Une création cette année à l'Opéra de Paris: Melancholia, de Georg Friedrich Haas

J'ai déjà pu m'exprimer dans ce journal à propos de la muséification des maisons d'Opéra, qui proposent beaucoup de nouvelles mises en scène et très peu de nouveaux opéras.

La vie littéraire est rythmée par la sortie des nouveautés, les romans de la rentrée, et les prix littéraires sont en général attribués aux écrivains vivants. Le cinéma ne vit que par les nouveautés de la semaine. La majorité des pièces de théâtre qu'on peut voir à Paris sont des pièces nouvelles ou récentes. Il n'y a vraiment que l'Opéra où la création est si peu présente. Imaginez une rentrée littéraire constituée uniquement par des rééditions de Balzac ou Flaubert ! Imaginez un théâtre limité à Molière et Racine (cela dit avec la Comédie Française on n'en est pas loin) ! Imaginez le multiplexe de Bercy ne diffusant que des films des années 30 ou 40 ! Imaginez tout ça et vous aurez une petite idée de l'Opéra aujourd'hui.

Peut-être que l'Opéra, après avoir connu ses heures de gloire au XVIIIè et XIXè siècles, est aujourd'hui un genre mourant. En tant que spectacle de chant populaire, il a été remplacé par les concerts de rock, soul, techno, rap ou ce que vous voulez. En tant qu'art total, il a été supplanté par les super-productions du cinéma hollywoodien comme Star Wars ou Le seigneur des Anneaux. Peut-être que les grands compositeurs d'Opéra de notre temps sont en fait John Williams et Howard Shore ?

Georg Friedrich Haas

Il semble pourtant que la bête bouge encore. Si l'on regarde attentivement le programme de la saison 2007-2008 de l'Opéra National de Paris, on y trouve une création parmi 22 spectacles: Melancholia par Georg Friedrich Haas programmée en juin 2008. Je ne connais pas l'oeuvre ni le style de ce compositeur, ce sera l'occasion de les découvrir.

Une remarque suffira à montre le mépris dans lequel la création musicale est tenue aujourd'hui. Le prix des places les plus chères pour Melancholia est à 80 euros, alors qu'il atteint 150 euros pour Les Capulets et les Montaigus (Bellini) par exemple. Comment dire au public de façon plus explicite que la musique d'aujourd'hui ne vaut rien ?

Commentaires

1. Le samedi 22 décembre 2007, 22:00 par cruise

'cela dit avec la comedie francaise on n'en est pas loin', j'ai du mal acomprendre, j'avoue :) en tout cas merci pour ceb billet interessant ! c'est toujours sympathique de paser sur c" blog :)

2. Le samedi 22 décembre 2007, 23:42 par Patrick

C'était pour dire que la comédie française joue essentiellement des pièces écrites il y a 100 ans ou plus. Des textes classiques, très bons en général, mais peu de textes récents ou contemporains. Allez voir le programme et jugez par vous-même:

www.comedie-francaise.fr/

3. Le samedi 7 juin 2008, 18:33 par AC

Les grands théâtres parisiens ont dans leurs statuts une mission.

Celle de la Comédie Française, c'est le répertoire. Pour les textes contemporains, c'est au Théâtre de la Colline qu'il faut aller.

4. Le samedi 7 juin 2008, 21:38 par Papageno

Certes, mais qu'est-ce que ça change que ça soit dans les statuts ?