Concert éducatif (la famille Bach) samedi 29 novembre 2008

La cité de la musique se met elle aussi aux concerts rediffusés sur Internet. Ainsi, samedi prochain (le 29 novembre 2008), un concert éducatif, destiné au jeune public, autour de la famille Bach, à la salle Pleyel, sera retransmis en vidéo sur le site de la Cité de la Musique.

Banal, me direz-vous ? Retournons un peu en arrière. Au siècle de Mozart et Haydn, la diffusion de la musique était lente et difficile: le plus souvent il fallait la copier à la main. Le seul moyen de d'entendre était de réunir les interprètes ou d'en jouer une réduction au clavier. Les musiciens des générations précédentes étaient quasiment inconnus (ainsi Mozart n'a connu la musique de Bach que très tardivement, grâce au baron Van Swieten). Cent ans plus tard, au siècle de Liszt, l'imprimerie et le chemin de fer avaient permis de grands progrès, mais les réductions pour piano (ou bien pour trio piano-violon-violoncelle) restaient le vecteur principale de diffusion de la musique savante, forcément réservée à une élite cultivée.

La génération de mes grand-parents a connu une première révolution avec la radio, qui permettait de toucher des millions d'auditeurs et non des milliers. Celle de mes parents a vu l'avènement du 33 tours puis du disque laser, qui ont fait entrer la musique, savante ou non, dans tous les foyers. Les intégrales Bach ou Mozart à 100 euros sont peut-être le chant du cygne d'une industrie du disque en pleine déliquescence, mais elles constituent un moyen d'accès au répertoire sans précédent.

Quant à ma génération c'est encore plus direct: il suffit de taper "Mozart" ou "Brahms" dans un moteur de recherche ou site de partage de vidéos pour entendre un morceau. Mais le plus fort est que ça marche également avec Besty Jolas ou Eliot Carter (deux musiciens contemporains que je n'ai volontairement pas choisi parmi les plus célèbres):

Cet accès à la musique n'est-il pas trop facile ? Ne risque-t-il pas de développer un zapping mental qui empêcherait tout approfondissement, tout apprentissage sérieux qui reste malgré tout nécessaire si on veut devenir un honnête mélomane (et bien davantage pour devenir musicien) ? Pour ceux qui ont été formés à l'ancienne comme moi (école de musique, solfège, concerts, écoutes de disques avec partition), pouvoir découvrir en un clic la musique d'un compositeur contemporain ou non est une chance formidable, un incroyable élargissement de l'horizon. Mais cette découverte sous forme de vidéo avec son hyper-compressé ne saurait constituer qu'un premier pas qu'il faut nécessairement compléter par d'autres efforts (comme aller au concert, lire des livres ou travailler un instrument) si on veut réellement goûter la musique.

Au passage j'ai découvert que le site de la médiathèque de la Cité de la musique proposait en ligne (et gratuitement) des centaines de concerts. De Couperin à Eliott Carter, tous les répertoires et tous les styles sont représentés (y compris jazz, variétés, musiques du monde). C'est comme les sites de partage de vidéos, sauf qu'on n'a pas de vidéo et que le son est de qualité presque acceptable.

Commentaires

1. Le vendredi 28 novembre 2008, 14:49 par Lucie

Tu as tout à fait raison de soulever le point... je n'y avais jamais pensé comme ça.
Moi, j'adore que je puisse écouter Carter (mais c'est une vedette, qu'est-ce que tu racontes?;-)!!!) ou Xenakis ou du jazz ou du dark... même Mozart en un clic (presque pas de compositeurs contemporains canadiens, par contre).
Mais j'ai été élevée à la dure comme toi et suis capable de faire la différence entre tous ces sous-produits Youtubesque d'amateurs vraiment minables qui se mettent en vedette et les vrais artistes. À méditer...

2. Le dimanche 7 décembre 2008, 14:15 par DavidLeMarrec

Personnellement, Lucie, je poserais la question à l'inverse. La publication sauvage de concerts non autorisés ou d'enregistrements commerciaux au tué la pratique amateur légale sur les plateformes de vidéo, qui pâlit nécessairement en comparaison.

Heureusement qu'il n'y a pas de tri de contenu selon la qualité supposée, ce n'est pas l'objet du média, tout de même !

Ensuite, pour la facilité d'accès, je ne suis pas d'accord :
1) je m'en réjouis ;
2) ça n'enlève pas, loin s'en faut, les barrières culturelles et les diverses habitudes qui tiendront tout autant à l'écart ceux 'qui n'en sont pas'.

Ca jette tout de même l'obstacle financier ou provincial (pour ceux qui habitent les campagnes ou les petites villes) aux orties, c'est énorme...

3. Le dimanche 7 décembre 2008, 17:48 par Papageno

enfin... ceux qui habitent les campagnes ET qui sont équipés du haut débit !