Monographie Karol Beffa: compte-rendu d'écoute

Nous avons évoqué la sortie d'un disque monographique consacré par Triton à Karol Beffa il y a peu de temps dans ce Journal. Quelle impression s'en dégage ?

  • Les ombres qui passent, écrit au départ pour alto, clarinette et piano, capté ici dans la version pour violon, alto et piano, a des couleurs mélancoliques. Les basses enveloppantes du piano et le son généreux de Geneviève Laurenceau et Arnaud Thorette font penser à un trio pour piano romantique, qu'on pourrait presque croire écrit par Brahms, le langage harmonique étant tout de même plus moderne. Deux mouvement lents et méditatifs encadrent un scherzo central énergique et dissonant, où l'on ne trouve tout de même pas la même violence que chez Chostakovitch ou Greif par exemple.
  • Mirages pour deux pianos (avec la participation du compositeur) reste dans la même atmosphère doucement mélancolique, aux harmonies raffinées.
  • Suppliques pour violon seul, est assez nettement écrit en sol mineur (une tonalité naturelle au violon, qui permet d'utiliser les cordes à vide), ainsi que les deux Masques écrits en miroir pour violon et violoncelle, écrits pour les frères Capuçon qui les avaient déjà enregistrés.
  • Manhattan pour alto et piano est (une version remaniée de ?) Metropolis déjà enregistré par le duo Thorette-Farjot. Karol Beffa ayant eu la gentillesse de m'envoyer la partition de cette pièce qui n'est pas encore éditée, j'ai pu l'étudier et la travailler un peu, mais pas encore la donner en concert. Avec une belle énergie rythmique, cette pièce développe un court motif entendu au début en un grand crescendo qui amène une conclusion fracassante. Cette pièce se détache un peu du reste du disque, au caractère rêveur, aux tempi plutôt lents et aux couleurs sombres.
  • Pour terminer on a droit à une petite douceur: Milonga, un faux tango dans le style de Piazzola et plus vrai que le vrai, arrangé par Arnaud Thorette, où l'altiste s'amuse à utiliser des modes de jeu bizzares issus de la musique contemporaine (col legno, son écrasé, ...) afin de pimenter un peu l'interprétation. Très réussi, très accessible et très raffiné en même temps. Et aussi un clin d'oeil à son disque précédent, des tangos enregistrés chez zig-zag territoires pour notre plus grand bonheur.

Commentaires

1. Le mercredi 20 mai 2009, 19:54 par Papageno

Signalons d'ailleurs à propos de Karol Beffa que Boris Berezovsky va bientôt créer à Toulouse son concerto pour piano, qui après un concerto pour violon et une pièce pour orchestre, complète plutôt bien la résidence commencée l'année dernière auprès de l'orchestre du Capitole. Malheureusement ça ne sera pas joué à Paris ni disponible en disque avant un petit bout de temps:

http://www.concertclassic.com/journ...