Valeri Gerguiev en concert à Tskhinvali

Lu dans Le Monde ou encore (en anglais) dans le Times ou le Telegraph: un concert très remarqué de Valeri Gerguiev, chef russe d'origine ossète, actuellement directeur du London Symphony Orchestra, retransmis à la télévision. Au programme: musique russe bien sûr, avec Tchaïkovski (symphonie numéro 6 Pathétique) et Chostakovitch (symphonie numéro 7 Leningrad).

Si l'archet du violoniste ou la baguette d'un chef n'ont jamais tué qui que ce soit, la musique, par sa capacité à rassembler un public, à communiquer des émotions d'une manière immédiate et puissante, à véhiculer une culture et parfois des symboles, est un instrument de propagande politique idéal. Et lorsque le concert est retransmis à la télévision, les images plus encore que la musique véhiculent un message, en l'occurence l'image de bâtiments officiels endommagés par les bombardements géorgiens. Songeons à la force des symboles, comme celui de Msistlav Rostropovitch, apatride, banni d'URSS, jouant en 1991 du violoncelle devant le mur de Berlin qui venait de tomber.

Kamantcha Alors que des chefs comme Barenboïm, avec un courage et une ténacité admirables, ont fait de la paix et l'entente entre les peuples leur combat, Gerguiev prend résolument parti dans ce conflit pour l'Ossétie, sa patrie. Je ne saurais ni critiquer ni approuver ce choix, tout en constatant que la version qu'on nous sert au 13 heures de TF1, présentant les Géorgiens comme victimes de l'ogre russe, est sans doute trop simplette, et que sauf erreur de ma part c'est la Géorgie qui a déclenché le conflit. Fort heureusement le chiffre de 2000 victimes annoncé par le chef russe semble exagéré, comme c'est souvent le cas en période de conflit: les estimations dont on dispose seraient entre 100 et 200 côté ossète, et autant du côté géorgien, à prendre avec les précautions d'usage.

L'évolution de la situation sur le terrain est encore tout à fait incertaine au moment où j'écris ces lignes, et l'évolution politique est plus incertaine encore, mais on ne peut que souhaiter que le chant discret du Kamantché (sorte de vielle à trois ou quatre cordes qu'on trouve dans tous le Caucase) remplace le son du canon, et que la musique reprenne tous ses droits, non comme simple support d'une cause politique, mais comme ce qu'elle a toujours été: un art pacifique entre tous, d'une portée universelle.

Commentaires

1. Le mardi 26 août 2008, 10:31 par klari

C'est toujours un peu simpliste en effet les raisonnements "les russes sont méchants, les ossètes sont sympas"..

(mais c'est qui, déjà, le lascar qui s'était enfoncé sa baguette dans le pied, et était mort des conséquences d'une infection?)

2. Le mardi 26 août 2008, 12:43 par Papageno

Le lascar était Jean-Baptiste Lully, secrétaire du roi et chargé de l'Académie royale de musique. Il ne s'agissait pas d'une baguette légère comme celles d'aujourd'hui, mais d'un lourd bâton en fer qu'on frappait sur le sol pour remettre musiciens et danseurs dans le rythme...

3. Le jeudi 28 août 2008, 14:14 par klari

Ah oui! zut.

(je tiens à signaler que le lancer de baguettes - certains chefs raffolent de cette activité, peut être très dangereux)