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mardi 16 juin 2009

Armande de Polignac: le Héron Blanc

Le compositeur du jour est une compositrice: Armande de Polignac (1876-1962). C'était une élève de Vincent d'Indy et la nièce de la célèbre Princesse de Polignac, célèbre mécène qui a soutenu Ravel, Stravinski, Milhaud et bien d'autres.

Pour sa biographie, je vous renvoie au livre Les compositrices en France au XIXe siècle de Florence Launay chez Fayard. Sa musique est quasiment introuvable dans le circuit commercial. Seules deux mélodies sont éditées chez Eschig (Rêverie et Soir au jardin). Aucun disque. Bref c'est la femme invisible, ou plutôt inaudible.

C'est donc une oeuvre rarissime que je vous propose de découvrir. Écoutons ensemble le Héron Blanc, paroles de Franz Toussaint d'après Li-Tai-Po (poète chinois du 8è siècle), tiré du recueil La flûte de jade, chanté par L'Oiseleur des Longchamps accompagné par Mary Siciliano, en concert le 27 mai 2009:

Ce grand flocon de neige était un héron,
qui vient de se poser sur le lac bleu.
Immobile á l'extrémité d'un banc de sable,
le héron blanc regarde l'Hiver.

Vous avez certainement entendu le subtil usage des dissonances dans cette pièce, ainsi que la façon dont L'Oiseleur des Longchamps pousse sa voix dans le pianissimo, aux limites de la rupture... certains critiques parlent de "prise de risque", je préfère le mot d'engagement, car il exprime bien le fait que les risques qui sont pris n'ont rien de gratuit mais sont au service de l'expression.

Il ne me reste qu'à remercier chaleureusement les artistes de m'avoir permis de découvrir Armande de Polignac d'abord et ensuite de publier cette pièce dans ce journal. J'ai entendu parler d'un projet de disque. Puisse les mânes capricieuses qui tissent les fils du destin en permettre la réalisation !

dimanche 14 juin 2009

Nicolas Bacri: sonata variata op 70 pour alto seul (2001)

Pour reprendre ma série de billets sur le répertoire pour alto seul au vingtième siècle, après Brice Pauset, voici une oeuvre qui d'ailleurs est à cheval sur le vingt-et-unième siècle car elle a été composée en 2000 et 2001. Il s'agit de la Sonata Variata op 70 de Nicolas Bacri pour alto seul. En trois mouvements (Preludio e Danza; Toccaca Rustica; Metamorphosi) elle comporte une unité formelle plus évidente que la Sonate de Ligeti (dont je reparlerai en détail) dans la mesure où l'on retrouve des éléments thématiques ou rythmiques communs dans ces trois mouvements. Comme suggéré par le titre, c'est la forme thème et variation qui explique donc le mieux la structure de l'oeuvre, aussi bien pour chaque mouvement que pour la sonate dans son ensemble.

Les musicologues auront sans doute bien du mal à qualifier le style de cette Sonate: post-néo-classique ? rétro-spectrale ? crypto-tonale ? laissons là ces considérations techniques et écoutons le début du Prélude:

Comme vous pouvez l'entendre, cette sonate, outre le fait d'être relativement jouable (comparée au très fascinant et grisant mais injouable Prologue de Grisey, ou encore à la Sequenza de Berio), offre à l'interprète de nombreuses occasions de s'exprimer en utilisant les ressources les plus nobles de l'instrument. Point de col legno, sul ponticello et autres bisbigliando dans cette pièce. Notez que je n'ai rien contre ses effets bruitistes et que je les utilise dans ma propre musique. C'est le choix de Nicolas Bacri de ne pas les utiliser, un choix qui se défend tout à fait. Si elle permet à l'alto de chanter, cette sonate utilise également le côté rugueux, grinçant voire comique de l'alto, comme ici dans la Toccata Rustica:

La noblesse naturelle du violon, la paisible gravité du violoncelle ne leur permettraient sans doute pas de rendre un tel passage avec un son qui se rapproche de celui de l'altiste forçant sur sa corde de do. On doit donc savoir gré à M. Bacri d'avoir pris en compte non seulement les possibilités techniques de l'instrument mais aussi sa fine et délicate psychologie qui se dissimule habilement sous une apparence rustique. Et aussi d'avoir écrit une sonate qui est un vrai plaisir à jouer et à travailler (à entendre c'est autre chose: c'est un peu spécial, il faut aimer l'alto, pour commencer ...)

