Sauvons les cordes en boyau de la vache folle

Amis pétitionneurs, bonjour. Après avoir sauvé la Recherche, les bébés phoques, les orchestres de la radio néerlandaise (enfin, pas complètement hélas) et défendu le droit au silence, il vous reste du boulot.

Non, je ne parle pas de notre crypto-ministre aux affaires étrangères BHL et de sa récente (quoique encore virtuelle) déclaration de guerre à Bachar El-Assad. Quel infatigable va-t'en guerre, celui-là...

Je parle d'un sujet plus consensuel à défaut d'être plus important: les cordes de violon en boyau. Elles grincent légèrement, ont une sonorité aigrelette, une certaine propension à se désaccorder ou lâcher au milieu d'un concert, mais on les aime et on ne peut pas s'en passer. Que voulez-vous, elles sont plus souples, moins uniformes que les cordes "tout métal", elles ont un son différent. Et surtout, elles sont d'époque. Alors pour jouer Lully ou Vivaldi, c'est comme les perruques et les chandelles: on ne saurait s'en passer.

Ne vous fiez pas à l'ironie apparente de ce billet pour en déduire que je méprise la musique sur instruments anciens. Je l'ai déjà dit, c'est tout le contraire: quoique ma sensibilité personnelle me pousse à préférer la musique d'aujourd'hui, les trucs bizarres ou électro-acoustiques, le travail sur le son est essentiel pour le musicien. Que le musicien en question travaille à l'Inter-Contemporain ou au Centre de musique baroque de Versailles, son métier est avant tout de sculpter le son.

plantu_53.jpg Or ces cordes en boyau sont menacées par des règlements européens qui limitent fortement (en fait interdisent complètement) l'utilisation des boyaux de boeuf. Ces mesures ont été bien sûr utiles pour lutter contre l'encéphalite spongiforme bovine (plus connue comme maladie de la vache folle) mais elles sont en train de tuer ce marché de niche qu'est la fabrication de cordes de violon et violoncelle pour instruments à l'ancienne. Les importations depuis Argentine restaient autorisées, mais pas de chance, le fournisseur vient de faire faillite. Les fabricants de corde, une poignée de PME aux abois, adressent une pétition à la Commission Européenne pour que leur profession ne soit pas l'innocente victime collatérale de mesures sanitaires par ailleurs justifiées. Ils rappellent au passage que leurs entreprises exportent des cordes (qui sont tout à fait sans danger pour la santé, si l'on exclut les crises de classiquite aigüe de symptôme baroquisant) et que par conséquent les assassiner à cause d'un bug de la machine technocratique conduirait à creuser le déficit commercial de la zone euro...

En un mot: signez.