Les Nuits d'été pour voix et trio avec piano
Par Patrick Loiseleur le mercredi 22 décembre 2010, 18:09 - Arrangements - Lien permanent
C'est sur une proposition du baryton L'Oiseleur des Longchamps que j'ai entrepris de réduire les Nuits d'été de Berlioz pour voix et trio avec piano (piano, violon, violoncelle). Une combinaison instrumentale infiniment plus riche que le piano seul tout en étant bien plus facile à réunir (et à faire jouer dans une petite salle) qu'un orchestre symphonique.
Le travail d'orchestration étant déjà fait - et très bien fait - par Berlioz lui-même, le défi était de conserver autant que possible les couleurs et les timbres avec des ressources instrumentale très réduites. Pour ne donner qu'un seul exemple, voici le début du Spectre de la Rose:
A cet endroit j'ai fait le choix de confier la mélodie au piano et l'accompagnement aux cordes. C'est l'inverse de ce que l'on fait d'habitude mais c'est également ce que fait Rachmaninoff par exemple dans le début de son Trio n°1 (oeuvre de jeunesse). Cela donne beaucoup de relief à la mélodie qui se grave ainsi dans l'oreille de l'auditeur et renforcera son plaisir lorsqu'elle sera reprise par la voix. Une autre question, un peu technique mais tout aussi importante, est celle des doublures: quand doit-on, quand peut-on doubler la voix par un instrument, ou confier la même phrase à deux instruments, à l'unisson ou à l'octave ? Là encore j'ai fait des choix, qu'il faudrait commenter quasiment mesure par mesure. En règle générale je n'ai pas hésité à utiliser des doublures car c'est un moyen d'enrichir la palette sonore mais aussi de donner une ampleur quasi-orchestrale à certain passages.
Les Nuits d'été sont fort heureusement assez connues, chantées et gravées au disque par d'excellents interprètes, et il n'est pas utile que j'en parle plus longuement ici. Sauf peut-être pour partager mon admiration fanatique du numéro 2, Le Spectre de la Rose. D'abord l'ironie et la tendresse du poème de Théophile Gautier, qui utilise un truchement (la rose) pour parler de désir charnel avec une légèreté et une délicatesse typiquement françaises. Ensuite l'extraordinaire musique de Berlioz: c'est une élégie sans la moindre trace de tristesse, la mort de cette rose n'étant que le prétexte à une berceuse galante et sensuellement rêveuse. Il existe de nombreuses interprétations féminines de cette chanson, que vous trouverez sur votre site préféré de vidéo ou de streaming, mais c'est tout de même le baryton José van Dam qui a ma préférence dans cette pièce (sans vouloir faire de la pub, l'album est disponible au téléchargement ici et ici).
La partition est disponible sur le site Tamino Productions, en PDF comme en version papier. D'autres partitions pour la même formation suivront très bientôt:
- la version soprano (ou ténor) des Nuits d'été
- un arrangement de ma Complainte du Roi Henri (sur un texte)
- une réduction des Chants du Tigre pour Baryton et orchestre, nouveau cycle dont seul le 1er mouvement est achevé.
Commentaires
Moi aussi j'aime bien le Spectre de la rose, avec accompagnement de piano naturellement ;-)
Avec orchestre ça n'est pas si mal non plus :D