Thème et Variations (suite)

Entendu ce matin à la radio, les variations de Max Reger sur un thème de Mozart (qu'on peut réécouter sur le site de Radio France ou encore sur le site musicme). La douce voix d'Émilie Munera nous apprend qu'elles ont été composées en 1914 à une époque ou le musicien traversait une grave dépression.

De fait, on l'aurait aisément deviné en écoutant ces variations. Comment une simple orchestration peut changer à ce point le caractère d'un thème ? Car le thème indiqué andante grazioso de la sonate K331 de Mozart, qu'on peut écouter un peu partout, sur youtube par exemple, à condition d'éviter la version de Glenn Gould, un peu trop maniérée à mon goût, ce thème, s'il est un peu rêveur et suspendu à on ne sait quoi d'inexprimable, n'est pas particulièrement mélancolique en soi.

L'orchestration de Reger, par de petits détails comme l'usage du hautbois, en fait une cavatine funèbre, dont la couleur sonore me fait davantage penser au requiem de Fauré, dont ces variations sont contemporaines, qu'à la sonate pour pianoforte dont elle est issue. Les variations ont chacune leur caractère, mais ne sont pas aussi mélancolique, sauf peut-être la huitième. La dernière variation est une fugue qui dure près de dix minutes !

Une preuve supplémentaire, si elle était nécessaire, qu'une orchestration est une ré-écriture, et qu'elle peut avoir sa propre personnalité. Au passage merci à France Musique de nous faire re-découvrir une oeuvre peu connue et dont on ne voit pas pourquoi on la jouerait moins souvent que les variations de Brahms sur un thème de Haydn.

Commentaires

1. Le jeudi 11 février 2010, 22:38 par DavidLeMarrec

Peut-être parce que ce n'est vraiment pas le meilleur Reger ?

Oui, OK, on joue encore moins souvent le meilleur Reger.

Pourquoi pas, effectivement.