Disparition du compositeur Henri Pousseur
Par Patrick Loiseleur le jeudi 12 mars 2009, 22:45 - Général - Lien permanent
On célébrait aujourd'hui à Liège les obsèques d'Henri Pousseur. Ce compositeur belge pas tellement connu en France a notamment fondé l'ensemble Musiques nouvelles et dirigé le conservatoire de Liège jusqu'en 1994, et en a fait un des foyers importants de la musique contemporaine en Europe. Il a également beaucoup collaboré avec des écrivains comme Michel Butor, et laissé nombre d'écrits sur la musique. Comme plusieurs compositeurs de sa génération, il a commencé avec le sérialisme pur et dur dans les années 1950 avant de se libérer de ce qui était devenu un carcan au début des années 1960. Il a continué à écrire jusqu'en 2004. Le journal La Meuse lui rendait hommage comme « sans conteste l’un des quatre compositeurs les plus marquants de la musique du XXe siècle » (mais au fait, qui sont les trois autres ?). Le philarmonique de Liège, qui devait célébrer le 19 mars prochain les 80 bougies d'Henri Pousseur, le fera à titre d'hommage posthume.
On trouve quelques extraits de sa musique sur Youtube, dont un solo pour Arpeggione (mais si, cette viole de gambe à 6 cordes accordée comme une guitare et pour laquelle Schubert avait écrit sa célèbre sonate en la mineur):
Commentaires
**** « sans conteste l’un des quatre compositeurs les plus marquants de la musique du XXe siècle »
(mais au fait, qui sont les trois autres ?). ****
Facile !
Franz Schreker, Jean Cras et Jean-Michel Damase, pourquoi ?
A moins que ce ne soient des seconds couteaux comme Debussy, Richard Strauss et Stravinsky.
[Un mot sur l'arpeggionne : la facture ne fait pas intervenir la viole, même si le son s'en rapproche, surtout sans vibrato. C'est véritablement un hybride entre la guitare pour l'accord et une caisse de violoncelle. Je ne sais pas si c'est lié au manque d'habitude des interprètes qui ne doivent pas vivre que d'arpeggione et d'eau fraîche, mais c'est quand même très vilain comme son.]
Bien, sinon, Pousseur, ça ne casse tout de même pas deux pattes à un mouton. Beaucoup de bricolage, on a vraiment et sincèrement, sans mauvais esprit, du mal à dessiner les frontières de la musique chez lui. J'ai attendu longtemps avant de comprendre que son Elektra ne commencerait jamais. :-)
Et c'est un thuriféraire de Jean Barraqué qui dit ça...
Ce qui est sûr c'est qu'un violoncelle c'est trop gros pour jouer la sonate Arpeggione de Schubert et un alto c'est trop petit...
Henri Pousseur est surtout un grand pédagogue et un excellent essayiste. Son analyse de la première Lachrimae de Dowland (Musiques croisées, chez L'Harmattan) est un véritable joyau. Et ses textes sur Webern sont parmi les rares textes de musicologie disponibles en français disséquant avec intelligence la "grammaire" du premier Webern (Ecrits théoriques, chez Mardaga).
Sa théorie des "réseaux" est aussi particulièrement féconde pour toute personne pratiquant la composition.
Merci pour toutes ces références, j'essaierai de les consulter, on doit les trouver au minimum à la bibliothèque du conservatoire de Liège...