Philippe Hersant: Pavane, pour alto seul (1987)

Voici pour continuer notre promenade dans les oeuvres contemporaine pour alto seul, après Gérard Grisey, Philippe Hersant et sa Pavane qui date de 1987.

A l'époque où Philippe Hersant a fait ses études, ce qui était expérimental, brûlant, passionnant dans les années 1930 ou 1950 était devenu matière dogmatique et scolaire: on apprenait aux jeunes compositeurs que la musique tonale était morte et que le sérialisme était la seule manière valable d'écrire de la musique. Cette Pavane représente une sorte de tournant pour Philippe Hersant, car c'est avec cette oeuvre qu'il a renoncé a l'écriture atonale exclusive, ou à la modernité trop évidente à l'oreille, vécues comme des contraintes étouffantes. Ou pour le dire autrement, qu'il a recherché l'expression personnelle plutôt que ce qu'on présentait comme la modernité, comprendre la seule modernité possible.

C'est également à cette époque qu'il a commencé à travailler à partir de citations, manière de relier la musique d'aujourd'hui à celle d'hier. La Pavane pour alto démarre avec quelque mesures d'une pièce pour viole de Thomas Hume, gambiste anglais du XVIe siècle. Pas besoin donc de développements théoriques ou d'explications techniques avant d'écouter cette Pavane. Il suffit d'ouvrir les oreilles ! De fait cette musique a une qualité, celle de laisser de la place à l'interprète pour s'exprimer. Dédiée à Gérard Caussé, qui a créé d'innombrables concertos et autres oeuvres pour alto. Elle est également disponible dans une belle version d'Arnaud Thorette sur un disque Musique à un, à deux, à trois dont j'ai déjà parlé.

Le prochain billet de cette série sera consacré à la double Chaconne de Brice Pauset (1991).

Commentaires

1. Le mardi 8 juillet 2008, 23:52 par [ Ben ]

En effet, très belle pièce, et très instructive et intéressante à l'étude et l'analyse !