Prochain billets à prévoir dans la même série; la Sonate de Ligeti et celle de Zimmerman, la Cadenza de Penderecki et bien d'autres encore

jeudi 12 mars 2009

Disparition du compositeur Henri Pousseur

On célébrait aujourd'hui à Liège les obsèques d'Henri Pousseur. Ce compositeur belge pas tellement connu en France a notamment fondé l'ensemble Musiques nouvelles et dirigé le conservatoire de Liège jusqu'en 1994, et en a fait un des foyers importants de la musique contemporaine en Europe. Il a également beaucoup collaboré avec des écrivains comme Michel Butor, et laissé nombre d'écrits sur la musique. Comme plusieurs compositeurs de sa génération, il a commencé avec le sérialisme pur et dur dans les années 1950 avant de se libérer de ce qui était devenu un carcan au début des années 1960. Il a continué à écrire jusqu'en 2004. Le journal La Meuse lui rendait hommage comme « sans conteste l’un des quatre compositeurs les plus marquants de la musique du XXe siècle » (mais au fait, qui sont les trois autres ?). Le philarmonique de Liège, qui devait célébrer le 19 mars prochain les 80 bougies d'Henri Pousseur, le fera à titre d'hommage posthume.

On trouve quelques extraits de sa musique sur Youtube, dont un solo pour Arpeggione (mais si, cette viole de gambe à 6 cordes accordée comme une guitare et pour laquelle Schubert avait écrit sa célèbre sonate en la mineur): Il y a aussi ce morceau étonnant dont le style évolue insensiblement de celui de Mozart à celui de Boulez (en passant par Beethoven, Schumann, Wagner, etc) en moins de 5 minutes:

vendredi 27 février 2009

Concert-portrait de Karim Haddad par l'Itinéraire

L'Itinéraire propose un concert-portrait de Karim Haddad le Mardi 10 mars 2009 à 19h30 à l'Auditorium Saint-Germain (4 rue Félibien – 75006 Paris).
  • No one to speak their names (now that they are gone) 2 clarinettes basses, trio à cordes et bande
  • Something always remains Flûte, 2 violons et grosse caisse …
  • Wo wollen wir bleiben ?... (Création mondiale) (In memoriam Mahmoud Darwich) Quintette à cordes
  • … And I have tried to keep them from falling. Trio à cordes
  • Menons Klagen unm Diotima Bande et vidéo
Je n'ai jamais entendu la musique de Karim Haddad (c'est le compositeur du jour). A en juger par l'extrait de la partition de Something always remains c'est un adepte des notations rythmiques complexes comme Brian Ferneyhough ou Brice Pauset. Il y a également des extraits en mp3 sur son site, qu'on peut écouter même si ça n'est pas la meilleure façon de découvrir un compositeur (surtout un compositeur contemporain).

dimanche 22 février 2009

Un secret de polichinelle

Tous les altistes connaissent ces deux concertos, car ils ont à un moment ou un autre de leur scolarité eu à les travailler. Celui de Jean-Chrétien Bach et celui de Haendel. Des classiques. Des valeurs sûres.

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lundi 16 février 2009

Le compositeur du jour: Paul Ben Haïm

Si grande est mon inculture que chaque jour ou presque, je découvre un nouveau compositeur. Aujourd'hui c'est Paul Ben Haïm dont je découvre à la radio la Sonate pour violon seul en sol mineur, superbement jouée par Zino Francescati. C'est de toute beauté, et la synthèse qui est opérée entre musique occidentale savante et musique traditionnelle du proche-orient (et d'Israël en particulier) n'est pas sans évoquer Esnst Bloch (né en Suisse et vivant aux Etats-Unis, mais qui s'est beaucoup inspiré du folklore juif). Né en 1897 en Allemagne où il a étudié la musique puis travaillé à Munich, élève de Walter et Knappertbusch, chassé en 1933 par les Nazis, il a rejoint la Palestine. Il a notamment développé un système de notation pour la musique traditionnelle du proche-orient, et occupé une place éminente dans la vie musicale d'Israël dont il est le grand musicien national, à l'instar de Sibelius pour la Finlande.

