Compte-rendu du concert du 11 mai
Par Patrick Loiseleur le samedi 12 mai 2007, 23:27 - Concerts - Lien permanent
Voici un bref compte-rendu du concert du 11 mai. Il était consacré aux mélodies populaires anglaises, écossaises et irlandaises, arrangées et harmonisées par Haydn, Beethoven et d'autres (Hummel, Weber, Kozeluch). Le fait qu'un éditeur anglais ait fait appel à des compositeurs autrichiens pour de simples arrangements en dit long sur le désert de la création musicale qu'était le Royaume-Uni au début du 19è siècle. Apparemment ces arrangements (pour voix, violon ou flûte, violoncelle et piano) rencontraient un certain succès. C'était un peu la musique "commerciale" de l'époque, par opposition à la musique savante (comme les quatuors à cordes) qui se vendait moins bien. Pour le comprendre, il faut imaginer une époque sans télé, sans balladeur MP3, où le seul moyen d'écouter de la musique était d'en jouer avec des amis à la maison !
Le programme était particulièrement bien conçu, en permettant notamment d'entendre les variations que Beethoven a écrites sur certains chansons immédiatement avant ou après l'air original. En outre la collaboration de Sylvie Althaparro et Jacques L'oiseleur des Longchamp ne se bornait pas à se partager les airs: certains étaient chantés à l'unisson, d'autre en alternance selon les couplets. Les sujets des chansons, mi-ironiques mi-dramatiques (amours déçues, fiancés partis à la guerre ou à la mer) leur ont permis de déployer leur talent mais aussi de créer une vraie complicité avec le public, peut-être plus facilement qu'avec un répertoire plus sérieux.
Un mot sur les instrument "classiques" (et non "baroques"): Pierre Bouyer jouait un pianoforte avec un mécanique Viennoise (simple échappement). De loin, ça ressemble à un gros clavecin, il y a 2 cordes par touche, avec une pédale "una corda" permettant de jouer sur une seule corde. Le son n'est pas désagréable, sauf parfois dans les fortissimo, qui nous font regretter la rondeur et la puissance des instruments modernes. Enfin la justesse se dégrade au fur et à mesure qu'on avance dans le concert, car ces instruments ne tiennent pas bien l'accord. La disposition spatiale était intéressante: le violoncelle se trouvait derrière le panio, à gauche du pianiste, sur une estrade; violon et Flûte à droite du pianiste, un peu en retrait; et les chanteurs devant le piano. Le pianiste-chef d'orchestre est au coeur du dispositif, ce qui est tout à fait légitime dans ce type de répertoire. Quant au violon avec cordes en boyau et à la flûte "baroque", à part une sonorité un peu faible et une justesse approximative, je me demande ce qu'on peut leur trouver. Un petit charme rétro, peut-être ?
Je comprends que les chanteurs apprécient de jouer avec des ensembles "baroques" (ou "classiques" comme dans le cas présent): peu d'instrumentistes, peu de puissance sonore, un diapason plus bas donc plus confortable. Mais je ne suis pas chanteur, et mes goûts ne se limitent pas aux compositeurs morts depuis 200 ans ou plus. Et je suis un peu mal à l'aise avec ce saussiçonnage de l'histoire de la musique auquel on assiste actuellement: on voit des ensembles spécialisés dans le baroque, le classique, le pré-romantique, le contemporain ultra-moderne... je préfère les concerts où l'on passe de Vivaldi à Villa-Lobos sans transition !
Pour finir, voici un lien vers le site de Sylvie Althaparro. Je vous l'ai déjà dit, je l'adore !