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lundi 2 février 2009

[Folle Journée] Cantor sauce ketchup

Bach sauce ketchup.

Lorsque j'affirmais dans un précédent billet que cette Folle Journée 2009 ne comportait aucune création, j'avais tort dans la mesure ou ces Variations Goldberg par l'octuor de jazz Uri Caine en sont une.

Uri Caine est un pianiste et compositeur de jazz qui a beaucoup pratiqué le cross-over c'est à dire le mélange des styles: sur la vingtaine d'albums qu'il a produits, certains empruntent à Schumann, Mozart ou Beethoven (et même à Bach car il avait déjà produit un double disque consacré aux variations Goldberg en 2000).

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Le terme "transcription" utilisé dans les programmes ne décrit pas bien le spectacle. Il s'agit plutôt d'un concert de jazz basé sur les variations Goldberg. Bien qu'on en ait peu de traces, il est probable que J-S Bach était un improvisateur hors pair. Sa musique plus que toute autre donne envie d'improviser, de créer, d'écrire de la musique. Les musiciens de jazz se sont souvent inspiré de Bach, ce qui est bien naturel.

On entend d'abord l'aria au piano, puis une série de variations à deux, à trois, à cinq, à huit musiciens, certaines basées sur le texte de Bach, d'autres beaucoup plus libres. Les membres de l'octuor (piano, contrebasse, chant, violon, trompette, clarinette/sax, percussions, DJ) sont tous de bons musiciens, mais ils sont plus convaincants dans les morceaux plus proches du jazz que dans ceux qui sont tirées directement de la partition de Bach (et pour lesquelles ils lisent leur notes comme les musiciens classiques...) Ainsi, improviser un canon à la neuvième entre la trompette et le saxophone, c'est très amusant et ça fonctionne très bien. Jouer un autre canon de Bach en duo violon/trompette, avec contrebasse et percussion pour le continuo, clarinette et piano qui improvisent à côté, et le DJ qui mixe des sons bizarres par-dessus, c'est déjà moins convaincant.

Un autre exemple: j'ai vraiment aimé les sons et autres scratches mixés par DJ Olive (qui s'offre une variation en solo vers la fin), sa manière d'interagir avec les autres musiciens. Mais la superposition de sons électroniques à l'aria joué au piano seul n'apporte pas grand-chose. De même les interventions de la chanteuse Barbara Walker étaient trop typiques du jazz, et pour dire le mot trop vulgaires pour se marier harmonieusement à la musique de Bach.

Au final, ce nouveau spectacle roboratif et plein d'invention fera certainement le bonheur des amateurs de jazz ou de cross-over, mais il pourra laisser les admirateurs de Bach un peu sur leur faim.