Dusapin pour les nuls

Le collège de France a mis en ligne les vidéos d'une série de conférences prononcées lors de l'année 2006-2007 par Pascal Dusapin. J'ai testé pour vous le cours sur "Décomposer / recomposer".

Je ne ferai pas de théorie prévient-il dès le début mais il parle tout de même 90 minutes. Il raconte des choses sur l'oubli notamment (comment faire oublier à l'auditeur ce qu'il a entendu 3 secondes auparavant) et sur le développement musical (au sens beethovénien) qui serait à l'opposé de sa propre manière de travailler. Mais Pascal Dusapin dit un peu tout et son contraire dans cette conférence, et il revendique même le droit à se contredire: je ne tenterai jamais de tenir un discours cohérent mais au contraire un discours au plus proche des systèmes dérivant ma musique.

Ce qui m'a surpris c'est qu'il ne parle pas du tout du rapport de la musique au texte alors que c'est fondamental: même avec mon expérience très limitée, moi qui n'ai écrit que quelques mélodies, j'ai pu expérimenter à quel point le texte est à la fois une source d'inspiration et une lourde contrainte pour le compositeur. J'aurais attendu plus de détails sur ce point (mais peut-être en parle-t-il dans une autre conférence).

Ce qui est intéressant c'est la présence durant la deuxième heure de musiciens (et de la belle soprano Françoise Kubler) sur scène qui interprètent Comoedia (trois chansons sur des textes tirés du paradis de Dante), présentée par le compositeur. Re-transcription à peine simplifiée:

- Dusapin: au début, le hautbois joue un do dièse
- (le hautbois joue un do dièse)
- Dusapin: le violon joue un pizz. puis un trille
- (la violoniste joue un pizzicato puis un trille)
- Dusapin: la trompette joue avec sourdine, c'est joli la trompette avec sourdine
- (la trompette joue avec sourdine)
- Dusapin: et maintenant on les écoute ensemble
- (ils jouent ensemble)

Si la théorie vous rebute, vous pouvez sauter directement à la 40è minute de la 2è heure, qui donne à entendre Comoedia (environ 15 minutes). Je ne sais pas pourquoi, mais cette musique me laisse de marbre. Il doit me manquer les neurones nécessaires pour l'apprécier. Mais c'est comme les épinards: ça n'est pas parce qu'on aime pas qu'il faut chercher à en dégoûter les autres !

Commentaires

1. Le mercredi 7 mai 2008, 16:33 par DavidLeMarrec

Musicalement, je trouve ça assez intéressant. Effectivement la voix est ici traitée de façon un peu plus instrumentale que de coutume chez Dusapin (ce qui n'est pas du tout le cas dans ses opéras, qui sont très bien écrits de ce point de vue).

Sur le plan du commentaire, ça correspond assez à ce que j'avais déjà entendu : propos périphérique à la musique, ou bien très simple. Pas forcément très instructif, mais il faudrait entendre l'ensemble pour dire.