Marlène Schiappa nommée directrice de l’opéra de Paris

Alors que certaines voix s’élevaient pour dénoncer une short-list exclusivement masculine pour remplacer Stéphane Lissner à la tête de l’opéra national de Paris, le Ministère de la Culture a surpris tout le monde en annonçant la nomination de Marlène Schiappa à la tête de cette prestigieuse maison. Elle deviendra ainsi la toute première directrice depuis 1669. 

Marlène Schiappa cumulera cette responsabilité avec ses autres fonctions officielles (secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes et de lutte contre les discriminations, cireuse de chaussures de la Première Dame, squatteuse de plateaux télé, pourfendeuse de fake news, écrivaine). Elle a déclaré qu’elle adore l’opéra et le ballet depuis qu’elle avait vu le Lac des Cygnes au Palais des Congrès avec sa maman quand elle avait 14 ans. Elle n’y est pas retournée depuis, diront certaines mauvaises langues probablement mal informées.

« troller la culture bourgeoise et patriarcale »

Avec le langage direct qui la caractérise (on n’oserait dire « franc parler » dans le cas d’une femme politique), l’ex blogueuse de Maman travaille déclaré vouloir « troller la culture bourgeoise et patriarcale pour mieux lutter contre l'homophobie et les stéréotypes de genre ». En dépit des apparences cela n’est pas pour déplaire aux catégories socio-professionnelles favorisées qui fréquentent l’opéra et n’aiment rien tant que venir voir des mises en scène vulgaires et incompréhensibles, pour mieux les critiquer à l’entracte en sirotant une coupe de champagne à 12€ . On annonce d’ailleurs que les donateurs de La République En Marche et les personnes possédant plus de 50.000€ en actions du CAC 40 auront des tarifs préférentiels sur les abonnements, afin de « soutenir les premiers de cordées qui créent de la croissance et l’emploi ».

Le pauvre Stéphane Lissner s’était fait piéger en 2014 par un journaliste demandant de reconnaître cinq extraits musicaux d’opéras célèbres. Il a obtenu le peu glorieux score de 1 sur 5. Les journalistes n’ont pas été aussi exigeants avec Marlène Schiappa, mais l’un d’entre eux lui a tout de même montré la photo d’un basson en lui demandant : « Vous savez ce que c’est ? » « - Mais pour qui me prenez vous ? Je ne suis pas une dinde, je sais reconnaître une clarinette tout de même » a sèchement répliqué la Secrétaire d’Etat. Le syndicat des Bassonistes en Colère n’a pas encore réagi à cette information, cependant que les soutiens de Marlène s’activent sur Twitter pour dénoncer les « Fake News » en affirmant qu’il s’agissait bien d’une photo de clarinette (de clarinette basse en l’occurrence : l'affaire est grave). Aux dernières nouvelles, le journaliste auteur de cette provocation aurait démissionné pour « raisons de santé », ses raisons de santé étant officiellement sans aucun rapport avec la visite des employés de « Benalla, Barboze & associés » à son domicile le soir de l’interview.

« L’opéra ce n’est pas que les classiques comme la Reine des Neiges »

Côté programmation, alors que les choix de Stéphane Lissner étaient d’un conservatisme désolant et d’une frilosité polaire, ceux de la future directrice Marlène Schiappa s’annoncent plus audacieux. « L’opéra ce n’est pas que les classiques comme la Reine des Neiges, la Traviata, ou Pocahontas. C’est aussi la création »a-t-elle déclaré sur France Inter.

Concrètement, il est question d’un opéra autobiographique La Prétentieuse avec une musique de David Guetta, mise en scène par Cyril Hanouna. Ce qui n’a pas manqué d’émouvoir des députés Insoumis qui dénoncent l’utilisation de l’argent public à des fin d’autopromotion.

On parle aussi d’un opéra La Pute Enchantée qui racontera les aventures d’une transsexuelle de 13 ans qui choisit de devenir « travailleuse du sexe » et se retrouve « confrontée à la violence des stéréotypes de genre et à la transphobie de la morale néo-puritaine ». Livret de Gabriel Matzneff (auteur de la tristement célèbre pétition « les enfants aussi ont droit au plaisir » en 1977). Mise en scène de Roman Polanski, musiques de Claude François et Woody Allen. Les personnes mises en cause pour atteinte sexuelle sur mineur de moins de 15 ans auront droit à une entrée à demi-tarif.

Pas question que la tradition, si présente dans le monde de l’opéra, fasse obstacle au vent de modernitude réformiste qui caractérise ce gouvernement. Soucieuse « d’introduire la performance dans la culture managériale de l'opéra » et d’en faire « un laboratoire de la transformation digitale », la secrétaire d’Etat a également annoncé le remplacement des altistes de l’orchestre (pauvre Pierre Lénert !) par des synthétiseurs, ainsi que l’introduction de robots sponsorisés par Amazon et Uber dans les corps de ballet.

« brûler les maisons d’opéra »

Interrogé depuis sa retraite d’outre-tombe par l’intermédiaire d’une voyante, le compositeur Pierre Boulez aurait déclaré : « J’avais dit dans les années 1970 qu’il fallait brûler les maisons d’opéra. Je me réjouis qu’il y ait enfin une vraie volonté politique en ce sens ».