Au rayon disque de la KeFNA, pas des tonnes de Ben HaÏm: on a plusieurs versions de la Sonate pour violon seul, de la musique de chambre (flûte, alto, harpe), un concerto pour piano. Tout ça n'est pas des plus moderne, mais vraiment de bonne facture et très inspiré.

jeudi 5 février 2009

Concert-portrait de Guy Sacre à l'ENS le 9 février 2009

Le Département Histoire et Théorie des Arts de l'Ecole Normale Supérieure* organise un concert-portrait du compositeur Guy Sacre. Ce récital aura lieu à l'ENS (45, rue d'Ulm 75005 Paris) le lundi 9 février, en salle des Actes, à 21h - entrée libre dans la mesure des places disponibles.

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samedi 1 novembre 2008

Jolivet et Chausson par Isabelle Faust

A la mort d'André Jolivet, en 1974, Pierre Boulez, aimable comme à son habitude, avait prédit que 15 ans plus tard, plus personne ne jouerait sa musique. C'est raté. Si elle ne connaît pas le même succès que celle de Messiaen, sa musique commence à intéresser une nouvelle génération d'interprètes, qui n'ont pas connu le compositeur français, élève de Varèse, co-fondateur avec Daniel-Lesur et Messiaen du groupe "Jeune France" dans les années 1930.

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jeudi 30 octobre 2008

La petite renarde est décidément très rusée

Après la Scala de MIlan et le Met de New York, qui ont tenté la redirection en direct dans les salles de cinéma, après le festival de Bayreuth qui vendit des retransmissions en vidéo sur internet au prix de l'or (45 euros), l'Opéra de Paris tente à son tour de diffuser une de ses productions, La petite renarde rusée du génialissime Janáček, dans une mise en scène d'André Engel qui exploite les thèmes du printemps et de l'amour, et a l'air nettement plus roborative que ce qui est à la mode en ce moment (c'est à dire du glauque, du glauque et encore du glauque).

petite-renarde-rusee.jpg

C'est donc mardi 4 novembre que ceux d'entre nous qui n'ont pas la chance d'habiter en région parisienne, d'avoir la soirée de libre et 130 euros à mettre dans une place au premier balcon pourront regarder et écouter l'opéra sur Internet, soit en direct soit en différé. Et c'est gratuit (disons plutôt: payé par nos impôts, ce qui sera plus exact). Ceux qui n'ont pas le haut débit pourront tenter la radio (retransmission sur France Musique) et la télé (sur France 2 en 2009).

On ne peut que saluer et même féliciter chaleureusement cette initiative, même si la piètre qualité du son et de l'image disponibles en VOD aujourd'hui (et je ne parle même pas de la qualité des haut-parleurs dont la plupart des ordinateurs sont munis) risque de limiter fortement le plaisir des cyber-spectateurs, comparé à celui des petits veinards qui ont de vraies places. Un conseil au passage pour ceux qui écouteraient de la musique sur l'ordinateur: un très très bon casque audio coûte beaucoup beaucoup moins cher qu'un très bon ensemble ampli-enceintes.

mardi 28 octobre 2008

Récital Clara Schumann

Voilà qui devrait faire plaisir notre voisin des Carnets sur Sol, dont c'est une des marottes: un récital entier dédié à Clara Wieck-Schumann, mardi 4 novembre à l'Archipel (Paris);

En août 2008, Orianne Moretti crée à Lumio au sein du Festival les Rencontres Musicales de Calenzana, son spectacle A travers Clara… Lle destin tragique de Robert Schumann à travers la musique de sa femme, Clara, une correspondance musicale et littéraire, dans lequel elle interprète, à travers la lecture de lettres et de lieder, Clara Schumann.

samedi 18 octobre 2008

Ernest Chausson, par Jean Gallois

Comment remplir 600 pages avec la vie et l'oeuvre d'Ernest Chausson ? L'auteur du Poème pour violon et orchestre et du Roi Artus n'a en effet laissé qu'une cinquantaine d'opus. Il faut dire que venu tardivement à la musique et décédé à 44 ans, il n'aura été compositeur qu'une quinzaine d'années. Le plus doué des élèves de César Franck, s'il n'a pas écrit autant que Beethoven ou Schubert, tant s'en faut, nous laisse plus d'un chef-d'oeuvre, dans tous les genres: musique de chambre, mélodie, orchestre, opéra.

