La faute au public !

Entendu ce matin à la radio: Sylvain Cambreling, qui dirige une nouvelle production de la Traviata de Verdi à l'opéra Bastille. Interrogé sur le succès mitigé que rencontre cette production (en particulier la mise en scène qui a été huée et sifflée, comme d'ailleurs celle de Simon Bocanegra l'an dernier), le chef d'orchestre a répondu: Le public parisien est 1. Ignorant 2. Malpoli. Puis il a assène qu'une production d'Opéra c'est 6 semaines de répétitions mais biens souvent 20 à 30 ans d'expérience. Un procédé réthorique bien connu: l'argument d'autorité.

Pour ma part je respecte le travail des artistes, et je m'abstiens en général de siffler. Mais comme tous ceux qui ont payé 130 euros leur place (et je ne parle même pas des généreuses subventions qu'on verse à l'Opéra de Paris avec l'argent de mes impôts) pour voir un spectacle dont la mise en scène est du foutage de gueule caractérisée, j'ai assez peu apprécié d'être insulté de la sorte. On sait maintenant pour qui il nous prend (des imbéciles et des mal élevés). Mais pour qui se prend-il, ce Mr Cambreling ? pour l'égal de Karajan ou le successeur de Furtwängler ?

sylvain cambreling

Donc si le public n'aime pas un spectacle, c'est le public qui a tort. Peu importe que le décor soit moche à pleurer, les couleurs et les lumières hideuses, que les mouvements des chanteurs soient à l'inverse des indications de la partition, que ces pauvres chanteurs soient obligés de se rouler par terre, de chanter à moitié nus, de se livrer a mille et une contorsions ridicules (et je ne parle même pas des costumes). Il y a une seule chose qui semble faire peur à Sylvain Cambreling: c'est de se remettre en question. D'accepter de dire ce spectacle n'est pas un succès, il y a peut-être des choses à changer, nous ferons mieux la prochaine fois.

Quant à moi, c'est décidé, je ne mettrai pas les pieds à l'opéra Bastille en 2007-2008. J'irai à Massy, à Lyon, à Nantes, à Londres où à Bruxelles: même si les productions là-bas ne sont pas parfaites, au moins je n'y serai pas victime de l'arrogance d'une institution qui se prétend tellement au-dessus de toute critique.

Commentaires

1. Le mardi 19 juin 2007, 19:55 par Patrick Loiseleur
Voici un entretien sur le site Altamusica où Sylvain Cambreling défend la mise en scène de Christophe Marthaler. On y relève notamment la phrase suivante: "Il n’y a en tout cas, à aucun moment, une volonté de provocation". Si c'était vrai, il n'éprouverait pas le besoin de le dire !!
2. Le mercredi 27 juin 2007, 14:14 par raphael

c'est un vieux kéké aigri ce Cambreling : -D