Michaël Levinas reçu à l'Académie des Beaux-Arts

Michaël Levinas a été récemment reçu à l'Académie des Beaux Arts le 15 juin dernier. Le pianiste et compositeur, fils du célèbre philosophe, prend la place du très regretté et très attachant Jean-Louis Florentz. C'est un musicien pour qui j'ai une grande admiration, un de ceux qui ont apporté la preuve éclatante que pour être un bon compositeur, il n'est pas nécessaire d'être un médiocre interprète, et réciproquement.

Michael_Levinas_2.jpgPour plus de détails, je vous renvoie au compte-rendu de la cérémonie sur le blog de Jean-Claude Ledoux, ainsi qu'au discours prononcé par Michaël Levinas. Si Claude Ledoux estime que Levinas nous a envoûté une fois de plus par la beauté de son langage fleuri, j'apprécie plutôt en le lisant le style simple et direct, sans emphase, sans jargon prétentieux. Levinas parle très clairement de la musique des 30 dernières années (au moins d'une partie d'entre elle, qui gravite autour du courant spectral), des débats qui l'ont agité, des questions qui se sont posées à Florentz comme à lui-même. Que faire après la musique sérielle ? Qu'apportent les progrès de l'acoustique et de ce qu'on appelle aujourd'hui l'informatique musicale à la création artistique ? Ce n'est qu'à la fin que le discours ce fait plus lyrique, dans une fort belle conclusion sur le merveilleux que je ne résiste pas au plaisir de citer intégralement:

Comme Messiaen et comme moi-même, Florentz croyait au merveilleux en musique.

Merveilleux comme la rencontre et comme l’éblouissement amoureux.

C’est l’exigence de l’extraordinaire en art, du transcendant.
Vous avez rappelé, François-Bernard Mâche, le nom d’Emmanuel Levinas, mon père.

Extraordinaire, c’était son terme pour évoquer le souffle qui inspire les livres ; extraordinaire disait-il aussi pour évoquer la personnalité de Chouchani. Mon père s’exprimait ainsi pour parler de l’exception de certains de nos Maîtres, certains de mes maîtres en particulier : Lazare Levy, madame Marguerite Long, Olivier Messiaen, Xenakis ou encore Ligeti.

Extraordinaire ou merveilleux. Cela m’a marqué pour toujours.

J’appelle cela la recherche de la clef du merveilleux, le poétique, ou bien encore la révélation du buisson ardent.


L’idée musicale serait cette révélation presque surnaturelle qui transcende l’oeuvre.

Un bouleversement beethovenien, une rature de l’écrit, une bifurcation harmonique et linguistique inattendue chez Verlaine et Fauré, une polymodalité sur le thème se Dieu dans les Vingt Regards d’Olivier Messiaen.

Frisson de la découverte. Trouvaille ! « C’est trouvé » dit Dutilleux quand apparaît l’idée musicale ; une idée qui surgit hors du système, du prévisible, du convenu, un au-delà de la forme, un miracle, un frisson nouveau.

J’attends chaque jour ce miracle de la création musicale.

Commentaires

1. Le vendredi 8 juillet 2011, 10:32 par phc

Je n'aime pas autant la musique de Levinas que celle de Florentz. Je ne dis pas que celle de Levinas n'est pas bonne, il y a certaines choses dans sa musique qui me bottent moyennement ; dans l'école spectrale, je préfère franchement Grisey et Murail.
Quant à la musique de Florentz, elle m'envoûte littéralement, et je me sens proche de lui. Je le regrette profondément, ce cher Jean-Louis...

2. Le lundi 11 juillet 2011, 18:08 par Aloysia

Merci de l'info. Je connais peu la musique de Levinas et ne connaissais Florentz que de nom. J'irai réparer cela dans le courant de l'été sans doute.