Un dimanche en musique

Ouï dimanche dernier salle Cortot, un charmant concert de musique de chambre en matinée (à 11 heures) proposé par l'association Musique pour Tous, petit groupe de musiciens réunis autour de l'altiste Pierre-Henri Xuereb.

Nous entendons d'abord le trio pour flûte, alto et violoncelle d'Albert Roussel, oeuvre de maturité où les trois voix s'épanouissent dans une libre polyphonie. Puis une fort belle pièce pour flûte de seule de Dang Wang. Ensuite le lamento de Frank Bridge pour deux altos, dont la richesse sonore évoque davantage un quatuor à cordes qu'un duo. Pour terminer le superbe quatuor de Schumann, dont je ne peux pas ré-entendre le mouvement lent sans me mettre à pleurer. Je ne saurais expliquer pourquoi: je connais fort bien ce quatuor que j'ai jouée avec des amis et étudié en cours d'analyse. Mais la magie agit toujours: dès les premières notes de cette sublime phrase de violoncelle, je largue les amarres, et j'embarque pour un océan de mélancolie plus douce que la joie. Ce fut vraiment un moment très délectable dans une salle qui convient tellement bien à la musique de chambre que les billets devraient être remboursés par la Sécu (ça coûterait infiniment moins cher que les cures thermales, et l'effet positif sur la santé mentale est bien plus certain).

L'après-midi, en l'église Sainte Jeanne de Chantal, autre concert dans un style très différent: le choeur de femmes accompagné à l'orche. Au programme: motets de Mendelssohn, Liszt, Reger et Brahms, agrémentés de quelques pièces d'orgue, et l'Ave Verum de Mozart en guise de cerise sur le gâteau. Nos lecteurs qui sont tellement cultivés savent fort bien que Essenti'Elles ne désigne pas une nouvelle ligne de cosmétiques bio mais un ensemble vocal dirigé par Sabine Revault d'Allonnes. Ces jeunes femmes conjuguent une grâce et une élégance très parisiennes avec une rigueur toute germanique dans la préparation et l'exécution du programme, pour notre plus grand bonheur.

Paris n'offre pas que des hivers pluvieux, gris et tristes. Il nous offre aussi de singulières douceurs parfois.