Concert Bacri à la maison de la radio le 27 avril

La maison de la radio propose un concert symphonique en forme de portrait de Nicolas Bacri le 27 avril prochain, avec l'orchestre philharmonique de Radio France dirigé par Elena Schwartz, et les pianistes Eliane Reyes et Jean-Claude Van den Eyden.

Voici comment le compositeur français présente lui-même ce programme:

Ce concert vous donnera l'occasion d'entendre quatre oeuvres écrites entre 1984 et 2015 c'est à dire sur trente années de travail. C'est dire qu'il y aura une oeuvre qui ressort de la modernité orthodoxe avec ma première symphonie dédiée à Elliott Carter jusqu'au romantisme intemporel de ma Cantate No. 7 en passant par une Symphonie concertante pour deux pianos et cordes qui frôle l'esthétique postmoderne et ma Symphonie No. 5, oeuvre la plus typique de son auteur dans ce concert.

Un peu comme Philippe Hersant, qui est de la même génération, Nicolas Bacri a appris le style sériel pur et dur au Conservatoire de Paris dans les années 1980, puis il a été amené à chercher d'autres voies que cette "modernité orthodoxe", qui fut révolutionnaire dans les années 1950 et qui trente ans plus tard était déjà une sorte de nouvel académisme dont il était fort malvenu de s'écarter si l'on voulait gagner des concours et avoir des commandes publiques. Il lui fallut donc un certain courage pour s'écarter d'un style qu'il ne connaissait que trop bien pour l'avoir pratiqué pendant des années, et qui ne correspondait plus à sa sensibilité. Pour autant, Nicolas Bacri n'a pas renié ces oeuvres de jeunesse qui font partie d'un tout. La première symphonie notamment divise l'orchestre en plusieurs groupes pour spatialiser le son: je me demande bien comment la maison de la radio va pouvoir arranger le plateau de son grand Auditorium pour réaliser une telle chose. La plupart des oeuvres spatialisées se sont heurtées à la même difficulté: il n'existe que très peu de salles de concert réellement modulables où l'on pourrait placer les musiciens où l'on veut.

Les vrais musiciens et mélomanes le savent bien, au milieu de l'éternelle guerre des anciens et des modernes, seule la qualité prime en fin de compte. C'est bien pour cela qu'on écoute autant la musique de Liszt l'audacieux que celle de Brahms le conservateur de nos jours. C'est également pourquoi certains compositeurs, et non des moindres, ont été classés dans l'avant-garde avant d'évoluer non vers la tradition, mais vers un autre rapport moins conflictuel à la tradition (Strawinsky, Hindemith, Penderecki par exemple). Et les qualités d'écriture de Nicolas Bacri ne sont plus à démontrer, tant il est reconnu par la critique et le public de nos jours. Nous invitons donc celles de nos lectrices qui se seraient un jour posé la question: "y a-t-il une musique après la musique contemporaine ?" à venir en juger elles-mêmes à la maison de la Radio le 17 avril prochain.