Stradivarius: Claudia Fritz persiste et signe

Il y a deux ans nous avions déjà parlé d'une étude scientifique menée par l'équipe de Claudia Fritz de l'université Paris VI qui tendait à montrer que les violonistes ont du mal à distinguer entre un beau violon ancien (un Stradivarius par exemple) ou un beau violon moderne. C'était un joli pavé dans la mare ! Un peu comme les amateurs de vin, les musiciens auraient-ils tendance à juger l'étiquette plutôt que le breuvage ?

Une deuxième étude a été menée, en tentant de répondre aux critiques méthodologiques adressées à la première. Notamment en faisant appel à des concertistes plutôt qu'à des violonistes ordinaires. Le résultat semble confirmer celui de la première étude, à savoir que la lutherie contemporaine produit de très beaux violons, que les meilleurs violonistes ont du mal à distinguer des célébrissimes instruments issue de l'école de Crémone. C'est plutôt une bonne nouvelle ! Cela ne mettra nullement fin à la bulle spéculative sur les violons anciens: les violons signés Stradivarius sont comme les tableaux signés Van Gogh: indépendamment même de leurs qualités individuelles, la signature est prestigieuse, la demande quasi illimitée et l'offre limitée, et les conditions sont donc réunies pour que les prix atteignent des hauteurs stratosphériques. Mais cela signifie qu'il n'est pas nécessaire d'être multi-millionnaire pour jouer un bel instrument. C'est un bel hommage rendu aux luthiers d'aujourd'hui, et si cela remet un peu en cause le mythe des Stradivarius à la qualité insurpassable et quasi surnaturelle, cela n'enlève rien à la pureté du son ni au plaisir de l'auditoire. Cessons donc de regarder l'étiquette et ouvrons simplement les oreilles...