Baise m'encor

Baise m'encor, rebaise moy et baise :
Donne m'en un de tes plus savoureus,
Donne m'en un de tes plus amoureus,
Je t'en rendray quatre plus chaus que braise.

Las, te pleins tu ? ça que ce mal j'apaise,
En t'en donnant dix autres doucereus.
Ainsi meslant nos baisers tant heureus
Jouissons nous l'un de l'autre à notre aise.

Lors double vie à chacun en suivra.
Chacun en soy et son ami vivra
Permets m'Amour penser quelque folie:

Toujours suis mal, vivant discrettement,
Et ne me puis donner contentement,
Si hors de moy ne fay quelque saillie.

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(Louise Labé, Sonnet XVII, 1545-1555.
Illustration: Le baiser, Gustav Klimt, 1906)

Commentaires

1. Le vendredi 18 janvier 2013, 12:58 par Cécile P.

La nuit, très vite. Écouter de la musique. Un octuor de Schubert .La musique, ce qu'elle est : respiration. Marée. Longue caresse d'une main de sable. Non. Porte basse : par la musique Dieu pénètre l'air. Sans bruit. Ne rien faire. Ouvrir des livres, encore. La méditation libère l'espace : on n'est plus seul, séparé dans l'ombre. On est partout où sont les lumières : dans les maisons, dans les mains des enfants, dans le regard des bêtes, dans les lettres d'amour, dans les rosiers, dans les musiques, partout, on est partout, proche de tout et de tous. Proche de vous. Oui.proche de vous. Christian Bobin, Souveraineté du vide