Gratuité, Hadopi et musique en ligne: la réponse de Zig-zag territoires à Jacques Attali

Jacques Attali avait fait parler de lui il y a quelque temps avec un article dénonçant une loi scandaleuse et ridicule. Il est exact que la loi Hadopi est scandaleuse et ridicule, notamment car elle est contraire au droit européen (selon lequel la coupure d'accès à Internet doit relever de la décision d'un juge et non d'une autorité administrative), disproportionnée dans les sanctions, et probablement inapplicable. Mais emporté un peu par son élan, et un brin démagogue, il prenait le parti des internautes qui trouvent que tout la musique du monde gratuit quand je veux c'est tout de même assez sympathique. Certains n'ont pas manqué de lui suggérer de mettre le PDF de ses 40 livres sur les réseaus de peer-to-peer, puisqu'il paraissait si généreux avec le droit d'auteur des autres. Et l'on peut même prédire que dans 5 ans, lorsque le livre électronique (comme le Kindle d'Amazon qui se vend très bien aux Etats-Unis) se sera généralisé et que l'industrie du Livre souffrira le même martyre que celle du disque au tournant des années 2000, M. Attali signera pétitions, lettres ouvertes et autres tribunes pour se plaindre que "le piratage tue le livre et les auteurs".

La réponse des fondateurs du label Zig-zag territoires est beaucoup plus sensée et profonde que l'article qui l'a suscité, beaucoup moins polémique également:

Tout travail de l’esprit, les livres comme nos disques, doit s’inscrire dans une valeur d’échange. La gratuité de la radio comme du web ne nous choque pas autre mesure, ce qui nous choque c’est d’oublier qu’il y a autre chose que la radio, le web ou les ipod et que ce temps personnel sera toujours désiré et essentiel pour rester des êtres sensibles, ouverts aux autres et donc qu’il y a la place pour désirer acheter les disques ou les livres nécessaires à cette recherche de sens, de cohérence personnelle.

Ceux pour qui la musique est une véritable passion et non un simple divertissement peuvent donc être un peu rassurés: ils ne sont pas seuls au monde, et le micro-marché des disques de qualité pour amateurs de beauté musicale survivra sans doute à la tempête qui ravage les majors.