re-compresser dans un format non verrouillé (comme MP3 ou AAC). Mais outre qu'on gaspille un CD audio (et on paye au passage 40 centimes de taxe copie privée qui sont reversés à Johnny Halliday et Britney Spears - merci pour eux !), on perd en qualité et on doit re-saisir à la main les méta-informations (nom des artistes, titre des plages, etc). Tout les schémas DRM existants ayant étant cassés, on peut aussi trouver des logiciels gratuits ou payants pour dé-verrouiller les fichiers. Mais c'est tout de même un comble que les gentils consommateurs ayant payé leur musique pour être en règle avec la loi et soutenir les artistes soient désavantagés par rapport à ceux qui ont téléchargé les MP3 sur un site pirate, et qu'ils doivent bidouiller simplement pour continuer à utiliser un produit qu'ils ont acheté. J'ai mis l'expression soutenir les artistes entre guillemets car lorsqu'on sait que les musiciens gagnent en moyenne 40 centimes sur un album vendu 10 euros, il convient de prendre un peu de distance par rapport au discours moralisateur des producteurs et distributeurs de musique en ligne. Mais c'est un autre débat...

Je mettrai peut-être ma sélection de sites de musique en ligne à jour d'ici quelques semaines, mais ma recommandation reste inchangée: il faut boycotter absolument et sans exception tous les sites qui vendent de la musique avec DRM. Il faut même selon moi boycotter les sites qui vendent la moitié du catalogue avec DRM et la moitié sans DRM, comme iTunes. Il y a certains sites fort sympathiques comme MusiClassics qui sont manifestement mis en place par des passionnés de musique soucieux de proposer une offre de qualité. Néanmoins, c'est avec DRM, et si un jour cette sympathique PME pleine d'avenir cesse son activité, les clients auront sur leur disque dur des fichiers verrouillés sans la clé nécessaire pour les copier sur un autre ordinateur par exemple.

Donc, il faut boycotter tous ces magasins, et même le faire savoir en écrivant au Webmestre !

Commentaires

1. Le lundi 28 juillet 2008, 22:01 par Eric

Je participerai au débat sur la distribution de la musique sur Internet lors d'un prochain billet de Papageno puisque le sujet est ouvert. Et apparemment, il n'est pas prêt de se clôturer.

Plusieurs questions sont posées ici :
- La pérennité ou la qualité du service après-vente des entreprises de droit privé qui peuvent un jour couler, déposer le bilan ou même cesser une activité non rentable.
- Le problème de fiabilité et de longévité des supports d’information. Ce problème n’est pas nouveau (relativement court pour les disques microsillons, un peu plus long pour les disques durs et environ 30 ans pour les disques compacts (le 1er CD est sorti en 1979).
Il convient donc avant tout de ne pas être naïf et de savoir si ces entreprises communiquent de façon suffisamment clair sur le fait que les fichiers téléchargés répondent à certaines exigences en matière de licence et de recopie. Pour l’exemple de MusiClassics, j’aurais envie de dire que leurs CGV (Conditions Générales de Ventes) sont assez claires. Je ne vois rien de très révoltant. Ce sont juste des distributeurs de produits de grosses sociétés sérieuses dont certaines sont cotées en bourse. Ils sont bien obligés de leur offrir un minimum de garantie (comme le DRM). Il s’agit juste d’un partenariat commercial qui permet aux grosses multinationales d’investir un nouveau canal de distribution.

L’autre point sur lequel j’aimerais réagir est l’appel à écrire au Webmestre (le pauvre). Bien souvent se cache derrière le webmestre, quelqu’un qui se contente de mettre à jour des pages web, d’assurer la maintenance technique du site etc. et n’est en rien responsable de la ligne stratégique, commerciale ou même éthique d’une entreprise. Je conseillerais donc plutôt, soit de trouver l’adresse mail des vrais responsables (par exemple, l’un des deux co-fondateurs de MusiClassics Samer Roumieh est sur LinkedIn), soit de prendre la plume façon Sévigné (ça marche encore) et d’écrire directement à l’entreprise (l’adresse et les dirigeants sont clairement indiqués sur Infogreffe par exemple).