Reger: trois suites pour alto seul

Ce billet est le premier d'une série que je vais consacrer au répertoire pour alto seul du XXè siècle. Comme chacun le sait, cet instrument que Mozart ou Beethoven affectionnaient a été longtemps le parent pauvre du violon, et il n'a trouvé sa véritable personnalité qu'au XXè siècle, autant grâce à des interprètes remarquables que par l'intérêt nouveau que lui ont porté les compositeurs.

Max Reger, compositeur prolifique, appartient à la grande tradition allemande et à la dernière génération des romantiques - celle de Richard Strauss, Gustav Mahler, Franz Schmidt.

En 1914-1915, il entreprit une série de suites pour violon seul, alto seul et violoncelle seul. Tournant délibérément le dos au post-romantisme et à l'impressionisme (qu'il a pourtant lui-même pratiqué dans ses oeuvres pour orchestre), il vise dans ces oeuvres la simplicité et l'expressivité. Formellement, ces oeuvres suivent le modèle des suites et partitas de Bach, mais le style, l'usage du chromatisme les rattachent clairement à leur époque.

Ces suites sont assez faciles à trouver au disque. Ma version préférée est celle de Nobuko Imaï chez BIS, dont j'aime la clarté, l'élégance et la beauté du timbre. Ecoutons par exemple le début du premier mouvement de la suite n°1 en sol mineur:

ou encore le finale de cette même suite:

Sur le même disque on trouve une Romance et une Sonate pour alto et piano (avec Ronald Brautigam) qui regarde davantage du côté du romantisme, aux harmonies post-franckistes très raffinées. Un disque tout à fait écoutable en somme.

Prochaine étape de mon parcours: la suite pour alto seul d'Adolf Bush