Hindemith: sonate pour alto seul op 25 no 1
Par Patrick Loiseleur le samedi 10 novembre 2007, 21:54 - Répertoire - Lien permanent
Après la suite d'Adolf Busch, voici une autre étape du parcours que je vous propose dans la musique pour alto seul au XXè siècle.
Paul Hindemith a écrit pas moins de 4 sonates pour alto seul. La première (Op. 11 No 5) date de 1919 et peut être qualifiée de post-romantique. C'est de la deuxième (Op 25 No 1) que je vais vous parler. Ecrite seulement trois ans plus tard, en 1922, elle marque un jalon essentiel et le début d'une seconde période créatrice, moins romantique, plus personnelle, plus expérimentale et formaliste aussi.
Dès le début, on est frappé par les sonorités acides et les contours acérés d'une suite d'accords qui n'a rien de tonal:
Cette oeuvre comporte cinq mouvements. Celui qui est resté célèbre dure à peine plus d'une minute. Il porte l'indication Rapide et Sauvage. La beauté du son est sans importance
:
Virtuosité extrême, rythmes irréguliers, dissonances: tous les éléments de la musique du XXè siècle sont présents. Après une telle explosion émotionnelle, c'est un mouvement indiqué Langsam, mit Vielen ausdruck
(lentement, très expressif) qui apporte non la consolation, mais une sorte de tristesse résignée:
(Les extraits sonores sont tirés de la version de Kim Kashkashian - voir ci-dessous)
Pour écouter cette sonate, plusieurs version sont disponibles:
- une de Paul Hindemith lui-même, enregistrée aux Etats-Unis à la fin des années 1930, un document historique précieux et émouvant, toujours édité par EMI dans la série
Composers in person
- une de Kim Kashkashian, une altiste Américaine qui a enregistré en 1988 pour ECM l'intégrale des sonates pour alto seul et pour alto et piano (avec Robert Levin)
Disons-le sans détours: j'aime l'alto de Kim Kashkashian, ses sonorités rugueuses et parfois rageuses, ses embardées, ses caresses... l'ensemble du cycle est remarquable de virtuosité et d'intelligence, et les contrastes, voire les contradictions de l'oeuvre d'Hindemith sont magnifiquement mis en valeur.
Signalons que ce double disque (qu'on trouve chez Fnac ou Amazon à 30 euros) est également disponible en téléchargement (à 10 euros).
- une version de Bruno Pasquier (sur un disque Saphir produit avec Christian Ivaldi au piano, avec la sonate de Chostakovich et le Concertstück d'Enesco), elle aussi dispnonible en téléchargement.
- enfin une version de Gérard Caussé, qui est vraiment très bien, un disque dont j'ai déja parlé. L'émotion qui se dégage de chaque note est palpable: un ami m'a parlé de cette enregistrement comme
cinématographique
, avec une série de plans bien différenciés.
Prochain billet: l'élégie pour alto seul de Stravinsky