[Folle Journée] Bach: transcriptions pour grand orchestre
Par Patrick Loiseleur le samedi 31 janvier 2009, 19:42 - Concerts - Lien permanent
Ouï ce matin à Nantes, un concert de l'orchestre des Pays de la Loire. Jean-Sébastien Bach n'a écrit aucune oeuvre pour un ensemble qui se rapprochait de près ou de loin de l'orchestre symphonique moderne, c'est donc uniquement des transcriptions qui composent ce programme.
C'est d'abord un prélude mi b mineur (Stokowski), pour cordes et harpes, aux sonorités intimes et doucement mélancoliques, qui nous met en appétit. Puis un prélude et fugue mib (Bach / Schoenberg) tout à fait rutilant. Un effectif pléthorique (contrebasson, celesta, et tutti quanti) et des timbres utilisés essentiellement dans le but de mettre en valeur la polyphonie.
Le meilleur moment est indiscutablement la transcription de la chaconne en ré mineur pour violon seul (Saito) Transcription réalisée avec un goût parfait après une analyse minutieuse de l'oeuvre. On a l'impression que ce qui est simplement esquissé, suggéré dans la version pour violon seul et que l'auditeur doit imaginer est ici réalisé dans toute sa magnificence. Comme les effets spéciaux des films d'animation récents, c'est presque trop beau, trop réaliste pour qu'on y croie. La sobriété de l'orchestre et de la direction d'Arie van Beek convient parfaitement à cette musique qui nous emmène sur des sommets. Après les 32 variations de cette chaconne j'avais davantage envie de pleurer en silence que d'applaudir tellement c'était beau.
On termine par la célèbre Toccata et Fugue en ré mineur qui n'est pas de Bach d'ailleurs. Rien n'est plus éloigné de son style que cette virtuosité brillante et gratuite, que cette fugue qui n'utilise pas vraiment le contrepoint. Mais c'est le morceau idéal pour conclure dans les roulements de timbales et trémolos de cordes, et provoquer de copieux applaudissements.
Les transcriptions de Stokowski ont peut-être un peu vieilli, mais elles restent très efficaces en concert car respectant parfaitement les instruments. Celle de Schoenberg, très moderne et analytique, n' pas pris une ride. S'il n'a pas tout à fait la même puissance dans le grave, l'orchestre permet une vélocité, des changements de couleur, des nuances infiniment plus subtiles que les changements de registres de l'orgue. Sur le rapport de J-S Bach à son instrument de prédilection, on peut recommander d'ailleurs le très bon livre de Marc Vignal: Bach et la machine-orgue.
L'orchestre des Pays de la Loire, et l'auditorium du Palais des Congrès, que je découvrais simultanément, m'ont fait tous deux la même impression: un instrument moderne, de bonne facture, qui sert honnêtement la musique. Que demander de plus ?