Un fidèle lecteur de de Journal m'écrit et me demande si c'est une bêtise
de vouloir commencer le violon à 40 ans. La réponse est simple. Non ça n'est pas une bêtise du tout. Il faut faire ce qu'on aime. Et ça
n'est pas moi qui à 33 ans suis passé à mi-temps pour faire de l'alto et de la
composition qui vous dirai le contraire. Dans le pire des cas, en étant
pessimiste et en supposant ça ne marche pas du tout et qu'on abandonne après quelques années, l'apprentissage du violon aura été un
passe-temps comme un autre. Naturellement je dis cela en pensant à l'apprenti violoniste, pas à son entourage dont la digestion
post-prendiale du dimanche peut être sévèrement perturbée par des gammes, arpèges et autres exercices de torture de l'oreille... des autres !
Il y a en France un mythe tenace qui veut que le violon réclame une
discipline qui tient de l'ascèse et que si on n'a pas commencé à quatre
ans et demi et vécu dans le rythme quasi monacal des classes à horaires
aménagées quand on était gosse, on ne pourra jamais apprendre le violon. C'est un mythe. une pure idée reçue. Il y a des gens qui ont commencé le violon ou le violoncelle à l'âge
adulte et jouent très bien. J'en connais quelques-uns personnellement,
des pros et des amateurs.
L'isolement (et le découragement qui l'accompagne) est sans doute le pire danger
qui guette l'apprenti violoniste. C'est pour cette raison que beaucoup
de gens abandonnent le piano: ils en ont assez de jouer tout seuls et
d'avoir l'impression ne pas faire de progrès. Pour cette raison on peut
recommander à qui veut commencer le violon de suivre des cours en école de musique plutôt que des
leçons privées, et de faire de la musique d'ensemble (par exemple en
duo violon-guitare), du jazz ou de l'orchestre dès que possible. Également, dès
que possible, il faut chercher des occasions de se produire devant le public, ce qui est la raison d'être du musicien.
Terminons en conseillant la lecture du livre "le violon intérieur" de Dominique Hoppenot. Son enseignement qui prenait en compte le corps dans sa totalité
(et pas seulement les doigts) était assez révolutionnaire à l'époque,
mais beaucoup de professeurs intègrent maintenant ces notions à leur
enseignement.