Les orchestres français sont-ils mauvais ?

Pour saluer l'initiative Orchestres en fête !, qui propose des concerts mais aussi des répétitions publiques, des visites guidées des coulisses, le Monde n'a rien trouvé de mieux que de produire un article de Marie-Aude Roux titré Pourquoi les orchestres français restent aux portes de l'élite mondiale.

On y apprend qu'aucun orchestre français ne figure dans les dix meilleurs mondiaux, sans que naturellement les critères pour l'établissement des cette liste des dix meilleurs mondiaux soient précisés. On y passe en revue tous les préjugés habituels: les musiciens d'orchestre français auraient un bon niveau mais seraient contestataires et revendicatifs, leur formation tend à en faire des solistes et non des musiciens d'orchestre, sans oublier Pierre Boulez qui regrette l'identification totale d'un orchestre avec son chef, comme Georg Solti et l'Orchestre de Chicago, celui de Cleveland du temps de Dohnanyi, sans parler de George Szell. Là, c'était vraiment l'identification totale. (Et l'identification de Boulez avec l'Inter-contemorain ? Devinez d'ailleurs ce qui figure au programme de l'Intercontemporain, qui participe à Orchestre en fête, le 19 Novembre et le 21 novembre à l'Auditorium du Louvre: Boulez, Boulez, et encore Boulez. Qui l'aurait cru, vraiment ?)

orchestres_en_fete.jpg Est-il vraiment nécessaire de cracher ainsi dans la soupe ? Dans toute l'Europe, si l'on compare le niveau des orchestres aujourd'hui à celui des années 1950 (qu'on peut apprécier sur les enregistrement live) on ne peut être frappé de la progression. Ce qui était autrefois l'apanage de quelques grandes phalanges: la précision, la virtuosité, la justesse, la rondeur de son des cordes et des cuivres, l'engagement des musiciens, est aujourd'hui le lot de presque tous les orchestres professionnels. Certes, plus l'on monte vers les sommets de la perfection, plus l'air se raréfie, mais le moins qu'on puisse dire, pour continuer l'analogie c'est que les alpinistes des orchestres aujourd'hui sont mieux équipés et entraînés que leurs aînés.

Aussi, cessons de bouder notre plaisir. et de dresser des classements absurdes comme celui des dix meilleurs orchestres mondiaux. Et fêtons dignement les orchestres français et (ou devrait-on dire: européens) qui nous ont donné dans de si beaux moments à partager.

A voir aussi: le reportage du journal télévisé de France 2 (avec Jean-Claude Casadesus)

Commentaires

1. Le mercredi 19 novembre 2008, 15:04 par DavidLeMarrec

Tout à fait, le niveau a incomparablement monté.

Après, il est vrai que les meilleurs orchestres se trouvent plutôt au Nord de l'Europe et en Europe centrale.

Et qu'en France, certains orchestres ont des moeurs paresseuses ou très mauvais caractère, ce n'est pas un mythe.

2. Le jeudi 11 décembre 2008, 17:48 par Tomasiller

Evidemment que les orchestres français sont mauvais, c'est triste à dire mais c'est vrai!!
Il n'y en a pas un seul qui ait une tradition, une identité propre et qui soit reconnaissable entre 10, chaque musicien joue pour sa poire en croyant qu'il est le meilleur...
Le pire c'est qu'il n'y a aucune de perspective d'amélioration par rapport aux orchestres comme Vienne, Berlin ou Amsterdam qui recrutent les meilleurs musiciens tout en prenant soin de conserver et de faire évoluer leur identité propre!!

3. Le mardi 6 janvier 2009, 20:25 par klari

"Après, il est vrai que les meilleurs orchestres se trouvent plutôt au Nord de l'Europe et en Europe centrale."

Je dirais même plus, en Hongrie ! A Budapest !