"Quand allez-vous arrêter de nous emmerder avec votre Messiaen ?"

Lu dans Le Monde de ce jour, un portrait de Roger Muraro. Où l'on apprend que ce fils d'immigrés italiens a commencé le saxophone, et par hasard - il n'y avait plus de place dans le club de foot, le piano presque tardivement (à 10 ans) et en autodidacte. Plus tard il rencontre Yvonne Loriod qui ne tardera pas bien sûr à l'initier à la musique de Messiaen. Musique dont il reste un grand spécialiste, notamment par une intégrale discographique de l'oeuvre pour piano seul qui demeure une référence.

C'est Barenboïm qui lui aurait dit à Berlin, après une Tûrangalilâ donnée en 2008 pour le centenaire du compositeur français: "Quand allez-vous arrêter de nous emmerder avec votre Messiaen ?". Une franchise salutaire dont apparemment Muraro ne lui garde aucune rancune, bien au contraire. Depuis il joue davantage Ravel, Liszt (notamment la très athlétique réduction de la Symphonie Fantastique de Berlioz), Gershwin, Fauré, Schumann et Mozart, pour notre plus grand bonheur. Manière de nous rappeler qu'il est un pianiste accompli et pas seulement le spécialiste d'un répertoire réduit à un seul nom.

Cela étant posé, quand je réécoute les Vingt Regards ou le Catalogue d'Oiseaux dans la version Muraro, je ne m'emmerde pas une seule seconde. Grâces soit rendues au compositeur et à l'interprète qui ont travaillé avec un tel dévouement pour donner vie à cet univers magique et mystérieux dans lequel on se plonge avec délices !

Commentaires

1. Le mardi 22 novembre 2011, 20:56 par roch

J'ai eu la chance d'écouter Roger Muraro jouer les Vingts Regards à la Roque d'Anthéron il y a quelques années : un de mes plus magnifiques souvenirs de concert.
Mais j'ai été très déçu par son récent enregistrement Ravel : non par son interprétation, très belle, mais par le piano qu'il a utilisé, beaucoup trop clinquant pour la musique de Ravel à mon goût !

2. Le lundi 28 novembre 2011, 09:16 par Papageno

Pour jouer Ravel et Debussy rien ne vaut le son des pianos français (Erard, Pleyel) du début XXè siècle: assez doux dans le medium, avec des aigus légers et brillants sans aucune dureté. Malheureusement les choix faits aujourd'hui par les facteurs de pianos sont assez loin de cette esthétique...