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lundi 22 septembre 2008

Mauricio Kagel tire sa révérence

On commence à voir ça et là dans la blogosphère et les sites de nouvelles des hommages à Mauricio Kagel, disparu il y a quelques jours. Par exemple sur musicareaction. De par mon ignorance je ne suis pas très bien placé pour ajouter ma voix aux concert. J'avais bien écouté Unguis Incarnatus Est ((Et l'ongle s'est incarné, titre qui parodie un article du Credo de l'église catholique, Et Incarnatus Est qu'on trouve beaucoup dans la musique religieuse) pour violoncelle et piano il y a quelques années, et trouvé ça drôle mais pas impérissable. Le cri que doivent pousser les instrumentistes à la fin de la pièce est toujours amusant en concert, mais sans plus. De même pour la Passion selon Saint Bach, entendue au disque, et vite oubliée, il faut bien l'avouer.

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vendredi 19 septembre 2008

L'erreur de Schönberg

En lisant des écrits sur Arnold Schönberg, comme l'essai de Charles Rosen ou encore l'introduction des Carnets sur Sol, en ré-écoutant certaines oeuvres comme le concert pour violon, le Pierrot lunaire, les pièces pour orchestre, il m'est venu cette question: pourquoi Schönberg s'est-il trompé ?

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samedi 13 septembre 2008

a cheery little song...

Connaissez-vous Qigang Chen ? ce musicien chinois, élève de Messiaen (entre autres) qui vit désormais en France et a même la nationalité française a été chargé par le comité olympique de superviser la musique de la cérémonie officielle d'ouverture des jeux de Pékin 2008.

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samedi 30 août 2008

Composer, ça n'est pas un métier...

J'en parlais l'autre jour avec Kristof Maratka, compositeur franco-tchèque. Composer, ça n'est pas un métier, me dit-il. Qu'est-ce donc ? Un hobby, une névrose, un passe-temps ? Rien de tout ça. Ecrire est {{une nécessité}. Si on peut gagner des sous avec, alors tant mieux, mais quoi qu'il arrive, on continuera à écrire de la musique. D'où vient cette impérieuse nécessité ? Nul ne saurait le dire, et surtout pas ceux qui la ressentent ou la subissent au point d'avoir organisé leur vie autour de la composition.

Kristof Maratka

Si vous ne connaissez pas ce compositeur, il existe un disque Arion avec son concerto pour clarinette et son concerto pour alto, enregistré par Michel Lethiec et Karine Lethiec avec le Talich chamber orchestra.

samedi 7 juin 2008

Dix questions à Alexandre Benéteau

Le compositeur Alexandre Benéteau, dont l'orchestre Ut Cinquième jouera dans trois semaines deux mouvements symphoniques, a bien voulu répondre à quelques questions.

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lundi 26 mai 2008

Messiaen par Nigel Simeone et Peter Hill

Les livres sur Messiaen se classent en trois groupes:

  • ceux écrits par Messiaen lui-même, comme Technique de mon langage musical et le monumental Traité d'Ornithologie et de Composition en sept volumes. Ces ouvrages s'adressent avant tout aux compositeurs, musicologues et interprètes.
  • les livres d'entretiens réalisés de son vivant (comme celui qu'a réalisé son ami Claude Samuel en 1967)
  • enfin, les livres posthumes (comme Permanences d'Olivier Messiaen: Dialogues et commentaires publié par Claude Samuel en 1999)

La biographie publiée par Nigel Simeone et Peter Hill chez Fayard entre dans la troisième catégorie.

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lundi 5 mai 2008

Dusapin pour les nuls

Le collège de France a mis en ligne les vidéos d'une série de conférences prononcées lors de l'année 2006-2007 par Pascal Dusapin. J'ai testé pour vous le cours sur "Décomposer / recomposer".

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Philippe Rombi (auteur de la musique de ``Bienvenue chez les Ch'tis'') sur Radio classique

A écouter sur le site de Radio Classique: un long entretien de Philippe Rombi pour l'émission "Les Lycéens font leur cinéma".

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lundi 28 mai 2007

Quel est votre compositeur vivant préféré ?

C'est une question que j'aime poser à mes camarades (musiciens amateurs pour la plupart): quel est votre compositeur vivant préféré ? Non celui qui est le meilleur au sens musicologique, mais celui que vous préférez personnellement ? Celui que vous aimez, en somme ?

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